Athlètes et vaccination : entre mésaventures et hésitations
Teddy Riner, légende du sport français s'il en est, a refusé de se prononcer sur la vaccination, évitant ainsi d'en devenir un ambassadeur, ou un détracteur. Suite à cela, nous nous sommes intéressés à cette catégorie bien spécifique de la population : les athlètes de haut niveau, et leurs mésaventures avec le programme vaccinal.
Dans un article publié il y a deux semaines, nous abordions la problématique des déboires physiques post-injection, que ce soit au niveau de douleurs, de problèmes de santé généraux, ou bien de baisse des performances. En point d’orgue, les problèmes physiques signalés après la deuxième piqûre, notamment pendant des efforts de haute intensité.
Par ailleurs, nous mentionnions aussi la pression, qu’elle soit d’ordre sociale, financière ou professionnelle, qui était infligée à ces sportifs. Cette décision n'est-elle pas, avant tout, d'ordre personnel ?
Tandis que les stratégies incitatives maintiennent le cap en Occident, souvent accompagnées par la coercition, il est intéressant de continuer à observer les athlètes, figures publiques souvent modèles de santé physique et mentale, porte-drapeaux internationaux. Aussi, nous revenons ici sur l'expérience de quelques-uns d'entre eux.
Antoine Méchin
Triathlète de haut niveau ayant plusieurs fois participé à l’Ironman de Nice, il est représentatif des quelques problèmes déjà constatés lors de notre précédent article. Moins performant après sa première injection Moderna, notamment à cause d'un manque de souffle, il effectue tout de même la deuxième injection le 16 août afin de pouvoir continuer à s’entraîner à la piscine. Les symptômes sont les mêmes et les spécialistes de la clinique du sport de Bordeaux soupçonnent fortement une embolie cardiaque. Un repos total lui est alors imposé, sans que soit communiquée sa date de reprise. Dire qu’il regrette sa vaccination est un euphémisme : si c'était à refaire, il ne se referait pas vacciner.
Jérémy Chardy
Côté tennis, nous n'avions en revanche constaté aucun signalement de mauvaise réaction au vaccin, seulement des prises de positions nettes ou réservées, que nous avions évoquées dans notre article.
Ce n’est malheureusement plus le cas. Il y a quelques jours, le joueur de tennis français Jérémy Chardy, annonce qu’il met un terme à sa saison, ou tout du moins qu’il la suspend pour une durée indéterminée. Au vu du peu de tournois qu’il reste cette année, le mot « terme » est très certainement le plus adapté.
Le 73ème mondial explique alors à l’AFP qu’il « enchaîne les galères, qu’il ne peut ni s’entraîner ni jouer, et ce depuis sa vaccination Pfizer » (qui a eu lieu entre les Jeux olympiques de Tokyo et l’US Open, soit entre le 9 août et le 30 août dernier). Il décrit les effets secondaires ressentis : « de violentes douleurs partout dans le corps dès qu’il fait un effort physique ». Par ailleurs, il ajoute également que cet arrêt brutal est « très frustrant » au vu de sa saison remarquable, avec un quart de finale aux Jeux olympiques à la clé. Il explique ensuite que les spécialistes ont finalement réussi à détecter la raison de ces effets indésirables, et qu’il doit maintenant se soigner et se reposer. Enfin, le tennisman conclut son annonce en disant qu’il « regrette » son « choix » au vu du peu de « recul » que nous avons, mais qu’il ne « pouvait pas savoir », tout en soulignant que c’est très difficile mentalement car la suite de sa carrière est inconnue.
En effet, en plus d’effets secondaires indésirables sérieux, nous parlons ici d’une personne dont l’effort physique est quotidien. Se pose alors la question de la pression qui s'exerce autour de ce vaccin. Pour satisfaire aux recommandations, qu’elles soient issues du gouvernement ou de l’ATP, ce joueur a plus ou moins subi cet acte. Si Chardy est un joueur plus que respectable, ayant fait ses preuves sur le circuit international, il est malgré tout loin de faire partie du gratin mondial. Une accession au troisième tour, ou une élimination au premier d’un Grand Chelem, est une différence significative pour lui, au regard de son « prize money » de la saison. Mettre un terme prématurément à cette dernière est donc un manque à gagner considérable, en sachant que les frais collatéraux restent à sa charge. De plus, il va avoir « 35 ans en février », il en est donc au crépuscule de sa vie sportive, et la durée de sa convalescence demeure inconnue. On peut donc parler, sur le plan individuel, d'une balance bénéfice-risque particulièrement défavorable.
Une pression politico-financière, avec Stéfanos Tsitsipás
Cette pression apposée sur les sportifs par les autorités étatiques est visible à travers le monde. Comme évoqué plus tôt avec Teddy Riner, en plus de demander aux athlètes de se soumettre à la vaccination, il leur est souvent demandé de se positionner et d’encourager le mouvement. Quid du secret médical ?
Le jeune Tsitsipás, star grecque du tennis d'à peine 23 ans, assurait plusieurs fois le fait « qu’il ne se vaccinerait pas sauf si l’ATP la rendait obligatoire ». Sa communication lui a valu de fortes critiques de la part du gouvernement grec, celui-ci estimant « qu’il n’a pas les compétences pour s’exprimer sur ce sujet et qu’un athlète de son rang se doit d’être précautionneux ». Tant et si bien que le 23 septembre dernier, le tennisman se rétracte et change d’avis, invoquant le fait « qu’il est meilleur joueur de tennis qu’expert médical ». Il se décide donc à franchir le pas et s’exécutera d’ici à la fin de l’année. Selon ses dires, cela lui permettra, en plus de jouer au tennis et de satisfaire son gouvernement, « d’aller aux restaurants et dans les boutiques ».
On ne peut que constater, à nouveau, couplée à une forte pression sociétale, une pression politico-financière (ATP + gouvernement). Ajouté à cela, le fait de devenir un symbole de la résistance pour le peuple grec, cela fait beaucoup à assumer pour un jeune homme de son âge qui a investi toute sa vie dans son sport.
Plus le sport génère des flux financiers importants, plus le climat autour de la « recommandation » vaccinale devient pesant. Pour exemple, l’une des entreprises sportives les plus lucratives, que ce soit pour les athlètes, les actionnaires ou les sponsors, est la ligue américaine de basketball, la « National Basketball Association », plus communément appelée NBA. Durant le premier épisode épidémique, en 2020, le manque à gagner potentiel est tel que les propriétaires de la ligue et des franchises acceptent de finir la saison dans une « Bubble » située à Orlando dans le parc Disney. Les conditions d’entrée et de sortie y étaient draconiennes, avec en prime, des spectateurs virtuels. Ambiance pour le moins étrange, mais cela a permis à la saison d'aller à son terme.
À l’aube de la saison 2021-2022, alors que les camps d’entraînement vont débuter cette semaine, les protocoles de la NBA concernant la lutte contre le covid-19 sont d’ores et déjà définis. Il est peu dire qu'ils sont contraignants pour un athlète non vacciné.
Effectivement, si la ligue n’oblige pas la vaccination, tout du moins à l’heure où nous écrivons ces lignes, le règlement sanitaire est pour le moins rébarbatif. Le sportif non vacciné doit se faire tester régulièrement, et il lui est interdit de s’asseoir avec ses coéquipiers dans les vestiaires, les avions et les repas. De plus, une quarantaine est imposée dès que le joueur est considéré "cas contact". En parallèle, il a bien sûr l’obligation de maintenir la sempiternelle distanciation sociale, y compris avec ses partenaires. Toutes ces restrictions sont levées pour un vacciné, ce qui peut paraître étonnant, maintenant qu’il est largement accepté qu'un vacciné peut aussi transmettre le virus.
Aussi, il est évident que ce règlement va entraîner l’absence de joueurs, a fortiori durant des périodes de déplacements, qui pourraient leur faire manquer plusieurs matchs consécutifs. Tout ceci posant d’énormes problèmes contractuels entre le joueur, sa franchise et la ligue.
Vers une obligation vaccinale, avec les joueurs de la NBA
Une telle proposition a été faite par la NBA au syndicat des joueurs. Pour l'heure, elle a été rejetée par ce dernier, mais pourront ils résister jusqu’au coup d’envoi de la saison ?
Si le syndicat résiste encore, c’est principalement grâce à ceux (10 % selon la NBA) qui se sont ouvertement exprimés contre. Parmi eux se distingue le meneur des Brooklyn Nets, véritable star du basketball, l’américain Kyrie Irving. Évoluant dans New York, il doit également composer avec ses règles sanitaires, qui imposent la vaccination pour les plus de 12 ans afin de pouvoir accéder à un stade ou une salle de sport. Il va sans dire que la possibilité même de s’entraîner avec ses coéquipiers lui est interdite, ce qui est plus que rédhibitoire à la pratique professionnelle d’un sport collectif. Malgré tout, il reste le plus virulent dans sa volonté de ne pas se soumettre, jusqu’à susciter l’inquiétude de la ligue.
Il faut dire qu'Irving est un homme très porté sur le spirituel et le religieux. Chrétien pratiquant dans ses jeunes années, faisant aussi partie d’une communauté sioux, il se convertit dernièrement à la religion musulmane. On comprend dès lors le problème de conscience qui l’habite quand on voit à quel point il est impliqué dans ses nouveaux préceptes de vie.
Inquiète à son sujet, la presse ne manque pas de le ranger dans le rang des complotistes « hardcore ». Le magazine Rolling Stone (celui-là même qui a propagé la fake news sur l’ivermectine aux États-Unis) affirme que le joueur diffuserait des théories complotistes dans les vestiaires et que « des sociétés secrètes en profiteraient pour connecter les Noirs à un grand ordinateur » dans le cadre d’un « plan de Satan ». Ajoutant, pour bien enfoncer le clou, que le joueur n’en est pas à son coup d’essai, après ses affirmations sur la Terre plate. La campagne de dénigrement a clairement commencé, il va lui falloir beaucoup de courage pour continuer à résister.
Andrew Wiggins, des Warriors de San Francisco, lui, invoque des raisons religieuses pour justifier sa demande de dérogation. Il réclame par ailleurs que soit respectée la liberté individuelle de faire ses propres choix. Évoluant également dans une ville où la vaccination est obligatoire si l’on veut entrer dans une salle de plus de 1 000 personnes, il est dans l’impossibilité d’exercer son métier. Sa demande est évidemment rejetée par la ligue. Il est donc peu probable de voir Wiggins démarrer la saison.
Le joueur des Orlando Magics, Jonathan Issac, n’est pas vacciné non plus. Avant le début du camp d'entraînement, un journaliste lui demande la raison de son hésitation. Sa réponse est pleine de sérénité. Il explique les bases de sa pensée, montrant qu’il est bien renseigné et qu’il n’a pas besoin d’être un néphrologue renommé pour avoir un raisonnement rationnel sur la question. Il a contracté le covid-19 par le passé, il a des anticorps, le consensus scientifique est en perpétuelle évolution et il en ressort qu’aujourd’hui l’immunité naturelle s’avère plus efficace. Il ajoute qu’il faut respecter le choix de tous, pas seulement ceux qui sont en phase avec nos idées. Tiendra-t-il jusqu’au 19 octobre, date officielle de la reprise ? Il a pour l’instant la possibilité de s’entraîner, ce qui constitue un privilège au vu des circonstances.
En réponse à la question "qu'est-ce qui vous fait hésiter à vous faire vacciner ?", Jonathan Isaac, joueur de basket de la NBA américaine, donne une réponse absolument merveilleuse de calme, de raison et de bienveillance.
— Ivermectine-covid.ch (@GabinJean3) September 28, 2021
La campagne médiatique hostile a évidemment déjà commencé. pic.twitter.com/nUlnc0n3Z3
Notre Français, artisan majeur de la médaille olympique obtenue à Tokyo, et meilleur défenseur de la ligue, Rudy Gobert (connu également pour être le premier infecté de la NBA), est finalement vacciné après une longue hésitation. Là aussi, les contraintes ont été d’ordre financier et professionnel, la perspective olympique étant également en jeu. Cependant, à l’instar de Teddy Riner, il refuse catégoriquement de pousser à quoi que ce soit et de se positionner publiquement sur le sujet. Ce n’est pas son « rôle de dire aux gens ce qu’ils devraient manger ou boire, ce qu’ils devraient s’injecter ou non ».
Les fédérations pugilistes
Signalons pour conclure que les fédérations pugilistiques, ou plutôt les pays dans lesquels elles organisent leurs combats, recoivent elles aussi de fortes « recommandations » persuasives. Le boxeur Bryant Jennings a cependant décidé de ne pas s’y soumettre, contrairement à la majorité. Il a refusé catégoriquement de rester en quatorzaine avant son combat au Canada (connu pour sa rigueur sur le plan sanitaire), car c'est un non-sens sportif. N’étant pas vacciné et étant forcé de se plier aux règles instaurées dans ce pays, il passe à côté de l’opportunité de remporter le titre WBC de la nouvelle catégorie des Bridgerweights, et de la bourse qui va avec. Après tout, qu’en était-il vraiment de ses chances de victoire, compte tenu de cette impossibilité de s’entraîner ?
Athlète de haut niveau, un rôle difficile à tenir
Pour tout un chacun, la vaccination peut être la cause d'effets secondaires plus ou moins graves. Cela étant dit, il faut souligner que ces conséquences peuvent être accentuées pour les sportifs de haut niveau.
Pour des raisons évidentes, développer des effets secondaires sur le plan physique, mêmes banals, peut jouer fatalement dans la balance d'un sportif. De plus, ces derniers sont souvent des modèles pour les jeunes générations, de santé mentale et physique, parfois élevés au rang de héros national. Ils subissent donc de fait une pression importante quant à leurs choix personnels et leurs communications. Notons aussi qu'ils génèrent des contrats à plusieurs millions d'euros. Pour toutes ces raisons, il devient difficile pour eux de ne pas s’exécuter. La NBA est certainement le cas le plus frappant, et il est probable que les millions générés finissent, à terme, par avoir raison des derniers athlètes résistants.
Un espoir demeure toujours, notamment à écouter LeBron James, la super star internationale des Lakers. Si ce dernier a finalement été vacciné, après une longue hésitation, tout comme Gobert, il estime que « chacun a le choix de prendre ses propres décisions ». Ses mots valant leur pesant d'or et de réputation, surtout auprès des instances de la ligue, ils pourraient avoir un impact sur la décision finale.
Une question reste en suspens : si les athlètes finissent par s'exécuter, qu'en sera-t-il de leurs performances sportives si mentalement, ils se sentent abusés ? L'aspect psychologique, dans la santé donc dans le sport, est une donnée essentielle. La foi en est une autre, qui joue directement sur la première. Il n’est donc pas exagéré d’imaginer des sportifs qui ne performent plus à leur niveau habituel, rien que pour ces raisons. Cela pourrait engendrer des mécontentements, des déceptions, et in fine des réévaluations contractuelles à la baisse. Un sportif de haut niveau est une machine de guerre réglée au millimètre ; un simple grain de sable suffit à tout déséquilibrer.
Mise à jour 18h20 : des joueurs de basket non-vaccinés vont subir de lourdes réductions de salaire en NBA.
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