Le professeur Raoult favorable à une vaccination "systématique" des soignants : le festival des inaptes à la nuance

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FranceSoir
Publié le 09 juillet 2021 - 20:58
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NICOLAS TUCAT / AFP
Les ravis de la crèche lèvent les bras...
NICOLAS TUCAT / AFP

Coup de tonnerre : c'est par un tweet que Didier Raoult a annoncé être "favorable à la vaccination systématique des personnels soignants" cet après-midi.

Une phrase dont on sent que chaque mot a été soigneusement pesé, et qui a provoqué une petite onde de choc chez ceux qui guettent les moindres mots du professeur marseillais, qui comme un oracle, qui comme un signal d'ouvrir le feu sans sommation.

Ses détracteurs ont jubilé, et ses supporters ou défenseurs ont été désarçonnés, à tel point que Maître Di Vizio, qui est un de ses avocats, a exprimé son désaccord :

Triomphe chez les vaxolâtres, déception ou sentiment de trahison chez les sceptiques envers ces vaccins géniques qui ne présentent pas toutes les garanties selon eux. Pour les uns, "Raoult rentre dans le rang", "il revient à la raison". A croire qu'il rejoindrait le camp du bien et sortirait de l'enfer où ils le destinaient à rôtir vif. Pour les autres, il est "victime des pressions" : le nouveau directeur de l'AP-HM a marqué sa prise de fonction par une interview dans laquelle il le cible explicitement, le financement de son IHU serait remis en cause pour les années à venir, il aurait cédé à une forme de chantage... Les exégèses vont bon train.
 

Pourtant, les deux "camps" semblent bien prisonniers d'une logique binaire qui n'est pas et n'a jamais été celle du professeur Raoult. Pas plus "provax" qu'il n'est "antivax", DIdier Raoult a toujours été partisan d'une réflexion au cas par cas, qui pèse intelligemment bénéfice et risque. Il n'est pas absurde qu'il recommande la vaccination "systématique" pour les personnels soignants, plus exposés au risque, pondéré en fonction de leur âge. On notera qu'il n'emploie pas le mot "obligatoire"... Cependant, pour une chercheuse, "ce tweet embarassant témoigne du fait que la vaccination obligatoire des soignants a dû être décidée et signifiée aux chefs de service hospitaliers, ce qui pourrait ouvrir la boîte de Pandore"...

Des esprits simplistes y auront vu une contradiction avec l'invitation du professeur McCullough à l'IHU, lui qui a exprimé de très vives réserves sur la "propagande vaccinale". Or, il n'a jamais caché que la vaccination était un des quatre piliers de la gestion d'une épidémie. Ni une option à exclure systématiquement, ni la seule issue possible.



Si la forme lapidaire d'un tel tweet peut surprendre, notamment au regard de ses dernières vidéos dans lesquelles il pointait nettement les limites de cette vaccination à marche forcée, il semblerait que la ligne qu'il tient n'est ni celle que lui prête ses adversaires, ni celle dont rêvait une frange de ses partisans. 

Rejeter en bloc le vaccin par principe est donc toujours pour lui aussi absurde qu'y adhérer sans réserve par défaut : à n'en pas douter, Didier Raoult aura l'occasion de préciser prochainement le sens de sa position. Elle est dans la droite ligne de sa recommandation de longue date de la vaccination des enfants contre la grippe, et ce même si le vaccin ne fait pas de miracle (60% d'efficacité). Dès janvier, il s'était positionné plutôt favorablement envers une vaccination fondée sur une balance bénéfice/risque favorable. Il a ensuite exprimé son adhésion à la vaccination des populations fragiles. Et ceux qui s'excitent le vendredi auraient bien fait d'écouter sa vidéo de mardi dans laquelle il tenait explicitement ce même discours.

Didier Raoult, devenue une figure de la vie publique dont les prises de parole déchaînent les passions, est décidément un irréductible : non pas au sens du "Gaulois réfractaire" à tout, mais bien à toutes les étiquettes dont certains veulent l'affubler. 

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