Rohff condamné : quand le "rap game" dérape

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Par AFP
Publié le 27 octobre 2017 - 21:52
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Le rappeur Rohff et son avocat Malika Ibazatene, lors de son procès au palais de justice de Paris, l
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Le rappeur Rohff et son avocat Malika Ibazatene, lors de son procès au palais de justice de Paris, le 29 septembre 2017.
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Le rappeur Rohff, condamné vendredi à cinq ans de prison pour des violences commises dans la boutique parisienne de son rival Booba, est un acteur majeur du "rap game", un affrontement d'abord verbal entre rappeurs à succès mais qui parfois dérape.

Les "clashes" entre Booba et Rohff, concurrents directs dans les "charts", font partie depuis des années du rap hexagonal. A chaque album, les deux rappeurs aux carrures de boxeurs se provoquent et se menacent via les réseaux sociaux, comparant leurs chiffres de ventes et s'invectivant à coups de "punchlines".

"Le +rap game+, c'est la compétition entre rappeurs, ça existe depuis toujours. Aux débuts du rap français, ça existait déjà entre IAM et NTM", expliquait Booba à l'AFP en 2015. "Le rap, ça reste un truc de banlieue et, comme dans la rue, ça peut déraper à tout moment", soulignait-il.

Entre lui et Rohff, le duel à distance a dérapé le 21 avril 2014 quand ce dernier est entré accompagné de plusieurs hommes dans le magasin parisien d'Ünkut, la marque de vêtements fondée par Booba. Un jeune vendeur a été laissé dans un état critique, un autre a été assommé. Des faits pour lesquels Rohff, 39 ans, de son vrai nom Housni Mkouboi, a été condamné vendredi à 5 ans de prison.

Révélé en 2002 avec le titre "Qui est l'exemple", Rohff occupe une place centrale dans le rap français avec plusieurs albums couronnés par des disques d'or en quinze ans. Un rappeur qui a aussi déjà un passé judiciaire chargé avec plusieurs condamnations (violences, détention d'arme).

- 'Classique' de la culture rap -

Le procès n'a pas empêché le rappeur de continuer à animer le "rap game" et à promouvoir sa musique: "Si la justice me garde avec elle demain ne vous inquiétez pas pour moi la famille, tout passe même nous!", écrivait-il encore jeudi sur Instagram. Ce vendredi, jour du jugement, et de la sortie de son troisième single, "Soldat", Rohff était le sujet le plus commenté sur Twitter en France.

Début 2013, Rohff et une autre star du rap français, La Fouine, avaient déjà échangé pendant plusieurs semaines des invectives avec leur rival Booba sur fond de guerre d'egos et de stratégie marketing, via des chansons relayées sur les réseaux sociaux.

"Je prends cela à la légère, mais je sais que si ça continue, ça peut mal se terminer", avait commenté La Fouine. Quelques jours après, sa voiture avait été touchée de deux balles de 22 long rifle alors qu'il n'était pas dans le véhicule.

Le clash est "un classique de la culture rap" qui existe "depuis les années 1970 à New York", expliquait à cette période Olivier Cachin, spécialiste du rap. Il consistait, selon lui, à l'origine à "proclamer qu'on est le meilleur en +tuant+ virtuellement son adversaire avec des textes", mais les réseaux sociaux ont accéléré le rythme de ces confrontations.

"Si un rappeur ne supporte pas d'être malmené par les réseaux sociaux, il n'a qu'à changer de métier", avait ainsi résumé le procureur lors du procès de Rohff alors que les magistrats tentaient d'analyser les codes de cet univers.

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