L214 : des actions réussies grâce à des militants qui infiltrent les abattoirs

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 mars 2016 - 15:02
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Un abattoir du Gard.
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©Capture d'écran YouTube
"La France, comme l'Espagne ou la Grèce, est en retard sur ces sujets et freine des quatre fers", estime l'association L214.
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Connue pour ses actions destinées à la protection des animaux, l'association L214 a réussi en quelques mois à faire fermer deux abattoirs (celui d'Alès et du Vigan) après la publication de vidéos chocs. Des démarches rendues possibles grâce à des militants qui infiltrent les abattoirs.

En cinq mois, L214 a réussi à faire fermer deux abattoirs après la publication de vidéos choc. Derrière la caméra, des employés révulsés par la maltraitance animale ou des membres infiltrés de l'association qui rêvent d'un monde sans viande.

Dans un petit local débordant de tracts au siège de l’association à Lyon, Brigitte Gothière et Sébastien Arsac reçoivent entourés de canards et cochons en plâtre. "On a commencé en 2003 avec le caméscope familial. J'avais dit que j'étais étudiant vétérinaire pour entrer dans un élevage", se souvient Sébastien Arsac. Sébastien Arsac et Brigitte Gothière sont des "vegans": pour eux, pas de viande, pas de lait, pas d'oeuf. Car pour ces deux militants, toute production animale est synonyme de souffrance pour les animaux. Il y a une "maltraitance structurelle", soulignent-ils.

Avec quelques autres, ils ont commencé par créer "Stop gavage" pour lutter contre le gavage des canards destinés au foie gras, avant d'élargir à d'autres productions animales en 2008 avec L214. Ce nom énigmatique est une référence à l'article L214 du code rural qui reconnut pour la première fois en 1976 que les animaux étaient doués de sensibilité.

Brigitte était professeure dans l'enseignement professionnel, Sébastien professeur des écoles. Aujourd'hui, le couple se consacre à 100% à l'association qui monte d'années en années et emploie désormais une douzaine de salariés pour 10.000 adhérents. Leur action est largement portée par la force des réseaux sociaux: leur dernière vidéo de l'abattoir bio du Vigan (Gard), fermé à titre conservatoire le 23 février, a été vue plus d'un million de fois. Ils assument leur méthode, la caméra cachée. Sébastien Arsac lui-même s'est fait embaucher, notamment chez Charal, pour dénoncer les conditions d'abattage.

L'AFP a pu interroger une des sources de L214. "La première fois, c'était dans un couvoir. Un job étudiant. Je ne m'attendais pas à trouver ça. Les poussins (qui ne rentraient pas dans les calibres de sélection) étaient broyés vivants, d'autres, tombés par terre, étaient écrasés. Ils agonisaient", raconte-t-il. Il contacte alors L214 et se fera ensuite opportunément embaucher par des élevages. "J'ai été sur une chaîne de canes qu'on inséminait deux fois par semaine. Celles qui avaient les parties génitales infectées et qui ressortaient, on leur tordait le cou". Aujourd'hui, ses révélations ont débouché sur le procès d'un couvoir du Finistère. Six mois de prison avec sursis ont été requis contre son président.

"Il y a des intérimaires, des anciens employés, des ex-inspecteurs vétérinaires qui viennent nous voir", raconte Brigitte Gothière. Pour l'abattoir du Vigan, "on a été contacté par une personne qui avait accès à l'abattoir. On l'a rencontrée et on lui a fourni les moyens techniques pour filmer", poursuit Sébastien Arsac.

Avec le temps, l'association a désormais "des sympathisants qui commencent à se faire embaucher dans des abattoirs pour dénoncer". Une pratique qui est, selon ses fondateurs, très courante aux États-Unis où des associations comme Mercy for Animals ont des enquêteurs prêts à aller travailler dans les élevages, les abattoirs. Des méthodes inédites dans le petit milieu des associations françaises de défense des animaux d'élevage.

"Notre code de déontologie ne nous permet pas d’entrer par effraction", explique par exemple Aurélia Greff, responsable de campagne dans l'ONG Compassion in world farming (CIWF). Pour autant elle estime que le travail de L214 est complémentaire du sien. Et ils veulent la même chose par exemple sur l'abolition du gavage ou des cages en élevages. Mais CIWF travaille, elle, main dans la main avec les grands groupes. Cette association a par exemple obtenu que les Galettes St Michel utilisent des oeufs plein air ou que McDonald's s'engage pour des desserts lactés issus de vaches ayant accès aux pâturages.

Reste que pour L214, "la France, comme l'Espagne ou la Grèce, est en retard sur ces sujets et freine des quatre fers" pour une évolution de la réglementation face aux pays d'Europe du Nord. "Il nous a fallu des années de batailles pour réussir à ce que les cages des poules pondeuses soient agrandies d'une carte postale!".

 

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