"Jungle" de Calais : retour sur une journée de démantèlement compliquée

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 02 mars 2016 - 08:03
Image
Heurts entre migrants, activistes et CRS dans la "jungle" de Calais.
Crédits
©Philippe Huguen/AFP
Les travaux de démantèlement d'une partie de la "jungle" de Calais se poursuivaient mardi sous la surveillance des forces de l'ordre.
©Philippe Huguen/AFP
Les travaux de démantèlement d'une partie de la "jungle" de Calais, le plus grand bidonville de France, se poursuivaient mardi sous la surveillance des forces de l'ordre, après une première journée marquée lundi par des heurts avec des militants radicaux et certains migrants, qui continuent parfois à refuser de quitter les lieux.

Sous leur regard impuissant et résigné, une vingtaine d'ouvriers d'une société mandatée par l'Etat ont commencé avant 9h à déblayer le terrain des abris de fortune, laissés vides, dans un nouveau périmètre de la zone sud jouxtant celui où ils étaient intervenus lundi.

Impossible toutefois de savoir combien d'hectares ont déjà été "traités" par ces agents, sur les huit concernés par l'opération. Par un froid glacial, les ouvriers, aidés de deux pelleteuses qui faisaient table rase de ces cabanes ou caravanes, progressaient sous la protection d'un important cordon de CRS, a constaté une équipe de l'AFP.

Leur travail n'est pas sans à-coups: il faut en effet d'abord convaincre les occupants de partir, "un travail de persuasion" selon le sous-préfet de Calais Vincent Berton, mené tant bien que mal par les équipes de maraudes sociales, composées de fonctionnaires et d'humanitaires.

"Vous devez prendre vos affaires et partir, la police va venir", expliquait ainsi un membre de ces maraudes à un groupe de migrants soudanais. "Nous avons déjà connu la prison et les tortures, cela ne nous fait pas peur!", lui ont-ils répondu, refusant de rejoindre l'un des 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO) disséminés partout en France ou d'emménager dans le Centre d'accueil provisoire (CAP), des conteneurs chauffés en périphérie de la "jungle", où ils craignent, disent-ils, de devoir laisser leurs empreintes digitales.

A chaque fois, des attroupements se forment, l'avancée est stoppée, et "pour le moment, on les laisse sur place", explique le sous-préfet. "La plupart vont surtout trouver un abri temporaire dans la zone nord de la jungle", explique un volontaire du Secours catholique. "En attendant de tout simplement reprendre la route, certains vers la ville voisine de Dunkerque, dans des squats qu'ils sont en train de repérer dans le coin, ou je ne sais où..."

Lundi, selon la préfecture, 43 migrants ont toutefois été acheminés vers deux CAO près de Bordeaux et Montpellier. Ils n'étaient que cinq vendredi, au lendemain de la décision du tribunal administratif de Lille d'autoriser l'évacuation de la zone sud de la "jungle", où vivent entre 800 et 1.000 migrants selon la préfecture mais 3.450 selon les associations.

Au nombre d'une centaine, selon une source proche du dossier, les militants d'ultra-gauche du collectif No border ont multiplié les interventions lundi pour dissuader les réfugiés d'accepter ces propositions, tentant de les empêcher de monter dans les cars.

"Nous ne considérons pas que maintenir des personnes en situation précaire corresponde à un idéal humanitaire", a assuré Bernard Cazeneuve lors d'un débat organisé mardi soir au Sénat sur l'accueil des réfugiés en Europe.

Plus tôt le ministre avait dénoncé mardi 1er "l'activisme d'une poignée" de ces militants "extrémistes et violents", qui a rendu "nécessaire", selon lui, la présence de policiers. Leur activisme "ne changera rien" à la détermination de l'Etat de mener à bien l'opération, a ajouté M. Cazeneuve.

Mardi, deux No border, une Allemande et un Anglais interpellés lundi et soupçonnés de "dégradations par incendie", étaient toujours en garde à vue, selon le parquet de Boulogne-sur-Mer. "Il y a eu des blessés parmi les forces de l'ordre lundi. Les No border doivent être condamnés", a tweeté mardi Xavier Bertrand, président Les Républicains de la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie.

Des associations d'aide aux migrants, dont le Secours catholique, ont critiqué mardi soir le démantèlement par la force de la "jungle", estimant que l'Etat ne respectait pas "ses engagements".

Après les Soudanais, ce devrait être au tour des Érythréens. On les trouve massés autour de leur église orthodoxe, aux inscriptions en guèze -leur langue liturgique- sur son portail bleu ciel. Puis viendra le moment d'expulser les Afghans. Et là, ce sera une autre affaire. Avec leurs restaurants et leurs épiceries, mais aussi une forte capacité de mobilisation, les centaines de ressortissants du "royaume de l'insolence" ne se laisseront pas faire facilement, prévient 

 

À LIRE AUSSI

Image
Des policiers dans la "jungle" de Calais.
"Jungle" de Calais : reprise du démantèlement dans le calme
Au lendemain des heurts qui ont éclaté au sein de la "jungle" de Calais entre migrants, activistes et CRS, les travaux de démantèlement de la partie sud du camp ont re...
01 mars 2016 - 17:48
Société
Image
Heurts entre migrants, activistes et CRS dans la "jungle" de Calais.
Démantèlement de la "jungle" de Calais : heurts entre migrants, activistes et CRS
Validé par la justice il y a quelques jours, le démantèlement de la partie sud de la "jungle" de Calais a débuté ce lundi matin dans le calme. Mais quelques heures plu...
29 février 2016 - 20:31
Société
Image
Le démontage des abris dans la partie sud de la jungle de Calais.
"Jungle" de Calais : début du démantèlement de la partie sud
Validé par la justice il y a quelques jours, le démantèlement de la partie sud de la "jungle" de Calais a débuté ce lundi matin. Sur place, un important dispositif pol...
29 février 2016 - 14:34
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.