"Jungle" de Calais : l'évacuation des migrants a commencé

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 octobre 2016 - 10:13
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Des migrants de la Jungle de Calais font la queue durant l'évacuation du camp.
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©Philippe Huguen/AFP
Au total, de 6.000 à 8.000 migrants doivent être acheminés par car dans des centres d'accueil spécifiques durant toute la semaine.
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Une soixantaine de bus et plus de 1.200 policiers ont été mobilisé alors que l'évacuation d'au moins 6.000 migrants de la "Jungle" de Calais a débuté ce lundi matin, prélude au démantèlement du plus grand bidonville de France. Mais certains l'affirment déjà, ils comptent rester pour tenter, encore, de gagner le Royaume-Uni.

Le démantèlement total de la "Jungle" de Calais a commencé ce lundi 24 vers 6h, marquant le départ de cette gigantesque et complexe opération d'évacuation de plusieurs milliers de migrants, qui vont rejoindre par autocar des centres d'accueil partout en France.

Une centaine de Soudanais et d'Erythréens, des hommes principalement, se sont présentés avec valises et baluchons devant le hangar servant de quartier général à l'opération présentée comme "humanitaire" par le gouvernement. Au total, de 6.000 à 8.000 migrants doivent être acheminés par car dans des centres d'accueil spécifiques durant toute la semaine.

Les premiers candidats au départ se sont regroupés sous les lampadaires éclairant la piste cyclable alors que le sas donnant accès à ce QG était encore fermé. Idriss, un Soudanais, est arrivé avec un groupe d'amis. Il fait encore nuit noire, il sait que les portes n'ouvriront qu'à 8h mais "mieux vaut attendre deux heures devant le bâtiment que deux jours", lance-t-il.

En tête de file, Bachir, un autre Soudanais, raconte qu'il est arrivé ici à 4h. Il sourit dans son sweat à capuche orange: "N'importe où en France" sera mieux que les tentes du quartier de la communauté, raconte ce jeune homme de 25 ans.

Presque aussi nombreux que les migrants, les journalistes attendent devant les grilles, filmant la file qui piétine. Un peu à l'écart, appuyé à la rambarde de béton qui longe la piste cyclable, Mohammed, un Éthiopien, regarde la file se former avec scepticisme. "Je suis mineur, je veux passer en Grande-Bretagne, les bus ne m'intéressent pas", dit-il avant de faire demi-tour vers le campement.

A l'entrée du Centre d'accueil provisoire (CAP) jouxtant la "Jungle", à quelques centaines de mètres de là, plusieurs centaines de mineurs attendaient une place. Ils ne sont pas concernés par l'évacuation et vont être hébergés au CAP, constitué de conteneurs, et au centre Jules Ferry.

"On m'a dit de venir ici à 8h parce que je pense qu'on va changer de camp, on va aller dans les conteneurs, alors on attend", a affirmé Mufti, un Ethiopien de 15 ans avec sa valise.

Cette énorme opération doit permettre d'en finir avec le plus grand bidonville de France, né il y a 18 mois et habité par des réfugiés venus pour la plupart d'Afghanistan, du Soudan ou d'Erythrée, avec le rêve de traverser la Manche pour gagner la Grande-Bretagne.

Dans la soirée, quelques heurts sporadiques s'étaient produits aux abords de la "Jungle". Quelque 120 grenades lacrymogènes ont été tirées, selon une source policière. "Nous avons confiance que tout se passe bien", a assuré dimanche la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio lors d'un point-presse.

Le dispositif a été pensé pour orienter les migrants, après un entretien, en fonction de leur situation personnelle. Hommes seuls, familles ou personnes vulnérables seront répartis entre les 12 régions françaises (hors Corse).

Une véritable "gare routière" a été montée pour assurer la fluidité de l'opération, avec 60 bus prévus dès le premier jour. "Si on arrive à orienter 2.000 à 2.500 personnes lundi, c'est très bien", estime Didier Leschi, directeur général de l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration).

L'organisation est millimétrée, depuis la géolocalisation des cars pendant le trajet, la présence de gendarmes sur les aires d'autoroute, jusqu'au planning des départs, les destinations les plus éloignées étant desservies le soir, pour des trajets nocturnes.

La volonté des autorités est claire: le campement doit disparaître, et les opérations de déblaiement commenceront dès mardi. Les Afghans semblaient dimanche réticents, ou incrédules, à l'idée du démantèlement. "Il faudra nous forcer pour partir. Nous on veut aller en Grande-Bretagne", assurait l'un d'entre eux, Kharazi. Les récalcitrants ont été avertis: ils s'exposent à une interpellation au terme de l'évacuation et à un placement en centre de rétention administrative.

Dans un entretien à La Voix du Nord, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est montré serein: "Nous avons une stratégie globale pour éviter qu’un point de fixation ne se reforme".

Les pouvoirs publics reconnaissent toutefois que "c'est une opération à risques, qui peut dégénérer, avec la nécessité de faire intervenir la force publique", surtout à cause de la présence possible de militants altermondialistes. Aussi 1.250 policiers et gendarmes ont-ils été mobilisé.

 

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