Evacuation de la "Jungle" de Calais : une "opération à risques" qui débute lundi

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 octobre 2016 - 22:45
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Vue aérienne de la Jungle de Calais en août 2016.
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©Philippe Huguen/AFP
L'évacuation de 6.400 à plus de 8.000 migrants de la "Jungle" débutera lundi et devrait continuer toute la semaine.
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L'évacuation totale de la "Jungle" de Calais, le plus grand bidonville de France où vivent depuis 18 mois des milliers de migrants, débutera lundi à 8h, une opération à haut risque prévue pour durer "une semaine".

La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, "a pris (ce vendredi  21) un arrêté d'expulsion" de tous les occupants du camp de la Lande (nom officiel de la "Jungle"), donnant "72 heures" aux "occupants sans droit ni titre" du camp pour "quitter" les lieux. Seule exception, les "mineurs étrangers isolés" qui seront "pris en charge" temporairement au centre Jules Ferry et au Centre d'accueil provisoire (CAP), deux structures en dur.

L'arrêté a commencé à être affiché ce vendredi vers 18h, en plusieurs langues (il en existe au moins 9), en plusieurs points de la "Jungle", a constaté un correspondant de l'AFP. Ce sont 6.400 migrants selon les autorités, 8.143 selon des associations qui s'entassent sur ce site d'une dizaine d'hectares.

La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, "a pris vendredi un arrêté d'expulsion" de tous les occupants du camp de la Lande (nom officiel de la "Jungle"), donnant "72 heures" aux "occupants sans droit ni titre" du camp pour "quitter" les lieux.

Le processus de démantèlement commencera dès "dimanche après-midi", avec des tournées des services de l'immigration qui "vont s'intensifier" à l'intérieur du camp pour informer les migrants et les convaincre de partir, ont indiqué le ministère de l'Intérieur et la préfecture d'Arras. Le même jour, Mme Buccio rencontrera les chefs des communautés (Afghans, Soudanais, Érythréens, les Syriens étant très peu nombreux).

En trois jours, 145 autocars pouvant emmener chacun jusqu'à 50 migrants et deux accompagnateurs, quitteront Calais pour des centres de séjour temporaire (287 au total), dénommés Centres d'accueil et d'orientation (CAO), partout en France, où ils pourront "réfléchir à leur projet personnel" selon les autorités. Il est d'ores et déjà prévu que 60 cars prendront la route lundi, 45 mardi et 40 mercredi. L'opération doit pouvoir être bouclée en "une semaine", espère le gouvernement.

Dès mardi, des équipes de nettoyage équipées de petites tractopelles enlèveront cabanes et détritus.

"L'objectif, c'est de mettre toutes les personnes à l'abri, et on fera tout pour y arriver", a affirmé un haut fonctionnaire associé de près à ce transfert massif de population, présenté comme "une opération humanitaire". Avec "7.500 places trouvées", les pouvoirs publics se sont donné "une bonne marge de sécurité", se réjouit-on au ministère de l'Intérieur.

Selon les autorités, il n'y aura "pas de contrainte sur les migrants" pour les obliger à monter dans les cars, mais ceux qui refuseraient de quitter le site s'exposeront "en dernier recours" à un placement en centre de rétention, souvent l'antichambre d'une expulsion.

Les autorités tablent sur la coopération des associations, malgré les vives réserves d'une dizaine d'entre elles. Tous ceux qui se présenteront aux guichets de départ auront "le choix entre deux destinations, dans des régions différentes".

Concrètement, les migrants seront dirigés dès le lever du jour vers "un sas". En l'occurrence un hangar loué sur un terrain de 3.000 m2, à 300 m du camp, où ils seront répartis entre les destinations possibles. Devant cet hangar, quatre files: pour les mineurs, les majeurs, les familles et les personnes vulnérables.

Sujet extrêmement sensible, les mineurs sans famille vivant dans la "Jungle" (1.291 se sont déclarés comme tels) ne quitteront pas Calais: ils seront hébergés provisoirement - pendant une ou deux semaines, en attendant que leur dossier soit instruit - dans deux structures en dur, le Centre d'accueil provisoire (CAP) et le Centre Jules Ferry. "On pense pouvoir libérer 600 places pour les mineurs au CAP dès le premier jour", indiquent les organisateurs.

Pour la réussite de l'opération 1.250 membres des forces de sécurité (policiers et gendarmes) sont mobilisées et veilleront notamment à prévenir l'apparition de squats. Ce démantèlement "est une opération à risque qui peut dégénérer, avec la nécessité de faire intervenir la force publique", prévient le ministère de l'Intérieur. En cause, notamment, "des personnes qui souhaiteraient se maintenir sur le site" ou "des militants".

"D'ici le démantèlement, on s'attend à des nuits très compliquées", affirme une fonctionnaire de haut rang. Pour la première fois, des cocktail molotov ont été lancés sur les forces de l'ordre dans la nuit de mercredi à jeudi, selon les responsables de la sécurité.

Pendant toute la durée de l'évacuation, l'accès au camp sera réservé aux titulaires d'un badge, dont les militants associatifs et les journalistes qui pourront y entrer et en sortir.

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