Attentats de Paris : deux mois après, Le Carillon rouvre ses portes

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 13 janvier 2016 - 21:22
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Le bar Le Carillon.
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©Miguel Medina/AFP
Le bar Le Carillon est de nouveau ouvert depuis ce mercredi.
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Cible des djihadistes le 13 novembre dernier, le bar Le Carillon, où neuf personnes ont perdu la vie, a rouvert ses portes ce mercredi. Deux mois jour pour jour après les attentats, les premiers clients ont été accueillis avec du champagne pour trinquer à ce nouveau départ.

Du champagne et beaucoup d'émotion: le bar Le Carillon, où les vies de neuf personnes ont été fauchées, est devenu ce mercredi le troisième établissement frappé par les attentats parisiens à rouvrir, deux mois jour pour jour après le bain de sang. "Bienvenue! Le Carillon ouvre ses portes. On n'a pas grand chose à dire. On va continuer à vivre", lance un membre de l'équipe en accueillant les premiers clients, entourés de nombreux journalistes.

Sur le comptoir, les bulles de champagne pétillent dans les coupes. Mais Yves Metayer, 49 ans, préfère sa "petite mousse", comme d'habitude: "Vive la réouverture, vive la vie!", s'exclame ce fidèle, "ému et content d'être là".

Il y a deux mois, à 21H25, une Seat noire s'arrêtait, phares allumés. A son bord, un trio meurtrier: Abdelhamid Abaaoud, Brahim Abdeslam et un homme encore non identifié, sans doute mort lors de l'assaut policier de Saint-Denis. Ils crient "Allah akbar" avant d'abattre quatorze personnes entre Le Carillon et Le Petit Cambodge, restaurant voisin.

"Ce soir-là, on s'était engueulés avec ma femme, on avait décidé de ne rien faire, de ne pas sortir", se souvient Yves Metayer. C'est peut-être ce qui les a sauvés. Le lendemain, le quadragénaire s'est précipité retrouver ses "copains" du bar, incertain de leur sort. "Tu te souviens qu'on s'est serrés dans les bras?", lance-t-il à un serveur qui lui répond d'un sourire, le regard embué.

Très vite, Le Carillon est devenu lieu de pèlerinage, les badauds venant voir de leurs yeux l'inimaginable et déposant sur le trottoir des centaines de bouquets, bougies et mots de soutien. Pendant deux mois, plus de rires en terrasses ou de petit noir au comptoir. En quarante ans, "Coco", le patron "n'avait jamais fermé aussi longtemps". Mercredi, le patriarche qui tient ce café familial laissait apparaître un large sourire sous sa moustache grise: "ça me fait plaisir de retrouver mes amis, ça me manquait".

Les vitres parsemées d'impacts de balles ont été remplacées et la peinture refaite, mais l'ambiance est la même, assurent les habitués. "Le Carillon c'est le +phare+ du quartier", dit Augustin Legrand, venu en voisin. "C'est vraiment un village ici, un lieu de mixité, avec des gens très riches, d'autres qui n'ont pas trop de thunes et des bars comme celui-là, qui rassemblent tout un tas de gens", décrit l'ancien meneur des Enfants de Don Quichotte, qui s'était battu pour les sans-abri du quartier.

Ce bar, "ce sont des Kabyles, on sert de la bière, on écoute de la musique, ça ne leur plaisait pas aux terroristes", pense Andrea, élégante septuagénaire qui sculpte dans l'atelier voisin. Elle trinque avec son voisin qu'elle vient de rencontrer. Un beau symbole, selon ce dernier: "ils ont voulu nous désunir, ces abrutis, mais ça va resserrer les liens".

Au total, 39 personnes ont trouvé la mort dans des cafés et restaurants de l'est parisien bondés ce vendredi 13 novembre. A la bonne bière a été le premier à rouvrir, le 4 décembre, puis le Comptoir Voltaire où Brahim Abdeslam s'était fait sauter en terrasse, blessant grièvement une serveuse. Sur Facebook, Le Petit Cambodge promettait récemment une réouverture "mi-janvier".

Fin décembre, le patron de la Belle Equipe écrivait lui sur le réseau social: "rien n'est réparable donc on va tout recommencer. La Belle Equipe ne gardera que son nom et bien sûr son âme. Cela prendra le temps qu'il faut. On vous donne rendez-vous un matin de 2016 à 08H00 comme d'habitude".

Quant au Bataclan, où 90 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées, ses propriétaires espèrent une réouverture fin 2016. Les Eagles of Death Metal, en concert au moment de la tuerie, souhaitent être le premier groupe à rejouer dans la salle de spectacles.

 

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