Pollution numérique : la fausse polémique sur les forfaits verts ne doit pas occulter le principal
Le concept de sobriété numérique va peut-être devenir de plus en plus tendance, avec la feuille de route sur l'environnement présentée par le Conseil National du Numérique (CNNum) qui évoque clairement la nécessité d'aller vers “un numérique sobre, écologiquement responsable et solidaire”. Pour cela, plusieurs mesures concrètes sont envisageables, dont une proposition sur des forfaits Internet illimités, qui est sous le feu des critiques.
La fin de l'Internet universel?
Le Conseil national du numérique a tenté de contrôller la polémique, et précise dans un communiqué que l’objectif de cette mesure n'est surtout pas de remettre en question les forfaits internet fixes illimités et leurs tarifications, piliers d’un accès à un service numérique universel, ni d’empêcher le développement des usages du numérique. D'autant plus que pendant la crise sanitaire le caractère vital de l'accessibilité du numérique pour la continuité éducative, la télémédecine et le télétravail est devenu plus évident que jamais.
Mais, selon le CNNum, cela n'empêche pas le citoyen d'avoir les moyens de réfléchir à l'impact de ses usages du numérique, et plus concrètement en contrôlant les services offerts et utilisés dans le cadre du forfait d'accès à Internet.
Que sont réellement ces “forfaits verts”?
Sans supprimer ceux qui existent aujourd’hui, le CNNum propose de créer des forfaits “eco friendly”, adaptés à ceux qui peuvent et souhaitent consommer peu, sont soucieux de leur empreinte environnementale ou encore souhaitent maîtriser leurs usages.
L’idée serait ainsi simplement d'encourager les forfaits à consommation limitée». Mais attention: selon la plateforme Green IT , cette proposition reste très symbolique , et n’apporte rien de nouveau. Il existe déjà aujourd'hui des forfaits dits “nus”, qui n'incluent que la téléphonie avec quelques options d’achat de données. Green IT rappelle aussi que le plus gros de l’impact du numérique ne concerne pas les données. Selon l’étude #iNUM, 3/4 des impacts en France sont en effet liés à la fabrication des terminaux utilisateurs. Se focaliser sur la consommation énergétique des données sur le réseau, c'est donc ne pas s’attaquer au cœur du problème.
La sobriété numérique passerait plutôt par la réparation et le recyclage
Même si la proposition liée aux forfaits a été la plus polémique, d'autres, qui sont passées inaperçues, sont plus intéressantes, et pourraient s’avérer essentielles pour réduire notre empreinte numérique.
C'est le cas par exemple de la proposition concernant le soutien aux filières de réparation et de reconditionnement, qui permettrait de réduire nos déchets numériques, de garantir un réemploi de qualité pour les consommateurs et d'augmenter le taux de collecte.
Pour réduire le renouvellement des terminaux utilisateurs, il faut renforcer la durée de vie des équipements numériques et lutter contre l'obsolescence programmée.
L’écoconception des services numériques permettrait de réduire l'impact des services courants et de limiter le risque de saturation. Enfin, proposer des formations au numérique responsable pourrait faire de la France le pays numéro un dans la rencontre entre numérique et environnement.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.