Gestion de patrimoine : Goldman Sachs devient l’actionnaire majoritaire du leader français Crystal
Goldman Sachs, l’une des banques les plus controversées au monde, a finalisé la prise de participation majoritaire dans Crystal. L’entreprise française de gestion de patrimoine, qui gère un portefeuille de 22 milliards d’euros d’actifs après de récentes acquisitions, et entend tirer profit de cette opération, estimée à de 900 millions d’euros, pour s’accroître “en France comme à l’international”. Le groupe, qui a annoncé “d’importants investissements” à venir “dans le digital et l’intelligence artificielle”, précise qu’il attend l’approbation des autorités compétentes.
Le leader français sous la houlette de Sachs
Jusque-là détenteur de 100% des actions, le fonds d’investissements français Seven2 ne détiendra à l’issue de cette opération que 25% de l’entreprise. L’un des leaders français de la gestion de patrimoine en France sera alors détenu à 75% par Goldman Sachs Alternatives, filiale de la banque américaine spécialisée dans les investissements “alternatifs” comme le capital-investissement ou encore l’immobilier.
La banque aux multiples scandales s’est dit “impressionnée par la qualité exceptionnelle de l’équipe de management de Crystal”, qu’ils espèrent “accompagner dans la prochaine étape de son développement”. Bruno Narchal, président et fondateur du groupe, s’est dit “ravi d'accueillir dans notre capital un actionnaire d'une telle envergure, qui puisse nous accompagner dans la croissance de notre groupe en France et à l'international”. Cette prise de participation pourrait essentiellement se traduire, dans un avenir proche, par des “investissements importants dans le digital et l'intelligence artificielle”, explique-t-on dans un communiqué.
Goldman Sachs, l’une des banques les plus puissantes et les plus influentes au monde, prend cette participation majoritaire dans Crystal à un moment opportun. La société française avait annoncé en mars l’acquisition d’Opti Finance, un cabinet de conseil en gestion du patrimoine basé au Mans. Un mois auparavant, Crystal annonçait l’acquisition de Primonial Ingénierie & Développement (PID), un leader français dans le même secteur.
A l’issue de ces acquisitions, Crystal totalisait 21,6 milliards d’actifs sous gestion, trois fois plus qu'en 2022, et près de 1.000 collaborateurs. “La transaction reste soumise à l’approbation des autorités compétentes”, conclut le communiqué de la société.
150 ans d'existence et autant de scandales
La banque américaine, qui incarne depuis plus de 150 ans le pouvoir et l’influence des banques dans le monde, a été impliquée dans plusieurs scandales financiers et a été accusée de comportements sulfureux, tels que la vente de produits structurés “pourris” et la manipulation de marché.
En 2003, Goldman Sachs a été l'une des dix grandes banques d'investissement à signer un compromis de 1,4 milliard de dollars concernant l'indépendance de l'analyse financière. Ce règlement faisait suite à des accusations selon lesquelles les banques avaient fourni des conseils biaisés pour favoriser leurs propres intérêts d'investissement.
En 2007, Goldman Sachs a été accusée d'avoir permis à son client, John Paulson, financier américain, fondateur et président du fonds de gestion alternative (hedge fund) Paulson & Co, de spéculer sur des produits structurés, notamment par des ventes à découvert, contribuant ainsi à la crise financière de 2007-2008 tout en enrichissant son client, qui devenait par ce biais milliardaire.
Une procédure a été engagée à partir de 2010 par l'organisme fédéral américain Securities and Exchange Commission contre la banque, soupçonnée d’avoir trompé ses investisseurs dans un produit de titrisation nommé Abacus 2007-AC1. La banque aurait permis au même hedge fund, Paulson & Co, de choisir des actifs hypothécaires risqués qui ont été inclus dans le produit, tout en pariant contre ces mêmes actifs. Goldman Sachs aura finalement réglé cette affaire en déboursant 550 millions de dollars.
Entre 2012 et 2013, la même banque, menée par le sulfureux Lloyd Blankfein, l’un des principaux soutiens du parti démocrate et proche de la famille Rockefeller, a aidé le fonds souverain malaisien 1MDB à lever des milliards de dollars, qui ont été détournés dans un vaste scandale de corruption.
Une grande partie de cet argent a été utilisée de manière frauduleuse, y compris pour financer le film "Le Loup de Wall Street". En 2020, Goldman Sachs a accepté de payer 3,9 milliards de dollars de dédommagement au gouvernement malaisien pour régler les accusations criminelles liées à ce scandale. Encore un loup dans la bergerie ?
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