Une technologie testée sur des Ouïghours pour lire leurs émotions

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FranceSoir
Publié le 27 mai 2021 - 13:05
Mis à jour le 17 juin 2021 - 20:51
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Des militants ouïghours manifestent à Paris le 8 juillet 2009
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© BORIS HORVAT / AFP/Archives
«La vie ouïghoure consiste maintenant à générer des données»
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La répression des Ouïghours en Chine, sous couvert de lutte contre le terrorisme islamique et de déradicalisation, est en place depuis plusieurs années, et elle prend plusieurs formes. L’un de ses aspects est la volonté d’éradiquer la culture ouïghoure, considérée comme la source d’une volonté séparatiste par les dirigeants chinois. Elle passe aussi par des camps d’emprisonnement qui sont appelés "centres de formation professionnelle" par la propagande officielle, et qui détiennent selon les groupes de défense des droits de l'homme, plus d'un million de personnes. Cette population est soumise à une surveillance quotidienne, outre la reconnaissance faciale, la BBC affirme que des tests de reconnaissance d'émotions ont été réalisés récemment sur des Ouïghours.

Une technique qui choque les défenseurs des droits de l'homme

Si ce groupe ethnique était déjà la cible des technologies de reconnaissance faciale du régime chinois, le gouvernement de Pékin va désormais plus loin, en testant, selon un ingénieur informatique ayant participé au projet, un logiciel de reconnaissance des émotions. La technologie aurait été installée dans les postes de police de la province de Xinjiang.

Le Xinjiang sous surveillance quotidienne

Les 12 millions de Ouïghours qu’abrite la province de Xinjiang sont surveillés quotidiennement, et Pékin explique que cela est nécessaire pour éviter des attaques terroristes des groupes séparatistes qui veulent créer leur propre État. Les technologies de surveillance se surpassent sans cesse pour limiter l’intimité et la vie privée, en allant aujourd’hui jusqu’à détecter et suivre l'état d'esprit et les émotions des personnes surveillées. Ce nouvel outil serait capable d’identifier les émotions et de les placer sur un graphique, en signalant les émotions négatives ou les états d'anxiété avec la couleur rouge. Des caméras munies de cet outil ont été installées dans les commissariats de police de la province : "Nous avons placé la caméra de détection des émotions à 3 m du sujet. Elle est similaire à un détecteur de mensonge mais d'une technologie bien plus avancée" explique la source de la BBC. "Le gouvernement chinois utilise des Ouïghours comme sujets de test pour diverses expériences, tout comme les rats sont utilisés dans les laboratoires", a ajouté la source.

La surveillance des Ouïghours à la pointe de la technologie

Selon Darren Byler, de l'Université du Colorado, les Ouïghours doivent régulièrement fournir des échantillons d'ADN aux autorités locales, subir des analyses, et la plupart doivent télécharger une application téléphonique gouvernementale, qui rassemble des données, notamment des listes de contacts et des messages texte, qui sont analysés par les autorités. « La vie ouïghoure consiste maintenant à générer des données», déclare la source de la BBC. La plupart des données sont introduites dans un système informatique appelé “Plate-forme d'opérations conjointes intégrées”, qui, selon Human Rights Watch, a la capacité de signaler un comportement prétendument suspect.

Une technologie "compréhensible" dans le contexte chinois

L'ambassade de Chine à Londres n'a pas répondu aux questions sur l'utilisation des logiciels de reconnaissance émotionnelle dans la province mais a déclaré que les droits politiques, économiques et sociaux et la liberté de croyance religieuse dans tous les groupes ethniques du Xinjiang sont pleinement garantis. Le Dr Lan Xue, président du Comité national chinois sur la gouvernance de l'IA, a déclaré qu'il n'était pas au courant des nouvelles technologies de reconnaissance faciale qui pourraient s’appliquer aux Ouïghours. Il recommande de se méfier de telles accusations qui viennent des sources étrangères à la Chine, mais il trouve le développement de ce type de logiciels plutôt logique : "Je pense que le gouvernement local du Xinjiang a la responsabilité de vraiment protéger la population du Xinjiang... Si la technologie est utilisée dans ce contexte, c'est tout à fait compréhensible", a-t-il déclaré. L'ambassade de Chine à Londres n'a pas répondu directement aux accusations mais affirme que les droits politiques et sociaux de tous les groupes ethniques sont garantis.

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