Les Twitter Files dévoilent comment les pressions de l’administration Biden ont altéré la modération du débat lié au Covid-19
Après avoir dévoilé au grand jour la relation entre Twitter et les agences de renseignement, dont le FBI et la CIA, et révélé les outils utilisés par les modérateurs de contenus, les Twitter Files s’intéressent maintenant au rôle du réseau social dans la modération du débat lié à la politique sanitaire et révèlent la manière dont les tweets en désaccord avec les autorités sanitaires américaines, mais également avec la gauche, “l'affiliation politique de presque tout le personnel de Twitter”, explique David Zweig, ont été classés comme “fausses informations”.
L’auteur David Zweig explique dans un thread comment Twitter a manipulé le débat en “censurant les informations véridiques mais gênantes pour le gouvernement américain et sa politique”, en discréditant les professionnels ou experts ayant des opinions divergentes, et en bannissant des utilisateurs, “certains même ayant partagé les données du CDC” (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies).
Les nouvelles révélations nous apprennent que les deux administrations, celle de Trump puis celle de Biden, ont sollicité Twitter ainsi que d’autres réseaux sociaux pour modérer des contenus ayant trait au covid. Les fichiers internes consultés par David Zweig démontrent que la précédente administration, celle de Trump, était “particulièrement préoccupée” par les “achats de panique” (panic buying) au début de l'épidémie. Les entreprises du numérique, dont Google et Microsoft, ont donc été sollicitées pour “lutter contre la désinformation” qui menait à la “prise d'assaut des épiceries”.
“Fortement orientés vers l’establishment” démocrate
Le ton a surtout été donné avec l’administration Biden, dont les premières demandes concernant le débat sur le Covid portaient sur les “comptes anti-vax”. Une requête ciblait particulièrement le journaliste et écrivain, Alex Berenson, suspendu de Twitter en août 2021, quelques semaines après la déclaration de Joe Biden, accusant les réseaux sociaux de “tuer des gens” en autorisant la désinformation sur les vaccins. Les preuves de la pression exercée par la Maison-Blanche sur Twitter pour agir contre cet écrivain avaient déjà été divulguées lors du procès intenté par Berenson contre le réseau social.
David Zweig rappelle dans son thread que des opinions, dont “des questions légitimes” de médecins, experts et chercheurs scientifiques en désaccord avec la politique officielle, ont été supprimées par Twitter. Il insiste sur les circonstances de ces censures, en expliquant que la “modération a été menée par des bots” incapables de saisir le sens nuancé des tweets. La modération par des employés n’a pas obtenu de meilleurs résultats, puisque la tâche était sous-traitée dans divers endroits à travers le monde. Il était ainsi compliqué, pour ces sous-traitants, de juger des tweets sur des sujets scientifiques et médicaux complexes.
L’auteur américain évoque également les interventions des dirigeants de Twitter pour décider de la suspension ou non de comptes. Un comportement déjà révélé par Michael Shellenberger, qui a démontré comment les dirigeants de Twitter, notamment Roth Yoel et VIjaya Gadde, agissaient comme une “Cour suprême de la modération” et se "démenaient avec les règles” et les politiques de la plateforme afin de pouvoir justifier des bannissements, dont celui de Trump.
Zweig constate dans ce nouveau thread des Twitter Files que sur les questions liées au Covid-19, les responsables de la modération se sont “fortement orientés vers les dogmes de l’establishment”. Le contenu “dissident mais légitime” a été considéré comme étant de la désinformation, dit-il, “et les comptes des médecins et autres ont été suspendus pour avoir tweeté des opinions et des informations manifestement vraies”.
Respecter le CDC au détriment de la vérité
L’auteur revient sur plusieurs cas, comme celui du Dr Martin Kulldorff, épidémiologiste à la Harvard Medical School, dont les tweets, en désaccord avec les autorités sanitaires américaines, mais également avec la gauche, “l'affiliation politique de presque tout le personnel de Twitter”, rappelle Zweig, ont été classés comme “fausses informations”.
Des images d’e-mails démontrent “l’intention” du modérateur de prendre une décision, en affirmant qu’un tweet de Kulldorff violait la politique de désinformation sur le Covid-19.
“La déclaration de Kulldorff était l'opinion d'un expert, qui était également conforme aux politiques de vaccination dans de nombreux autres pays”. Pourtant, le tweet a été classé comme une “fausse information”. Le même tweet a été marqué d’une étiquette “trompeur”, le privant de toutes les interactions et limitant sa visibilité.
Contrairement aux listes noires dévoilées par Bari Weiss qui limitaient la portée de tweets sans la connaissance de leurs auteurs, les étiquettes “trompeur” étaient publiquement affichées. David Zweig explique que les fichier internes contiennent “d'innombrables cas de tweets étiquetés comme ‘trompeurs’ ou entièrement supprimés, déclenchant parfois des suspensions de compte, simplement parce qu'ils s'écartaient des directives du CDC ou différaient des opinions de l’establishment”.
Il s’attarde particulièrement sur un tweet qui se basaient sur les données du CDC, signalé par un bot comme “trompeur” suite à des rapports d’autres utilisateurs avant qu’un modérateur ne confirme “l’étiquetage". “Fait ironique, le même tweet était une réponse à un tweet contenant de véritables fake news, selon lesquels le Covid a été la principale cause de décès par maladie chez les enfants”, relève Zweig.
“Que ce soit modéré par des employés ou par des bots, le contenu qui était contraire aux directives, quoique vrai” était toujours susceptible d'être signalé ou supprimé, poursuit-il. Des tweets se référant à des études scientifiques publiées n’étaient pas épargnés.
Le thread démontre l’ampleur des “penchants politiques” des modérateurs en dévoilant un échange interne, dans lequel l’ex-avocat du FBI et de Twitter, Jim Baker, exigeaient des explications sur la non-suspension d’un tweet de Trump. Ce dernier avait appelé, suite à sa contamination, “à ne pas avoir peur du covid”. Yoel Roth a ainsi répondu que “l’optimisme n’était pas de la désinformation”.
Twitter a “peu fait”, selon la Maison-Blanche
David Zweig souligne que “les dirigeants de Twitter n'ont pas entièrement capitulé devant les requêtes de l'administration Biden”. “Les employés débattaient souvent des cas de modération de manière très détaillée et avec plus d'attention que le gouvernement n'en avait montré envers la liberté d'expression”, affirme-t-il.
Citant un rapport de décembre 2022 de Lauren Culbertson, responsable de la politique publique de Twitter, qui résume les réunions avec la Maison-Blanche, Zweig fait état “de nouvelles preuves de la campagne de pression de la Maison-Blanche” qui “confirment que l'administration a tenté à plusieurs reprises d'influencer directement” le réseau social.
Le rapport dévoile que Biden et ses équipes sont "très en colère", estimant que Twitter n’a pas été plus agressif dans le bannissement de plusieurs comptes.
Twitter est ainsi accusé par cet auteur américain d’avoir, sur la base des orientations politiques de ses cadres supérieurs, contribué à renforcer l’idée selon laquelle “l'approche des autorités de santé publique face à la pandémie était ‘la science’”. Peu importe si les tweets contenaient des informations correctes ou adoptées à l’étranger, “toute remise en cause du point de vue des autorités menait à une modération, voire une suspension”, explique-t-il.
Zweig s’interroge ainsi “à quoi auraient pu ressembler la pandémie et ses conséquences s'il y avait eu un débat plus ouvert sur Twitter et d'autres plateformes de réseaux sociaux”.
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