Les accusations de génocide à Gaza se multiplient contre Israël, alertes sur la famine et les déplacements forcés au nord de l’enclave

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France-Soir
Publié le 15 novembre 2024 - 10:45
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Al-Qattaa / AFP
Al-Qattaa / AFP

Les méthodes de guerre employées lors d'opérations israéliennes à Gaza, particulièrement au nord ces dernières semaines, “correspondent aux caractéristiques d’un génocide”, affirme le Comité spécial de l’ONU. Au moins 220 Palestiniens ont été tués depuis vendredi dernier à Gaza, où Tsahal poursuit aussi bien ses incursions terrestres que ses bombardements. Tel Aviv, qui pilonne aussi le Liban, écarte tout cessez-le-feu avec le Hezbollah tandis que les négociations avec le Hamas sont au point mort après le retrait du médiateur qatari. L’ONU réitère ses alertes sur la famine et la situation humanitaire tandis que les accusations de génocide contre Israël s’accentuent. 

Le weekend dernier, au moins 51 personnes ont été tuées à Gaza. Dans le nord de ce territoire palestinien, théâtre d’une opération terrestre et de bombardements de l’armée israélienne, le bilan des morts se chiffre en centaines de personnes. La défense civile palestinienne avance un chiffre de 1 300 morts en un mois, précisant que beaucoup de corps restent encore sous les décombres. 

Plus de 220 morts en une semaine, 100 000 Palestiniens déplacés dans le nord 

Les forces de Tsahal intensifient leur incursion dans la ville de Beit Hanoun (Nord) et la Défense civile a annoncé mercredi un bilan d’au moins 14 personnes ayant péri dans plusieurs frappes israéliennes. Près de Beit Lahiya, cinq personnes ont été tuées dans un bombardement qui a ciblé un groupe de personnes situé aux abords de l’hôpital Kamal Adwan. Cinq autres personnes ont été tuées dans deux attaques séparées à Nousseirat (Centre de Gaza) où l’armée israélienne a lancé un raid cette semaine.  

Jeudi, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza a annoncé un nouveau bilan de 43 736 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an, soit au moins 228 autres morts depuis vendredi dernier. Au cours des dernières 24 heures, au moins 24 personnes sont mortes. Le nombre de blessés est de 103 370, selon la même source. Un rapport du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, publié vendredi dernier, affirme que les femmes et les enfants ont représenté "près de 70%" des morts dans la bande de Gaza sur la période entre novembre 2023 et avril 2024.  

Les opérations israéliennes dans le nord provoquent également des déplacements forcés et selon l’ONU, quelque 100 000 Palestiniens ont été forcés de fuir le gouvernorat, l’armée israélienne laissant entendre qu’ils ne seraient pas autorisés à y revenir. Il ne resterait qu’environ 75 000 personnes dans le triangle Beit Hanoun-Beit Lahya-Jabaliya. Selon les témoignages d’habitants à Reuters, "la catastrophe de 1948 se répète” et “le nord de Gaza est en train de devenir une grande zone tampon, où Israël mène un nettoyage ethnique sous les yeux d’un monde impuissant". 

Le même rapport du Haut-Commissariat de l'ONU alerte sur la famine, mettant en garde contre “une probabilité imminente et substantielle de famine, en raison de la détérioration rapide de la situation dans la bande de Gaza. Les seuils de famine ont peut-être déjà été franchis ou le seront dans un avenir proche”, affirme-t-on. 

Israël, qui a été sommé par Washington de faciliter l’entrée de l’aide humanitaire, a annoncé l'ouverture mardi d'un nouveau point de passage. Washington a affirmé qu'Israël “n'enfreignait pas le droit américain concernant l'aide humanitaire” entrant dans le territoire mais a appelé à des progrès supplémentaires. Le mouvement palestinien Hamas a critiqué ces déclarations, accusant les États-Unis d'être complices d'une "guerre génocidaire".  

Les accusations de génocide se multiplient 

Mais ce blocage de l’aide humanitaire, ces bombardements, ces incursions terrestres et les autres méthodes de guerre employées valent de plus en plus à Tel Aviv des accusations de génocide. Le Comité spécial de l’ONU, chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes, a affirmé que les méthodes de Tsahal “correspondent aux caractéristiques d'un génocide”, compte tenu des "pertes civiles massives et des conditions imposées aux Palestiniens sur place mettant leur vie en danger intentionnellement". 

Jeudi, Human Rights Watch accusait Tel Aviv de crimes contre l’humanité à Gaza. “Depuis octobre 2023, les autorités israéliennes ont provoqué le déplacement forcé massif et délibéré de civils palestiniens à Gaza, ce qui les rend responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité”. 

Lundi dernier, réunis en Arabie saoudite lors d’un sommet consacré à la situation au Moyen-Orient, les dirigeants des pays arabes et musulmans ont dénoncé un "nettoyage ethnique" et un “génocide” mené par Israël à Gaza. 

Mardi, Washington a affirmé n’avoir pas “perdu espoir” de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, malgré le retrait du Qatar de la médiation. La diplomatie américaine reproche à Tel Aviv et au Hamas de ne pas faire preuve de “volonté et de sérieux”. "Nous poursuivons un certain nombre d'initiatives pour obtenir la libération des otages. C'est en cours. Nous n'avons pas perdu espoir", a déclaré Vedant Patel, porte-parole du département d'Etat de l'administration sortante de Joe Biden. 

Aucun belligérant, aussi bien à Gaza qu’au Liban, ne se montre disposé à accepter les conditions de l’autre. Dans ce pays frontalier à Israël, où Tsahal poursuit ses bombardements, faisant quotidiennement des dizaines de morts, six soldats ont été tués, a annoncé le nouveau ministre israélien de la Défense, Israël Katz. Ce dernier a rejeté l'idée d'un cessez-le-feu, promettant de ne "pas lever le pied" face au Hezbollah libanais. 

Mercredi, le ministère libanais de la Santé a annoncé un bilan de 3 365 morts et 14 344 blessés depuis octobre 2023. 

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