L’ONU réclame à Tel-Aviv une enquête sur “un possible crime de guerre” à Gaza, les appels à un “cessez-le-feu humanitaire” se multiplient

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France-Soir
Publié le 22 décembre 2023 - 12:25
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Bombardement
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Saïd Khatib / AFP
Sud de Gaza, 20 décembre, 2023.
Saïd Khatib / AFP

MONDE - La guerre à Gaza est dans une impasse, aussi bien politique, diplomatique qu’humanitaire. Deux mois et demi après le début du conflit, le bilan à Gaza s’élève à 20 000 Palestiniens, dont 8 000 enfants, morts dans les combats ou sous les bombardements israéliens. Selon le bilan du Hamas, 52 600 personnes ont été blessées. Israel a dénombré 469 soldats et officiers israéliens tués depuis le 7 octobre. L’Organisation des Nations unies (ONU) réclame une enquête sur “un possible crime de guerre”, au moment où une résolution visant à accélérer l’aide humanitaire est négociée au Conseil de sécurité, sur lequel plane un nouveau veto américain. 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à un “cessez-le-feu humanitaire” compte tenu de la situation catastrophique dans l’enclave palestinienne mais les dirigeants palestiniens et Israéliens campent sur leurs positions. Il n’y aurait “aucune négociation” tant que les bombardements ne cessent pas, affirme-t-on du côté du Hamas. Benyamin Nétanyahou, Premier ministre israélien, continue à exclure tout cessez-le-feu à Gaza avant l’élimination de l’organisation palestinienne. Emmanuel Macron, de son côté, rappelle que “lutter contre le terrorisme, ce n’est pas tout raser à Gaza”.

“Un possible crime de guerre” à Gaza

Les pourparlers en Egypte auxquels a pris part le chef du bureau politique du Hamas, Ismël Haniyeh, se sont conclus “sans résultat”. “Aucun accord d’échange ne sera conclu avant un cessez-le-feu final”, a affirmé mercredi le Hamas auprès du Caire. Un représentant de l’organisation a fait savoir que “toutes les parties” ont été informées “qu’aucune négociation” portant sur la libération des otages ne sera menée tant que Tel Aviv n’aurait pas mis fin à ses bombardements sur Gaza. Une position confirmée ce jeudi 21 décembre par le Hamas. “Selon une décision nationale palestinienne, il ne devrait pas y avoir de discussions sur les prisonniers ou d’accords d’échange avant la cessation totale de l’agression”, confirme-t-on dans un communiqué. 

Pourtant, à en croire la Maison-Blanche, les discussions autour d’un possible cessez-le-feu sont “très sérieuses” et Washington a exprimé son souhait qu’elles aboutissent.

Mercredi, au moins trente personnes ont été tuées dans le sud de l’enclave palestinienne, selon le ministère de la Santé gazaoui. Un raid aérien a touché deux maisons dans la ville de Khan Younes, la plus grande dans la région. Israël a d’ailleurs ordonné son évacuation, selon l’ONU. La ville, qui comptait 111 000 habitants avant les bombardements israéliens, abrite actuellement 30 000 Palestiniens supplémentaires, des réfugiés éparpillés dans 32 camps. 

Jeudi 21 décembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a demandé à Tel-Aviv une enquête sur un “possible crime de guerre” à Gaza. Cette réclamation se base sur “des informations inquiétantes”, concernant la mort de “11 hommes palestiniens non armés” dans l'enclave, suite à une intervention de soldats du Tsahal dans un immeuble résidentiel. L’observatoire EuroMed des droits de l’Homme affirme qu’ils “auraient séparé les hommes des femmes et des enfants”, avant de tirer et tuer au moins 11 hommes, “sous les yeux des membres de leurs familles”. 

Une demande qui a suscité une vive réaction d’un officiel israélien, qui a dénoncé une “diffamation” basée sur “des faits non vérifiés” et “non fondés”. “Les Nations unies ne peuvent être considérées comme un partenaire sérieux lorsque leurs organes et agences servent continuellement de porte-voix à la propagande palestinienne et de boucliers aux terroristes du Hamas”, a-t-il déclaré.

Une autre résolution rejetée par le véto américain ?

Une autre agence onusienne, l’OMS, a évoqué une profonde crise humanitaire et a appelé à un cessez-le-feu. Ses membres ont appris que les salles d’opération de l’hôpital Al-Ahli ne fonctionnaient plus en raison de l’épuisement de spécialistes, du manque d’électricité, de carburant, d’eau, de nourriture et de fournitures médicales. Le directeur général de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, rapporte que “le nord de Gaza n’a donc plus d’hôpital fonctionnel”. “Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai cru que la crise à Gaza ne pouvait pas devenir plus horrible. Mais cela s'est reproduit (...) Le carnage doit cesser”, a-t-il ajouté

A cela, s’ajoutent une famine “extrême ou sévère”, à laquelle est confrontée 90 % de la population, ainsi que d’immenses destructions dans l’enclave.

Les appels à un cessez-le-feu se multiplient pendant que des négociations se poursuivaient, jeudi 21 décembre 2023, au Conseil de sécurité de l’ONU, à propos d’une résolution visant à accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire dans l'enclave palestinienne. La résolution, dont le vote a été plusieurs fois retardé depuis le début de la semaine, est tout aussi susceptible d’essuyer un autre veto américain, après celui opposé le 8 décembre contre une résolution appelant à un “cessez-le-feu humanitaire immédiat”.

Un veto critiqué par de nombreux pays, dont la France et la Chine, et le Hamas estime que “l’administration Biden tue le peuple palestinien deux fois, une fois avec ses bombes, une autre en le privant de nourriture et de médicaments”.

Mercredi, le président Emmanuel Macron a de nouveau appelé à une trêve devant “mener à un cessez-le-feu”. “Les semaines passant, on ne peut pas laisser s’installer l’idée que lutter efficacement contre le terrorisme serait de tout raser à Gaza ou d’attaquer de manière indistincte les populations civiles et de faire des victimes civiles”, a-t-il déclaré.

A l’Assemblée nationale, 39 députés des groupes écologiste, du Parti Socialiste et de La France Insoumise ont demandé à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, la levée de l’immunité parlementaire de Meyer Habib (Les Républicains) pour ses propos tenus dans l’hémicycle sur Gaza. 

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