L’Italie de retour à Damas 12 ans après le départ de son ambassadeur, Georgia Meloni en Chine pour relancer les relations Rome et Pékin

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France-Soir
Publié le 30 juillet 2024 - 09:33
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Thian Pool AFP
L’Italie de retour à Damas 12 ans après le départ de son ambassadeur, Georgia Meloni en Chine pour relancer les relations Rome et Pékin
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Rome s’active sur la scène diplomatique. Isolée sur la scène européenne, particulièrement après l’opposition de sa Première ministre à la reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, l’Italie compte bien jouer des coudes et prendre les devants à l’international. Douze ans après le départ du dernier ambassadeur italien, le gouvernement Meloni fait son retour en Syrie en nommant un nouveau chef de mission à Damas, Stefano Ravagnan. Au lendemain de cette décision, Georgia Meloni s’est envolée en solo vers Pékin y rencontrer le président Xi Jinping dans le but de consolider les relations, économiques notamment, entre les deux pays.   

L’Italie est le premier pays du G7 à relancer sa mission diplomatique. Rome a nommé en fin de semaine dernière un nouveau chef de mission, le diplomate Stefano Ravagnan, qui était jusque-là chargé du dossier syrien au ministère italien des Affaires étrangères. Contrairement à son prédecesseur, il ne résidera pas à Bayrouth au Liban mais à Damas. La diplomatie italienne explique cette décision par son objectif de “braquer les projecteurs sur ce pays”, d’où elle a rappelé son ambassadeur en 2012 pour protester contre la “violence inacceptable” du gouvernement el-Assad lors du soulèvement des Syriens. 

L’Italie veut mener la danse en Syrie 

Mais Bechar el-Assad, soutenu par la Russie et l’Iran, contrôle désormais la majeure partie du pays, qui a été sous l’emprise de groupes rebelles et d’organisations terroristes, à leur tête Daech et son califat, proclamé en 2014. Il est temps, aux yeux de l’Italie, de “repenser” sa diplomatie tout comme celle de l’Europe sur la Syrie. Stefano Ravagna devrait prendre ses fonctions prochainement, a précisé Antonio Tajani, ministre italien des affaires étrangères. 

Rome entend ainsi faire fi de sa faible influence dans les cercles de décision européens, particulièrement après les dernières élections, et entraîner l’UE avec elle. “La situation sur le terrain suggère un engagement plus pragmatique”, explique-t-on. Un rétablissement des relations diplomatiques devrait alors “empêcher l’effondrement socio-économique de la Syrie” et, de ce fait, une nouvelle vague de réfugiés, dans un contexte marqué par des tensions au Moyen-Orient. L’Italie était d’ailleurs la co-auteure d’une lettre avec sept autres États de l’UE, adressée à Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, l’appelant à joueur un rôle plus actif en Syrie. 

"Les Syriens continuent de partir en grand nombre, ce qui accroît la pression sur les pays voisins, dans une période où la tension dans la région est élevée, ce qui risque de provoquer de nouvelles vagues de réfugiés", explique-t-on dans la lettre, signée par Chypre, l’Autriche, la République tchèque, la Grèce, la Croatie, la Slovénie ou encore la Slovaquie. Le document déplore également "la situation humanitaire" dans le pays qui s'est "encore détériorée" compte tenu de l’état de son économie, "en ruine". 

Cette lettre, qui met particulièrement l’accent sur la migration, intervient, tout comme le retour d’une représentation diplomatique italienne en Syrie, près de trois mois après l’adoption par l’UE du nouveau Pacte sur la migration et l’asile, une réforme très attendue par les États membres les plus exposés à l’arrivée de réfugiés, comme la Grèce, l’Espagne ou encore l’Italie, malgré quelques réserves subsistantes. Antonio Tajani explique ainsi que Josep “Borrell a chargé le Service européen pour l'action extérieure d'étudier ce qui peut être fait".  

Meloni en mission de réconciliation à Pékin 

Peu après l’annonce du retour d’un “ambassadeur” italien à Damas, Giorgia Meloni s’est envolée pour la Chine pour une visite de cinq jours, à compter de samedi dernier. Il s’agit, déjà, d’apaiser les frictions provoquées par le retrait de Rome du projet phare de Xi Jinping, baptisé “La ceinture et la route” et censée redonner vie aux fameuses routes de la soie. 

Juste avant son arrivée au pouvoir, la Première ministre avait estimé que l'adhésion à ce programme était une "grave erreur". Le chef de la diplomatie italienne affirme que ce “n’était pas un acte d’hostilités à l’égard de la Chine”.  

Il est question, ensuite, de relancer les relations entre les deux pays. Meloni voit en Pékin un “interlocuteur très important” compte tenu de la complexité et l'instabilité de la situation mondiale actuelle. Les deux pays devraient, poursuit-elle, renforcer “leur partenariat stratégique global” et “tirer parti de leurs avantages complémentaires”. 

Pékin et Rome ont signé avant-hier un plan d’action s’étendant sur trois ans, visant à mettre en œuvre les accords passés et trouver de nouvelles pistes pour approfondir la coopération. Un mémorandum de collaboration industrielle a également été signé. Le document porte essentiellement sur les voitures électriques et les énergies renouvelables, des “secteurs dans lesquels la Chine est déjà à la pointe de la technologie depuis un certain temps et partage les nouvelles frontières de la connaissance avec ses partenaires”.  

Le premier secteur cristallise d’ailleurs les tensions grandissantes entre Bruxelles et Pékin depuis début juillet, en raison d’une hausse des droits de douanes imposés sur les véhicules électriques fabriquées en Chine et subventionnés par l’État chinois selon l’UE, qui dénonce une concurrence déloyale. Là encore, Rome entend jouer un rôle actif au sein de l’Europe.  

Devant des centaines d’entreprises chinoises et italiennes, la Première ministre a exhorté Pékin à “combler” le déséquilibre dans les relations économiques entre les deux pays. Les investissements chinois en Italie ne représentent qu’un tiers des investissements italiens en Chine, a-t-elle déploré, prônant des échanges “équilibrés et mutuellement bénéfiques”. 

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