Joe Biden officiellement déclaré sénile par le ministère de la Justice américain (Partie 2 : quelles conséquences ?)

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De New York, Anthony Lacoudre, pour France-Soir
Publié le 14 février 2024 - 15:37
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Robert Hur Biden Partie 2
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Mandel Ngam / AFP
Joe Biden va-t-il être en mesure de se représenter ? Ou peut-il être destitué. La question se pose. De plus en plus.
Mandel Ngam / AFP

MONDE - Le rapport du procureur spécial Robert Hur déclare Joe Biden sénile et inapte à un procès pour infractions liées à des documents classifiés, ce qui pourrait avoir des conséquences sur sa candidature et la stratégie des républicains.

Le 25e amendement de la Constitution 

Les républicains voient dans le rapport du procureur spécial Hur une opportunité unique de destituer le président, sur le fondement du 25e amendement de la Constitution. Celui-ci prévoit en effet que peut être destitué par le Congrès, saisi par le gouvernement, tout Président qui, en raison de son incapacité physique ou mentale, n’est plus capable d’exercer ses fonctions. 

Les démocrates avaient d’ailleurs eux-mêmes utilisé cet argument dans leurs vaines tentatives de destituer Donald Trump lorsqu’il était président entre 2017 et 2020, estimant que ce dernier n’était pas doté de toutes ses capacités intellectuelles. A tel point d’ailleurs, que Donald Trump avait fini par accepter de passer (avec succès) un test cognitif, test auquel Joe Biden a toujours refusé de se soumettre... 

Soit il est mentalement incapable, auquel cas il doit démissionner, soit il est mentalement capable, auquel cas il doit être mis en examen. Joe Biden ne peut pas jouer sur les deux tableaux. Il doit être destitué sur le champ sur le fondement du 25e amendement”, s’est enflammée la représentante de New York Claudia Tenney. 

On ne parle pas du voisin qui erre perdu dans la rue devant sa maison, dans sa robe de bain, nous parlons du leader du monde libre qui ne se souvient plus de son nom. Il dit qu’il parle à des dirigeants européens qui sont morts depuis 30 ans. J’espère juste que Joe Biden, qui a les clefs pour opérer le bouton nucléaire, ne se souvient plus où elles sont”, a commenté avec acidité Greg Gutfeld, commentateur sur Fox News.

La députée Marjorie Taylor Green en rajoute une couche : “Je pense que nous sommes face à une crise de sécurité nationale. S’il n’est pas capable de se présenter à un procès pour se défendre sur des documents officiels volés, il n’est pas capable d’être le Président. Et encore moins d’être réélu pour un second mandat. Le parti démocrate ne peut plus cacher cet état de fait, il faut faire quelque chose.” 

Objectif : Kamala Harris présidente dès maintenant 

Par cette démarche, l’objectif des républicains est clair : faire en sorte que la vice-présidente Kamala Harris devienne présidente en lieu et place de Joe Biden, et ce, avant la fin du mandat de ce dernier.  

La Constitution est claire à ce sujet : si le Président démissionne ou est destitué pour incapacité, son vice-président le remplace de façon automatique. 

Kamala Harris, devenue présidente des Etats-Unis, serait alors la candidate naturelle et incontournable du Parti démocrate à l’élection présidentielle du mois de novembre.  

Contrer la stratégie démocrate du “candidat surprise” de dernière minute  

Cette stratégie des républicains permettrait d’éviter que le Parti démocrate (a priori lors de la convention du mois d'août à Chicago) procède à un remplacement de dernière minute de Joe Biden. 

Les républicains craignent en effet que le Parti démocrate ait adopté comme stratégie depuis le début de la campagne de réélection de Joe Biden de recourir le plus tard possible, à un “candidat surprise” plus jeune et plus viable, susceptible de séduire le corps électoral.  

Avec un tel changement intervenant en fin de cycle électoral (il ne resterait alors plus que deux mois de campagne, septembre et octobre), les électeurs n’auraient pas le temps d’analyser la personnalité, le passé et les propositions du nouveau candidat démocrate.  

Surtout, cela permettrait d’éviter au candidat démocrate de devoir défendre le bilan calamiteux de Joe Biden (et de Kamala Harris), puisque, par définition, ce candidat de remplacement démocrate n’en serait pas responsable. 

Kamala Harris encore plus impopulaire que Joe Biden 

Or, si Kamala Harris est plus jeune que Joe Biden, elle n’est pas une candidate viable. Kamala Harris a réussi l’exploit d’être encore plus impopulaire que Biden !

Certes, 75 % des Américains estiment aujourd’hui que le pays va dans la mauvaise direction (sondage ABC/Ipsos de novembre 2023) et Joe Biden est crédité d’un taux d’impopularité record dans l’histoire récente des Etats-Unis (avec seulement 35 % d’opinions favorables selon le dernier sondage NBC, paru le 2 février dernier). 

Mais Kamala Harris est encore plus impopulaire que Joe Biden, avec seulement 28 % d’opinions favorables (sondage NBC), ce qui fait d’elle la vice-présidente des Etats-Unis la plus impopulaire depuis que les sondages existent !

Kamala Harris n’est pas sénile mais elle est comique 

Il faut dire que depuis 2021, Kamala Harris s’est distinguée par une série d’interventions publiques toutes plus comiques – voire grotesques – les unes que les autres, faisant les délices des médias sociaux moqueurs (et frôlant l’incident diplomatique à maintes occasions).   

Sans parler de ses phrases incohérentes et vides de sens qu’elle répète à longueur de temps, entrecoupées de rires braillards : “The significance of the passage of time”, “We should be looking at what should be”, “The freedom to just be”, “Culture is a reflection of our moment in our time”, “Innovation is the pursuit of what can be, unburdened by what has been”...  

“Elle s’exprime comme un enfant de 8 ans qui fait une présentation à l’école”, font remarquer des observateurs sur les médias sociaux.  

Sans oublier ses collaborateurs qui démissionnent tous les uns après les autres avec fracas. Devant l’ampleur du phénomène, les médias parlent de “Kamala Harris’ staff exodus”, ce qui en dit long sur la personnalité de vice-présidente américaine. 

Kamala Harris incapable de gérer le dossier de la frontière avec le Mexique 

Par ailleurs, les Américains ne lui pardonnent pas l’inconséquence totale dont elle a fait preuve quant à la gestion de la crise migratoire à la frontière mexicaine, dossier qui lui avait pourtant été expressément confié par Joe Biden.  

On se souvient de son interview de février 2022 sur NBC News, lorsque le journaliste Lester Holt lui reprocha de ne s’être jamais déplacée sur la frontière. “Avez-vous le projet de vous rendre sur place ?” lui demanda-t-il. “Nous allons à la frontière. Nous sommes allés à la frontière. Ce sujet de la frontière... Nous sommes allés à la frontière. Nous sommes allés à la frontière” répond-elle, gênée. “Mais vous n’êtes pas allée à la frontière !” rétorque le journaliste. “Et je ne suis pas allée en Europe”, fut sa réponse, suivie d’un rire nerveux...  

Entre 2 et 2,5 millions de migrants clandestins ont été appréhendés à la frontière mexicaine chaque année depuis 2021. Les maires démocrates de Chicago et de New York, dépassés par les flux de migrants, se révoltent ouvertement contre Washington.  

L’Etat du Texas et l’armée fédérale sont presque en état de guerre à propos du contrôle de la frontière, Biden ayant ordonné aux fédéraux de détruire le mur de barbelés élevé par les militaires du Texas pour juguler les flux migratoires. 

Même le révérend Al Sharpton, grande figure des noirs démocrates, dénonce désormais avec véhémence “l’invasion des migrants”

Vers un duel Harris / Trump en novembre ?  

Assurément, un duel Kamala Harris-Donald Trump garantirait une victoire du candidat républicain. Comme le résume bien le site d’analyse Red Eagle Politics, “Kamala Harris va perdre dans la Rust Belt, elle est encore plus détestée qu’Hillary Clinton” (qui a été battue dans cette région en 2016). 

L’avenir proche nous dira si les républicains parviendront à obtenir la destitution ou la démission de Joe Biden d’ici aux élections.  

“Un vote pour Biden, c’est un vote pour la présidente Harris" 

Et même si Joe Biden devait rester le candidat du Parti démocrate jusqu’au bout, de nombreux électeurs démocrates ou indépendants risquent de ne pas montrer beaucoup d’enthousiasme à l’idée de le reconduire pour un second mandat.  

Si, pour une raison ou une autre, il devait passer la main au cours de son second mandat, la perspective de voir Kamala Harris devenir la présidente des Etats-Unis en effraie plus d’un. “Un vote pour Biden, c’est un vote pour la Présidente Harris”, souligne justement Nikki Haley, candidate à la primaire républicaine.   

L’alternative Robert Kennedy Jr.  

Une solution pour ces électeurs en désarroi pourrait consister à reporter massivement leurs voix sur l’autre candidat de gauche en lice, Robert F. Kennedy Jr. (dont le slogan de campagne est :  "Declare your Independence"). D'après le sondage NBC du 2 février dernier, 34 % des Américains sont "en faveur" de la candidature de Kennedy. Donald Trump ne tarit pas d'éloges sur lui : "C'est un type bien. Son cœur est au bon endroit. Et il cartonne !". Don Trump Jr. ajoutant : "RFK Jr. est une alternative phénoménale à Joe Biden"... 

Il semble bien qu’en cherchant à protéger Biden de poursuites pénales, le procureur spécial Robert Hur aura paradoxalement détruit les chances de "Sleepin’ Joe" d’être réélu...  

 

  

 

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