Donald Trump pourra-t-il éviter la cohabitation en novembre 2024 ? (Partie 1)
Alors qu’en ce début d’année, l'attention des observateurs se tourne vers l'élection présidentielle américaine qui se tiendra le 5 novembre prochain, et dont Donald Trump est le grand favori, un autre scrutin tout aussi important se tiendra le même jour : le renouvellement du Congrès.
Plus précisément, les électeurs seront appelés à renouveler l'ensemble de la chambre des représentants, composée de 435 membres élus pour deux ans ainsi qu'un tiers des 100 sénateurs, élus pour six ans (précisément, ce sont 34 sièges de sénateurs qui seront disputés en novembre 2024).
L'enjeu pour le potentiel futur président des Etats-Unis, Donald Trump, sera d'éviter une situation de cohabitation, dans le cas où les démocrates obtiendraient la majorité dans l'une ou l'autre des chambres. Il suffit, en effet, que l'opposition emporte la majorité dans une seule des deux chambres du Congrès pour bloquer le programme législatif du président, la Constitution américaine prévoyant que les projets de loi doivent être adoptés en termes identiques par la chambre haute et la chambre basse.
Barack Obama en cohabitation entre 2010 et 2016, comme Trump en 2018 et Biden en 2022
On se souvient de l'exemple de Barack Obama, brillamment élu en 2008 puis réélu en 2012, mais qui s'est pourtant trouvé en situation de cohabitation durant six des huit années de sa présidence. Le Parti démocrate perdit, en effet, la majorité à la Chambre des représentants au lendemain des élections de mi-mandat de 2010. Puis, lors de la réélection d'Obama en 2012, les républicains réussirent à conserver leur majorité à la Chambre des représentants. Enfin, les républicains obtinrent la majorité dans les deux chambres du Congrès au lendemain des élections de mi-mandat de 2014. L'action du président Obama se trouva ainsi totalement paralysée durant cette longue période de cohabitation.
Plus récemment, le parti de Donald Trump perdit la majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de 2018, ce qui permit aux élus démocrates de la chambre basse de voter à deux reprises son impeachment (Trump fut doublement acquitté par le Sénat en février 2020 et en février 2021).
En novembre 2022, le parti démocrate perdit à son tour la majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de Joe Biden. Depuis lors, Joe Biden n'arrive plus à faire adopter aucune loi (à commencer, par exemple, par les aides financières et militaires à l'Ukraine). Pire, la majorité républicaine de la Chambre des représentants ne cesse de harceler le président depuis maintenant plus d'un an, le comité judiciaire présidé par Jim Jordan (House Judiciary Committee) et le comité de surveillance (du pouvoir exécutif) présidé par James Comer (House Oversight Committee) menant de concert une enquête sur les activités de trafic d'influence de la famille Biden. Le but est de provoquer un impeachment du président, qui pourrait intervenir opportunément au cours de l'année 2024.
Si l'élection avait lieu demain, Trump l'emporterait facilement
Il est donc primordial pour Donald Trump, s'il gagne l'élection présidentielle de novembre 2024, de remporter également la majorité dans les deux chambres du Congrès.
Certes, il faudra attendre le résultat des primaires en juillet prochain pour savoir si Donald Trump et Joe Biden seront bien les candidats du camp républicain et du camp démocrate, mais, pour le moment, tout indique que 2024 verra une répétition du duel Trump/Biden de novembre 2020 ("Biden/Trump rematch").
Alors que la cote de popularité de Joe Biden est à un plus bas historique (le récent sondage de Monmouth University crédite le président d'un taux d'approbation de seulement 34 %, ce qui constitue un score très inférieur à celui dont bénéficiait Trump début 2020), les derniers sondages donnent Donald Trump largement vainqueur des prochaines présidentielles.
Ces sondages indiquent que Donald Trump devrait remporter tout naturellement, comme il le fit en 2016 et en 2020 (avec entre 10 et 45 % de voix d'avance) les grands électeurs des Etats traditionnellement républicains que sont l'Alabama, l'Alaska, l'Arkansas, la Caroline du Sud, le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, l'Idaho, l'Indiana, le Kansas, le Kentucky, la Louisiane, le Mississippi, le Missouri, le Montana, le Nebraska, l'Oklahoma, le Tennessee, le Texas, l'Utah, la Virginie-Occidentale et le Wyoming.
Il arriverait également en tête dans divers Etats qui sont devenus plus récemment des bastions républicains comme l'Iowa (remporté par Trump avec 8 points d'avance en 2016 et 2020), la Floride (Trump gagna dans cet Etat en 2016 et en 2020 alors qu'Obama était arrivé en tête en 2008 et en 2012) ou l'Ohio.
Trump devant Biden dans tous les Swing States
Surtout, Donald Trump est donné favori pour remporter les 93 grands électeurs correspondant aux sept Etats clés (Swing States), à savoir l'Arizona (+ 4 % d'avance pour Trump), la Caroline du Nord (+ 9 %), la Georgie (+ 6 %), le Michigan (+ 4 %), le Nevada (+ 3 %), la Pennsylvanie (+ 2 %) et le Wisconsin (+ 4 %) (source : Bloomberg - Morning Consult, 15 décembre 2023).
L'écart est encore plus grand en faveur de Donald Trump lorsque sont pris en compte des candidats indépendants comme l'écologiste Jill Stein (qui s'était présentée en 2016 mais pas en 2020) ou Robert Kennedy Jr., le dissident démocrate.
Pour mémoire, lors de l'élection présidentielle de 2020, Joe Biden a remporté — de justesse et dans des conditions pour le moins étranges — tous ces Etats à l'exception de la Caroline du Nord (voir notre analyse sur l'élection "miraculeuse" de Joe Biden publiée le 19 janvier 2021).
On rappellera, en effet, qu'en novembre 2020, Joe Biden a finalement été déclaré vainqueur — une fois décomptés les bulletins par correspondance arrivés plusieurs jours après la date de l'élection — en Arizona (avec 10 457 voix d'avance), en Georgie (avec 11 777 voix d'avance) et dans le Wisconsin (avec 20 682 voix d'avance), soit un total combiné de seulement 42 916 voix d'avance pour Biden (sur 10 millions de bulletins exprimés). Trump aurait été réélu en 2020 s'il avait gagné ces trois États…
En tout état de cause, d'après les sondages actuels, si l'élection avait lieu demain, Trump obtiendrait une victoire triomphale avec un total de 312 grands électeurs (il suffit d’en avoir 270 pour être élu), c'est-à-dire plus de grands électeurs qu'en 2016 lorsqu'il en obtint 306 (contre 232 pour Hillary Clinton).
Et même si Joe Biden emportait, par exemple, l'Arizona, le Michigan, le Nevada et le Wisconsin, Trump serait toujours vainqueur avec tout juste 270 grands électeurs...
Anthony Lacoudre est avocat et exerce à New York.
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