Henry Kissinger : Disparition d'un grand spécialiste des relations internationales

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Axel Neuville, France-Soir
Publié le 30 novembre 2023 - 19:35
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Nécro Kissinger
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Joël Saget / AFP
Henry Kissinger était l'incarnation de la "realpolitik", brutalement efficace. Il calculait, il savait, il menait.
Joël Saget / AFP

MONDE - Génie de la diplomatie pour les uns, criminel de guerre pour les autres, Henry Kissinger est décédé ce mercredi 29 novembre 2023, peu de temps après avoir célébré ses 100 ans. Les grands de ce monde lui rendent hommage à leur façon, pendant que les journaux rappellent tantôt ses prouesses, tantôt ses... maladresses.

Juif allemand né en 1923, Kissinger grandit sous le nazisme, avant d'embrasser un destin diplomatique. Il rejoindra les États-Unis pour devenir secrétaire d’État de 1973 à 1977, sous Nixon. Plus que tout, l'homme a marqué les années 1970 en susurrant à l'oreille des plus grands.

En pleine Guerre froide, il sera l'architecte du rapprochement entre les États-Unis et la Chine, l'initiateur de la politique de détente avec l’URSS et la voix des accords de Paris qui ont permis le retrait des troupes américaines du Vietnam. C'est cette dernière action qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 1973.

Il n'est pas tout blanc pour autant. Bombardements au Cambodge, renversement du gouvernement de Salvador Allende au Chili en 1973, appui à l’opération Condor, vaste campagne d’assassinats d’opposants dans six dictatures militaires d’Amérique latine en 1975... Kissinger est l'incarnation de la "realpolitik", brutalement efficace. Il calculait, il savait, il menait.

Parmi toutes ses aventures, le rôle qu'il a tenu au moment de la guerre du Kippour restera l'un des plus marquants, d'autant qu'il n'est pas sans rappeler le conflit israélo-palestinien que l'on connaît aujourd'hui. À une époque où l'Union soviétique avait plus d'influence que les États-Unis au Proche-Orient, Henry Kissinger a réussi la prouesse d'obtenir l'écoute du président égyptien Sadate, tout en prévoyant avec une habileté certaine les puissances de chacun. En octobre 1973, quand l'Égypte et la Syrie se rendent par surprise dans la péninsule du Sinaï et sur le plateau du Golan pour les reconquérir, elles sont censées pulvériser l'armée israélienne. C'est ce qu'il semble d'abord se produire, jusqu'à ce que Kissinger ouvre les vannes d'un support aérien venu des États-Unis pour soutenir Israël, juste à temps. Finalement, malgré leur départ tonitruant, l'Égypte et la Syrie sont aisément repoussées. Reste que moralement, c'est une petite victoire qui ouvre la voie à un règlement des conflits au Proche-Orient.

Plus encore, 1973 fut aussi l'année du premier choc pétrolier, dû à un pic de production des États-Unis, à l'abandon des accords de Bretton Woods, mais également à la guerre du Kippour. De l'intérêt, pour les États-Unis, de se rapprocher des pays de l'OPEP à ce moment-là. Le "chef-d'œuvre machiavélique" d'Henry Kissinger, tel que le décrivait Raymond Aron dans le Figaro en janvier 1977, aura été de voir et prévoir, pour meilleur et pour le pire.

1973, l'année de la guerre du Kippour : en compagnie de Richard Nixon, englué dans le scandale du Watergate, et du Premier ministre israélien Golda Meir (Librairie du Congrès, Washington).

En compagnie du roi Hussein de Jordanie, à Amman, à la toute fin de l'année 1973. (Librairie du Congrès, Washington)

Avec le roi d'Arabie saoudite Fayçal, assassiné au début de l'année 1975. Après le premier choc pétrolier, on dit que Kissinger aurait menacé les Saoudiens, qui contribuaient selon lui à "l'étranglement du monde industrialisé", de l'arme nucléaire.  (Librairie du Congrès, Washington)

Génie de la diplomatie pour les uns, criminel de guerre pour les autres, l'histoire pourra-t-elle juger ? (Roberto Schmidt/AFP)

 

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