Gestion des finances publiques aux Etats-Unis. Bush, Obama, Trump et Biden, les autres Mozart de la finance

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Anthony Lacoudre pour France-Soir
Publié le 31 octobre 2024 - 15:39
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Hatcher / AFP
Barack Obama
Hatcher / AFP

George W Bush a doublé la dette publique américaine 

Après des décennies de plutôt saine gestion des finances publiques américaines, la dette publique fédérale américaine doublera au cours des deux mandats de George W. Bush (2000 - 2008), passant de $5.807 milliards à $11.909 milliards (dont environ $2.000 milliards occasionnés par l'invasion de l'Irak d'après Brown University). George W. Bush détient donc le record historique d'avoir augmenté la dette publique à lui seul (+ $6.102 milliards) d'un montant supérieur à la dette accumulée par l'ensemble de ses prédécesseurs depuis George Washington ($5.807 milliards). 

Barack Obama a réussi à faire encore pire que George W. Bush 

Barack Obama réussira au cours de ses deux mandats (2008-2016) à faire encore pire que son prédécesseur, en augmentant la dette publique à hauteur de $8.335 milliards, la faisant ainsi passer de $11.909 à $20.245 milliards (dont $500 milliards générés par le sauvetage des banques lors de la crise de 2008 d'après MIT Management Sloan School). C'est sous ses auspices qu'en août 2011, la dette publique dépassa le seuil de 100 % du PIB des Etats-Unis, ce qui avait valu aux Etats-Unis de perdre leur AAA aux yeux de l'agence de notation S&P.  

Donald Trump avait stabilisé les dépenses publiques avant la tornade de la crise du Covid 

En janvier 2021, lorsque Donald Trump (2016-2020) remet les clefs de la Maison Blanche à Joe Biden, la dette publique est de $28.428 milliards. Le 45° président des Etats-Unis n'aura donc pas brillé par sa gestion des finances publiques, même s'il peut mettre en avant l'excuse de la crise du Covid ayant frappé le pays au début de l'année 2020 (à la fin de son mandat).  

Pour donner un ordre de grandeur, lors des 2 dernières années de Barack Obama, les dépenses publiques fédérales furent de l'ordre de $4.800 milliards (2015) et de $5.000 milliard (2016). Donald Trump maintiendra ce niveau de dépense pendant les années 2017, 2018 et 2019 ($5.300 milliards en 2019) si bien que la dette n'augmentera "que" de $3.300 milliards en 3 ans.  

Mais les dépenses passeront à $7.700 milliards en 2020 ! Ainsi, la loi de Finances pour 2020 (approuvée en décembre 2020 par le Congrès, dont la chambre basse est sous majorité démocrate depuis les élections de mi-mandat de novembre 2018) a occasionné à elle seule un déficit budgétaire de $3.100 milliards, correspondant à 14,9 % du PIB !  

Au cours de l'année 2020, en réaction à la crise du Covid, le Congrès adoptera en fait une série de programmes de relance par la dépense publique, dont notamment en mars 2020 le CARES Act ($2.100 milliards) et, en décembre 2020, le Covid 19 Relief Act ($900 milliards), et ce, en dépit des menaces de véto de la part de Donald Trump (véto qu'il n'utilisera pas in fine, sauf contre la loi de programmation budgétaire des armées de $740 milliards - ce véto sera du reste outrepassé lors d'une session historique du Congrès tenue le 1er janvier 2021). 

Il n'en demeure pas moins qu'avec une augmentation de la dette publique fédérale américaine de $8.184 milliards en 4 ans, le mandat de Donald Trump restera également dans les annales comme un mandat "record" en termes de mauvaise gestion des finances publiques. 

Joe Biden a augmenté la dette publique de $7.400 milliards en 4 ans  

Après 4 années de règne de Joe Biden (2020-2024), la dette atteint aujourd'hui le montant astronomique de $35.832 milliards, correspondant à 122 % du PIB (PIB de $29.300 milliards). Soit une augmentation de la dette publique américaine de $7.400 milliards en l'espace de 4 années.  

Entre 2021, 2022 et 2023, Joe Biden a maintenu la dépense publique à hauteur de $6.200 milliards par an environ, ce qui est extrêmement élevé, même dans un contexte de sortie de crise du Covid, du fait de l'adoption des lois de relances American Rescue Plan ($1.900 milliards), American Infrastructure Investment & Job Act ($1.200 milliards) et Inflation Reduction Act signées respectivement par Joe Biden en mars 2021, novembre 2021 et août 2022.  

Et encore, les contribuables américains ont échappé de justesse à un plan de relance additionnel de $3.500 milliards proposé en mars 2021 par Joe Biden, le Build Back Better Bill, grâce à l'opposition courageuse et obstinée du sénateur démocrate Joe Manchin, qui finit par faire tomber le projet en décembre 2021. En 2023, l'agence Fitch Ratings rejoignait S&P en abaissant la note de la dette américaine de AAA à AA+. 

"Toute l'augmentation de la dette d'aujourd'hui est due à la dépense publique massive et hors de contrôle, dont sont responsables les deux partis" précise Stephen Moore, du think-tank Heritage Foundation. 

Un budget 2024 qui part en vrille 

Qui plus est, pour 2024, le dernier budget de Joe Biden (l'année fiscale se termine le 30 septembre 2024) fait apparaître des dépenses de $6.800 milliards (en hausse de 10 % par rapport à 2023 ), générant un déficit de $1.800 milliards (les recettes fiscales atteignant $5.000 milliards), correspondant à 6,8% du PIB. Soit à peu près le même chiffre que celui attendu pour le déficit budgétaire de la France en 2024.  

Le déficit américain de cette année aurait même dû être de $2.000 milliards si la Cour Suprême n'avait pas abrogé l'année dernière l'ambitieux programme d'abandon des dettes des étudiants ("student loan forgiveness" de $500 milliards) mis en place de façon illégale par le président par voie d'ordonnances. 

Les intérêts de la dette payés par les Etats-Unis cette année ont atteint près de $950 milliards par an (en hausse de 34 % par rapport à 2023 en raison de l'augmentation des taux d'intérêt), ce qui représente un montant supérieur au budget de la défense ($820 milliards). Les Etats-Unis s'apprêtent donc à dépenser un trillion de dollars par an rien qu'au titre du service de la dette.  
 

"La vérité, c'est que l'héritage de Joe Biden est entièrement axé sur la dépense publique à des niveaux sans précédent. Le président et son gouvernement n'ont rien réparé. Ils n'ont amélioré l'efficacité d'aucun aspect des services publics fédéraux. En tant que membre à vie du Congrès avec zéro expérience du secteur privé, son CV dépend essentiellement de combien il extorque auprès des contribuables et de quelle façon il distribue l'argent à des blocs d'électeurs spécifiques" (The Hill, "Joe Biden's extremist spending is a danger to the US" - article du 4 janvier 2024). 

Donald Trump promet de réduire les impôts s'il est élu 

Déjà en 2016, il avait fait cette proposition et il a tenu parole en faisant adopter par le Congrès en décembre 2017 sa loi de réforme fiscale, la plus importante adoptée depuis des décennies aux Etats-Unis. Ainsi, depuis le 1er janvier 2018, le taux de l’impôt sur les sociétés est passé de 35 % à 21 %. De même, la tranche marginale de l’impôt sur le revenu a été réduite de 39,6 % à 37 % et 99 % des successions aux Etats-Unis sont exonérées grâce à l’introduction d’un abattement de 10 M$ (actuellement 13,6M$ après inflation). 

Cette fois-ci, il propose de baisser les prélèvements obligatoires de $3.000 milliards sur 10 ans (estimation de la Tax Foundation), notamment en augmentant les dépenses déductibles des ménages de leurs revenus imposables (par exemple les intérêts d’emprunt pour l’achat d’une voiture made in USA), en augmentant de $2.000 à $6.000 le crédit d’impôt par enfant à charge, en élargissant la liste de revenus non-imposables (notamment les prestations sociales, les pourboires et la rémunération des heures supplémentaires) et en réduisant encore le taux de l’impôt sur les sociétés à 20 % et même à 15 % pour les sociétés fabriquant leurs produits aux Etats-Unis. « Je vais réduire massivement les impôts des travailleurs et des entreprises » martèle Donald Trump dans ses discours. 

Il propose en parallèle de supprimer des crédits d’impôts écologiques mais surtout d’augmenter fortement les droits de douane, notamment sur les impositions chinoises (qui seraient taxées à 60 %) mais, au global, les baisses d’impôts proposées risquent de creuser encore un peu plus le déficit budgétaire. 

Le Comité pour un Budget Fédéral Responsable estime que les propositions du candidat républicain augmenteraient la dette publique de $7.750 milliards sur 10 ans.  

Pour contrer cette critique, Donald Trump propose de réduire les dépenses publiques fédérales. Plus précisément, il a annoncé le 13 octobre sur Fox News qu’il confierait cette mission à son nouvel ami Elon Musk, en créant le poste de « Secretary of Cost Cutting » (Secrétaire à la réduction des coûts). « Il y a beaucoup de gras à couper dans le gouvernement, beaucoup d’agences à supprimer » précise Donald Trump à ce sujet. 

Elon Musk, lors du meeting électoral tenu le 27 octobre dernier au Madison Square Garden à New York City avec Donald Trump, a révélé qu’il comptait réduire d’au moins $2.000 milliards la dépense publique, en précisant : « A la fin de la journée, vous êtes taxés. Toute dépense gouvernementale correspond à de la taxation, que ce soit sous forme de taxation directe ou d’inflation. Votre argent est dépensé n’importe comment mais notre action sur la dépense publique efficace va réparer cela. Le futur va être fantastique !!! ».  

Kamala Harris propose une hausse massive à la fois de la dépense publique et des impôts 

De son côté, Kamala Harris n’a aucune intention de réduire la dépense publique. Bien au contraire. L'université de Pennsylvanie estime que la candidate démocrate propose environ $2.300 milliards de hausse des dépenses publiques sur 10 ans. Par exemple, elle envisage de donner $20.000 de subventions aux hommes afro-américains qui créent une entreprise (« Opportunity agenda for black men »), subvention qui vient s’ajouter à une déduction fiscale annuelle proposée de $50.000 attribuée aux PME. Elle propose également une subvention de $25.000 aux primo-accédants, etc... Avec Kamala Harris, l'argent tombera du ciel par magie pour les Américains, ce qu'elle désigne sous le slogan : "An Opportunity Economy" (une économie d'opportunité). 

S’agissant des recettes, la candidate démocrate propose une série d’augmentations des impôts, qui rapporteraient $1.700 milliards sur 10 ans d’après l'institut Tax Foundation, tout en faisant baisser le PIB de 2 % et détruisant 768.000 emplois d'après l'institut.  

Les hausses les plus spectaculaires consistent à augmenter le taux de l’impôt sur les sociétés à 28 %, à augmenter de 15 % à 21 % l’imposition minimum des sociétés introduite par Joe Biden en 2022, à quadrupler la taxation des rachats d’actions (passant de de 1% à 4%), à taxer les dividendes à 28 % (au lieu de 20 % actuellement) et à taxer à 25 % les plus-values latentes des foyers les plus aisés. Au total, les propositions de Kamala Harris aboutiraient à une augmentation de la dette publique de $3.950 milliards sur 10 ans d’après le Comité pour un Budget Fédéral Responsable. 

Si cela peut consoler les Français, Emmanuel Macron n'est donc pas le seul Mozart de la finance à œuvrer dans le monde occidental. 

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