Gaza : bombardements à Rafah, pourparlers au Caire, troisième veto US à l'ONU

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France-Soir
Publié le 23 février 2024 - 15:59
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Gaza 23 février 2024
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Saïd Khatib / AFP
Dans le centre de Rafah, la mosquée al-Faruq a été réduite à l'état de ruines lors d'un raid aérien (22 février 2024).
Saïd Khatib / AFP

MONDE - Du chaos, de la violence et un désespoir sans précédent règnent à Gaza, cinq mois après le début de la guerre. Au moment où débutent, au Caire, des pourparlers pour une trêve, de nouveaux bombardements ont ciblé la ville de Rafah, au sud de l’enclave palestinienne. Accusations de “génocide”, appels à un cessez-le-feu immédiat et troisième véto américain : le conflit exacerbe les tensions diplomatiques tandis que l’ONU et ses agences alertent sur une “situation sanitaire et humanitaire inhumaine”. Rien n’y fait. Tel-Aviv s’obstine à poursuivre ses opérations jusqu’à une victoire totale à laquelle une majorité d’Israéliens ne croit pas selon un sondage. 

Israel a mené une dizaine de frappes aériennes dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 février à Rafah, ville frontalière avec l’Egypte, surpeuplée de réfugiés qui s’y replient depuis le début du conflit. A Khan Younès, épicentre des combats depuis plusieurs semaines, un char israélien a ciblé une des résidences de l’ONG Médecins sans frontières (MSF), tuant deux membres de la famille d’un de ses employés. Vendredi dernier 15 février, l’armée israélienne annonçait l’arrestation de dizaines de suspects à l’hôpital Nasser, dont “plus de 20 personnes” considérées comme membres du Hamas et accusées d’avoir pris part à l’attaque du 7 octobre. 

Près de 30 000 morts et 70 000 blessés selon le Hamas

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état ce jeudi 22 février 2024 de 118 morts en 24 heures, portant le bilan total à 29 410 morts et 69 465 blessés à Gaza. De son côté,Tsahal dit avoir éliminé 12 000 “terroristes” depuis le 7 octobre. Le bilan humain pour l’armée israélienne s’élève à plus de 1 500 décès et 14 341 blessés. 

Des combats acharnés se poursuivent au moment où la situation humanitaire cristallise toutes les inquiétudes. Mardi, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est dit contraint de stopper ses livraisons d'aide suite au pillage, par des Gazaouis affamés, de camions. L’agence onusienne a de nouveau suspendu sa distribution d’aide “face au chaos et la violence” que subit Rafah. Le PAM se dit le témoin “d’un désespoir sans précédent”. "Des gens meurent déjà de causes liées à la faim” et la situation au nord de Gaza est "extrême". 

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) décrit une situation "sanitaire et humanitaire inhumaine". "Dans quel monde vivons-nous lorsque les gens ne peuvent pas se procurer de la nourriture et de l'eau, ou lorsque des personnes qui ne peuvent même pas marcher ne peuvent pas recevoir de soins ?", a-t-il déclaré depuis Genève, siège de l’organisation.  

L’inquiétude est également palpable dans la communauté internationale, qui accentue ses appels à un cessez-le-feu. Des pourparlers ont débuté jeudi 20 février au Caire, où s’est rendu le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Dirigées, entre autres, par le Qatar et les États-Unis, ces discussions portent sur un projet de trêve de six semaines, un échange d'otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël et l'entrée à Gaza de l'aide humanitaire. 

Ismaïl Haniyeh accuse Israël de saboter les efforts pouvant aboutir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. De son côté, Benny Gantz, ministre et membre du cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahou, a évoqué les “premiers signes” d'un accord sur les otages. Tel-Aviv menace de lancer son offensive terrestre à Rafah si cet accord ne se concrétisait pas. 

Le porte-parole du département d'Etat US, Matthew Miller, a fait part de la volonté de la Maison-Blanche de “trouver un accord le plus rapidement possible”. Sa déclaration intervient au lendemain du troisième véto américain, cette fois-ci contre un projet de résolution présenté au Conseil de sécurité de l’ONU par l’Algérie, exigeant "un cessez-le-feu humanitaire immédiat qui doit être respecté par toutes les parties". Le texte s'opposait aussi au "déplacement forcé de la population civile palestinienne". "Un vote pour ce projet de résolution est un soutien au droit des Palestiniens à vivre. A l'inverse, voter contre signifie un soutien à la violence brutale et à la punition collective qui leur est infligée", a prévenu, juste avant ce vote, l'ambassadeur algérien Amar Bendjama. 

L'Etat d'Israël à nouveau accusé de génocide 

Les critiques pleuvent sur Washington. Le Hamas considère le veto comme un “feu vert” qui va permettre à Tel-Aviv de “perpétrer davantage de massacres" tandis que la Chine regrette que “les États-Unis se soient encore une fois singularisés en opposant leur veto, rendant la situation à Gaza encore plus dangereuse. Les parties concernées, dont la Chine, ont exprimé leur forte déception et leur mécontentement”. Pour l’ambassadeur français au Conseil de sécurité, Nicolas de Rivière, “le bilan humain et la situation humanitaire à Gaza sont intolérables et les opérations israéliennes doivent cesser".  

Le soutien de Washington à Tel-Aviv a été réitéré jeudi devant la Cour internationale de justice de La Haye. Lors des audiences sur les conséquences juridiques de l’occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967, auxquels 52 pays sont appelés à témoigner, les États-Unis estiment qu’Israël “ne devrait pas être légalement contraint de se retirer des territoires palestiniens occupés sans garanties de sécurité”.  

En plus de cette occupation, Israël a annoncé le recrutement de “Palestiniens sans lien avec le Hamas” et l’Autorité palestinienne pour gérer les affaires civiles dans certains secteurs de la bande de Gaza, sélectionnés comme des “poches humanitaires” visant à expérimenter l’administration future du territoire. 

L’occupation de la Cisjordanie, le rejet par Tel-Aviv de toute possibilité de création d’un État palestinien ainsi que la guerre à Gaza minent peu à peu les relations diplomatiques d’Israël avec de nombreux pays. Après le président brésilien Lula, qui a comparé l’opération militaire israélienne au nazisme, ses homologues colombien et bolivien, Gustavo Petro et Luis Arce, ont accusé Israël de génocide. 

Au Parlement britannique, des scènes chaotiques ont fait le tour des médias, le speaker de la chambre ayant permis le dépôt d’un amendement sur une motion du parti indépendantiste écossais, SNP. La motion appelait à un “cessez-le-feu immédiat” et exigeait la “fin de la punition collective contre le peuple palestinien” mais le Labour Party a introduit un amendement appelant uniquement à un “cessez-le-feu humanitaire immédiat”. Le speaker, Lindsay Hoyle, qui a immédiatement fait l’objet d’appels à démissionner, a fini par présenter ses excuses.  

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