En Nouvelle-Zélande, le confinement a provoqué une "dette immunitaire" chez les enfants
Face à la pandémie de covid-19, le confinement et l’ensemble des restrictions de déplacement ont-ils été efficaces pour limiter la propagation du virus ? La question reste ouverte, mais de nombreux épidémiologistes dont John Ioannidis, considéré comme l’un des meilleurs scientifiques dans sa spécialité, ont répondu par la négative. Certains chercheurs avançent même qu’il aurait été extrêmement néfaste puisque la contamination intrafamiliale y aurait été favorisée.
Mais au-delà du Sars-Cov 2, il y a toutes les conséquences directes et indirectes du confinement à analyser, ce qui prendra sans doute plusieurs années. On a commencé à évaluer les répercussions de la fermeture de certains services et des retards en diagnostiques. Récemment, le journal The Guardian fait état d’un problème nouveau survenu chez les jeunes enfants néo-zélandais qui tombent malade en grand nombre, atteints d’une pathologie appelée le virus respiratoire syncytial (VRS). Très courant chez les enfants qui le contractent en général durant la première année de vie, il affecte les poumons et les voies respiratoires. Si la plupart d’entre eux font une forme sans gravité, l’infection est parfois plus sérieuse chez les nourrissons.
Aujourd’hui, à Wellington, la situation semble plus critique que d'habitude et le VRS affecte les enfants de manière beaucoup plus virulente puisque 46 sont hospitalisés et beaucoup sont sous oxygène.
Cette situation, que l’on retrouve dans tout le pays, serait d’après les médecins et les pédiatres, directement liée au confinement et aux différentes mesures de distanciations. Ils parlent de « dette d’immunité » ; le système immunitaire des enfants aurait été affecté et fragilisé parce qu’ils n’ont pas été exposés à toute une série de microbes et de virus en raison de l’éloignement, de l’enfermement mais également à cause d’un hygiénisme sanitaire poussé à l’extrême par l’utilisation systématique des désinfectants.
L’épidémiologiste et professeur de santé publique Mickael Baker a utilisé la métaphore des feux de forêts pour expliquer ce phénomène : lorsqu'une ou deux années s’écoulent sans feu, il y a une accumulation de combustibles sur le sol pour alimenter les flammes. Le feu qui survient à la troisième année est alors beaucoup plus intense et dévastateur. « Ce que nous observons aujourd’hui, c’est que nous avons accumulé un grand nombre d’enfants sensibles qui n’ont pas été exposés, et qui y sont confrontés pour la première fois », a déclaré le docteur Baker.
Se voulant rassurant, il ajoute que la situation actuelle ne signifie pas nécessairement que le nombre d’enfants hospitalisés va continuer d’augmenter. Il est possible que tous les cas soient regroupés sur une période très courte au lieu d’être répartis sur plusieurs années. Espérons-le, car pour le moment les hôpitaux de tout le pays sont submergés et certains lieux qui n’étaient pas dédiés aux soins, comme la salle de jeu de l’hôpital Middelmore d’Auckland, ont été transformés d'urgence en espace clinique avec onze lits pour bébés à soins spéciaux.
Le débat sur les effets néfastes des confinements est aussi lancé au Royaume-Uni, depuis que le secrétaire d'État à la santé Sajid Javid a brisé la glace, soulignant notamment les nombreux cancers non-traités. Cette réflexion rejoint celle du Pr Martin Kulldorff qui nous disait en mars dernier que « les confinements produisent des effets dévastateurs sur la santé publique à court et long terme ».
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