Brexit : le séisme est mondial, David Cameron démissionne

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 juin 2016 - 18:44
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Le Premier ministre britannique, David Cameron.
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Le taux de participation du référendum était de 72,2%.
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Le monde a appris avec stupeur ce vendredi la victoire du Brexit, engageant le départ des Britanniques de l'Union Européenne et poussant le Premier ministre David Cameron à la démission. En quelques heures seulement, la City a plongé ainsi que les bourses française et allemande. Des négociations entre le Royaume-Uni et le bloc vont commencer, avec la volonté d'accélérer au maximum la procédure de sortie.

Jeudi 23 juin, les Britanniques ont décidé de quitter l'Union européenne, un désaveu terrible pour 60 ans de construction européenne qui a provoqué un vendredi noir sur les marchés mondiaux et poussé à la démission le Premier ministre conservateur David Cameron. Selon les résultats définitifs publiés vendredi matin, 51,9% des électeurs ont voté pour le Brexit lors du référendum de la veille, marqué par une participation importante (72,2%). L'ensemble des marchés mondiaux a été gagné par la panique, les Bourses de Paris et Francfort plongeant avec des valeurs bancaires en déroute. "C'est l'un des plus gros chocs sur les marchés de tous les temps", a estimé Joe Rundle, analyste chez ETX Capital.

Les résultats montrent un pays divisé, avec Londres, l'Ecosse et l'Irlande du Nord qui voulaient rester, tandis que le nord de l'Angleterre ou le Pays de Galles ont largement voté contre. Partisan du maintien dans l'UE, en première ligne pendant la campagne, le Premier ministre conservateur David Cameron en a rapidement tiré les conclusions en annonçant sa démission lors d'une brève allocution devant le 10, Downing Street. "Les Britanniques ont pris une décision claire (...) et je pense que le pays a besoin d'un nouveau leader pour prendre cette direction", a déclaré M. Cameron, en précisant qu'il resterait en place jusqu'à l'automne et la désignation d'un nouveau leader par son parti. M. Cameron, qui avait été à l'origine du référendum, a ajouté qu'il appartiendrait à son successeur de lancer la négociation avec l'UE sur le processus de sortie de son pays du club des 28, devenus 27.

Entré dans le bloc européen en 1973, le Royaume-Uni est le premier pays à le quitter après 60 ans de construction européenne. Le départ de la cinquième puissance économique mondiale a fait plonger les marchés mais aussi la livre britannique, et la Banque d'Angleterre a été obligée de faire savoir qu'elle était prête à débloquer 250 milliards de livres (326 milliards d'euros).

Ignorant les menaces de désastre économique brandies par le camp du maintien et les institutions internationales, les Britanniques ont préféré croire aux promesses de reconquête de leur indépendance vis-à-vis de Bruxelles, comme à celle d'arrêter l’immigration en provenance de l'UE. Ils ont rompu avec un projet dans lequel ils étaient entrés à reculons, voyant dans l'UE avant tout un grand marché unique, sans s'engager dans le projet politique. "C'est le côté émotionnel qui l'a emporté", a constaté le Pr Iain Begg, de la London School of Economics. La décision des Britanniques constitue un terrible désaveu pour une Union déjà affaiblie par la crise des réfugiés et la persistance de la crise économique. "Le vote des Britanniques met gravement l'Europe à l'épreuve", a déclaré le président français François Hollande en appelant l'Europe à "se concentrer sur l'essentiel": sécurité, investissement, harmonisation fiscale et sociale. Sur le même ton, la chancelière allemande Angela Merkel a regretté "un coup porté à l'Europe" et au "processus d'unification européenne".

Alors que les mouvements populistes prospèrent à travers l'Europe, avec comme dénominateur commun la critique de Bruxelles et des establishments, le Brexit pourrait provoquer une réaction en chaîne. Au vu des résultats britanniques, la chef de l'extrême droite française Marine Le Pen (FN) a immédiatement appelé à un référendum en France. Et le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders a réclamé la même chose pour les Pays-Bas. En visite en Ecosse, le candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump, a lui salué une nouvelle "fantastique", y voyant un parallèle avec le soutien dont il jouit aux Etats-Unis. Face au spectre de la décomposition, le président du Conseil européen Donald Tusk a assuré que l'UE était "déterminée à garder son unité à 27". Les chefs de la diplomatie des six pays fondateurs de l'Union se réuniront samedi à Berlin pour tirer les leçons de ce vote. Mme Merkel a également annoncé avoir invité lundi à Berlin François Hollande, Donald Tusk, et le Premier ministre italien Matteo Renzi, avant un sommet européen post-Brexit à Bruxelles, mardi et mercredi.

Londres va à présent entrer dans un long tunnel de négociations avec l'UE sur les conditions de sortie, un processus qui pourrait durer jusqu'à deux ans. En attendant, le Royaume-Uni restera lié par les accords existants. Mais les dirigeants des institutions de l'UE ont pressé vendredi le pays de lancer "dès que possible" cette procédure en se disant "prêts".

Au Royaume-Uni, la démission de M. Cameron pose la question de sa succession, le chef de file conservateur de la campagne pro-Brexit Boris Johnson, ancien maire de Londres, étant pressenti pour le remplacer. Sortant de chez lui vendredi matin, il a été hué, et traité de "connard" par une foule d'une centaine de partisans du maintien dans l'UE. Le leader du parti europhobe Ukip, Nigel Farage a lui immédiatement appelé à la formation d'un gouvernement qui reflète le camp du "Leave".

S'il menace l'économie du Royaume-Uni, le Brexit risque également de mettre en péril son intégrité. La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, chef des nationalistes du SNP, a déclaré ainsi vendredi que la possibilité d'un second référendum d'indépendance dans sa région était désormais "sur la table". En Irlande du Nord, le Sinn Fein, favorable au maintien dans l'UE, a lui appelé à un référendum sur une Irlande unifiée. Et Madrid a estimé que le Brexit lui permettrait de récupérer Gibraltar, alors que Londres cherchait à rassurer les habitants de cette enclave britannique au sud de l'Espagne. Le Royaume-Uni va aussi devoir s'atteler à panser les blessures occasionnées par une campagne référendaire au ton particulièrement violent, marquée par le meurtre d'une députée pro-UE, Jo Cox, et la désignation des immigrés comme boucs émissaires de nombre de problèmes.

 

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