En Allemagne et en Autriche, les personnalités politiques opposées à la guerre donnent de la voix
Le leader historique des Verts allemands, Jutta Ditfurth, vient de lancer une attaque en règle contre le porte-lance de la belligérance en Allemagne, Annalena Baerbock, actuellement ministre des Affaires étrangères et... chef du Parti Vert.
Le Forum économique mondial plante ses graines
Membre du Conseil municipal de Francfort sous l’étiquette "Vert dissident", Jutta Ditfurth dénonce le rôle de la protégée du Forum économique mondial (FEM) sur son compte Twitter. Pour ce faire, elle s'appuie notamment sur un article de Norbert Haering relatif à Mme Baerbock et au FEM : "Pourquoi Baerbock serait, grâce au Forum économique mondial, un successeur très compétent pour Merkel ?"
Elle tweete : "Comment est-ce possible qu’un membre du Parti Vert, sans signe distinctif particulier — si ce n'est l’ambition et la vanité, puisse en un battement de cils devenir un faucon pro-OTAN ? Un jour, j'aimerais bien savoir qui exactement l'a préparée pour ce rôle, et qui l'a guidée."
On en apprend davantage dans l'article qu'elle partage :
"Annalena Baerbock a été formée comme Young Global Leader par le FEM en 2020… tout comme Angela Merkel [l’ex-chancelier, ndlr] en 1992, J-M. Aznar, José Barroso, Tony Blair ou Nicolas Sarkozy. Angela Merkel était à l’époque un tout nouveau ministre de la condition féminine... Donc, soit le FEM avait un 6ème sens quant à sa volonté de fer politique, ou bien les étages de direction en politique ne sont essentiellement ouverts qu’à ceux bénéficiant de certains grands groupes capitalistiques. [...]
"Les heureux élus tels qu'Annalena Baerbock, âgés de 38 ans au plus, doivent se soumettre à un programme de cinq ans de formation au leadership. Ce programme est financé par Klaus Schwab en personne… et par les dons desdits grands groupes. Ils se soumettent aussi à un séminaire pour l’élite au John F. Kennedy School of Government à Harvard... et sont présentés à des chefs d’État et de gouvernement des pays dominants. [...]
"En 2016, Emmanuel Macron et Jens Spahn [ministre de la Santé allemand de 2018 à 2021, ndlr] furent les heureux élus. En plus des désormais 1 300 Young Global Leaders […] en 2012, le FEM a souhaité former des membres de l’élite mondiale plus jeunes… dès la vingtaine. Ce sont les désormais 10 000 Global Shapers dispersés sur 428 villes nommées hubs dans 148 pays. Lorsque ces jeunes se montrent suffisamment ambitieux et dociles, ils font carrière… et ont déjà leur fondation dédiée au FEM."
Jutta Ditfurth avait pointé, dès l’automne de 2020, un entretien remarquable de Mme Baerbock à SDZ. Celle qui n’était alors que chef du Parti Vert s’y vantait d’avoir "parlé plusieurs fois avec le président Macron de l’éventualité d’une présence des Verts au gouvernement", et surtout "au sujet d’interventions militaires robustes [au niveau européen, ndlr]". Dans cet entretien, elle semblait lire dans les cartes le scénario en Ukraine tel qu’il se déroule aujourd'hui : ne pas laisser le champ libre à la Russie, la Chine ou la Turquie et s’assurer "de plus gros investissements dans différents domaines, pour que les armes à feu fonctionnent et les dispositifs de vision nocturne soient opérationnels". Se félicitant de la défaite de Donald Trump, Annalena Baerbock se déclarait pour "un nouveau positionnement stratégique", assurant qu'il s’agit de revoir "les capacités de l’OTAN et la division spécifique des responsabilités".
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Jutta Dittfurth conclut avec une nouvelle salve de tweets contre les soi-disant "pacifiques" Verts :
"Où étiez-vous, vous les Verts nouveaux enthousiastes des armements lourds, quand il s’agissait de montrer votre empathie pour les gens en Syrie, au Yemen, en Afghanistan, en Méditerranée… Votre empathie est tout orientée et obéit à vos intérêts. [...] #Baerbock fait le faucon pro-OTAN. Habeck l’idéologie patriotique. Hofreiter se passionne pour les systèmes d’armes. Les Verts ne trompent pas le moins du monde leur électorat, puisque ce dernier est sur la même ligne. Avant tout, sauvegarder les privilèges des écolo-bobos."
Les mouvements anti-guerre
De l’autre côté de la frontière, l’Autriche se révèle être l’épicentre de la dissidence et du mouvement anti-guerre. Le président du groupe parlementaire et du parti Freiheitliche Partei (FPÖ) Herbert Kickl a déclaré lundi 25 avril : "Nous ne pouvons accepter, sous aucune circonstance, que le chancelier Nehammer monte dans le train en marche de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, en acceptant l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne. Je demande au chancelier qu’il garantisse qu’en cas de vote sur la candidature de l’Ukraine, où l’unanimité est de rigueur, il y mettra son veto. Contrairement au gouvernement, notre position est parfaitement claire : tout activisme en faveur de l’entrée de l’Ukraine dans l’UE est une erreur et ne contribue nullement à mettre fin au conflit. Au contraire, cela apportera en Autriche autant la guerre que les conflits fondamentaux qui l’ont provoquée. Ce serait irresponsable au plus haut point, en plus d’être un danger incalculable pour la sécurité de notre pays."
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Dans un communiqué à lire sur le site de FPÖ, Herbert Kickl souligne que l’Ukraine ne satisfait aucunement les critères dits de Copenhague pour l’entrée dans l’UE : la Cour des comptes de la Communauté européenne avait trouvé, en 2021, une mise sous coupe réglée de l’État ukrainien par des intérêts privés et de la corruption à vaste échelle. Au lieu de s’embarquer dans le bellicisme, selon M. Kickl, "le gouvernement devrait se secouer et prendre des mesures pour s’opposer à l’avalanche de frais qui mettent en péril le niveau de vie, voire l’existence d’innombrables citoyens autrichiens".
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