"Bombes de pluie", "ébullition des océans" : à Davos, Al Gore “hystérique” lors d’une conférence sur le réchauffement climatique
L’ancien vice-président américain Al Gore a poussé un coup de gueule “hystérique” mercredi 18 janvier 2023 à Davos en Suisse, lors d’une conférence sur les dangers du changement climatique au Forum économique mondial (WEF). Le prix Nobel de la paix de 2007 pour ses mesures en faveur du climat s’est distingué par un discours animé et virulent sur le réchauffement climatique qui fait “bouillir les océans” et qui “affecte même la capacité de l'humanité à s'auto-gouverner”. Une intervention qui attise de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, les internautes estimant qu’Al Gore “devenait fou”.
Lors de son discours à la conférence “Leading the Charge through Earth's New Normal” le 18 janvier, Al Gore, membre du Parti démocrate, a appelé à des mesures “drastiques” pour lutter contre le réchauffement climatique. L’ancien sénateur du Tennessee a dénoncé “un manque d’ambition” des dirigeants politiques, évoquant la nomination du patron de la compagnie pétrolière émiratie ADNOC, Ahmed al-Jaber, comme président de la COP 28 et “l’apparent conflit d’intérêt” qui “sape la confiance” des militants.
Al Gore s’est rapidement emporté lors d'une diatribe sur le réchauffement climatique au cours de laquelle il s'est lancé dans des explications détaillées à propos de ce qui pourrait advenir de l’humanité si les populations continuaient à traiter l’atmosphère comme un “égout à ciel ouvert”. “Connaissez-vous cette fine ligne bleue qu’on voit sur les photos des astronautes depuis l’espace ? C'est la partie de l'atmosphère qui contient de l'oxygène, c’est-à-dire la troposphère, qui ne fait que cinq à sept kilomètres d'épaisseur et qui est utilisée comme un égout à ciel ouvert”, a-t-il souligné.
“600 000 bombes atomiques”
Al Gore a par la suite comparé les effets de la quantité des émissions de gaz à effet de serre, qui serait actuellement de "162 millions de tonnes” selon lui, avec 600 000 bombes atomiques semblables à celle qui a été lâchée sur la ville japonaise de Hiroshima à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette quantité, poursuit-il, “emprisonne maintenant autant de chaleur supplémentaire que celle qui serait libérée par 600 000 bombes atomiques de classe Hiroshima explosant chaque jour sur la terre".
De son avis, c’est ce qui "fait bouillir les océans", provoque “des phénomènes météorologiques anormaux” comme des "bombes de pluie" et les sécheresses, et affecte même la capacité de l'humanité à “s’auto-gouverner”en “causant des vagues de réfugiés climatiques”. Il a ainsi affirmé que le nombre de réfugiés devrait "atteindre un milliard au cours de ce siècle" et lancé que l’autoritarisme a été alimenté par le changement climatique “car il a été une réponse à ces migrations”.
"Regardez la xénophobie et les tendances politiques autoritaires qui se sont développées avec la venue de quelques millions de réfugiés”, s’est-il écrié : “Qu'en est-il d'un milliard ?! Nous perdrons notre capacité à s’auto-gouverner”.
En France, ce discours d'Al Gore a été perçu comme "un petit dérapage bienvenu" par le journal Le Monde.
“Une politique intelligente, pas du catastrophisme”
Le coup de gueule de l’ancien vice-président américain sous l'administration de Bill Clinton a surtout attisé de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes, des personnalités médiatiques ou des experts, ont qualifié Al Gore de “fou” et de “climato-hystérique” qui s’est lancé “dans une diatribe hystérique”.
At #wef23, @algore claims "renewable" energy is "now the cheapest source of electricity in almost the entire planet." pic.twitter.com/arBE8Suo9W
— Tom Elliott (@tomselliott) January 18, 2023
Certains ont surtout relativisé ses propos. “Non, les océans ne bouillonnent pas. Non, vous ne pouvez pas juste [avancer le chiffre] d’un milliard de réfugiés. En 2005, l’ONU a prédit 50 millions de réfugiés jusqu’à 2010. Ceci n’est pas arrivé”, lit-on dans un tweet, qui appelle à une “politique climatique intelligente” et non “pas du catastrophisme”.
Al Gore climate catastrophizing in Davos
— Bjorn Lomborg (@BjornLomborg) January 19, 2023
No, oceans not boiling
No, you can't just claim a billion refugees
— in 2005 UN predicted 50m refugees by 2010
Didn't happen, got scrubbed from websitehttps://t.co/fCuKmPYVKb
We need smart climate policy, not catastrophizing https://t.co/ZqCoGt9H8Q pic.twitter.com/Q7xtGGb6nt
D’autres ne manquent pas d’ironiser sur le chiffre de “600 000 bombes atomiques”, sur la fortune “amassée grâce à l’alarmisme climatique” ou même son “état de santé mentale”.
If he wasn't at Davos in an expensive suit you'd hold your kids' hands tighter as you hurry past and hope he gets the help he needs https://t.co/hVoPoNxqF3
— Noah Pollak (@NoahPollak) January 18, 2023
Lors de son intervention, Al Gore a également exprimé son soutien aux manifestants allemands qui s’étaient opposés à l’extension d’une mine à ciel ouvert en Rhénanie, auxquels s’est joint la jeune activiste suédoise, Greta Thunberg, accusée d’avoir mis en scène son arrestation.
Celle-ci n’a pas manqué l’occasion de se rendre à Davos, où le climat est l’une des principales thématiques du Forum économique mondial. Elle a accusé celui-ci de réunir "les gens qui alimentent le plus la destruction de la planète", jugeant "absurde" de les écouter et appelant à une "pression publique massive" contre les énergies fossiles.
Une position partagée par l’organisation non gouvernementale Greenpeace, qui a émis de virulentes critiques à l’égard des participants, dirigeants et milliardaires participant au WEF. Une responsable de cette ONG a qualifié “d’hypocrite” le comportement des “riches et puissants” qui se rendaient à cet événement en jet privé pour parler de lutte contre le réchauffement climatique.
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