Rémi Tell censuré sur LCI : erreur journalistique ou censure diplomatique ?

Auteur(s)
Axel Messaire, pour FranceSoir
Publié le 28 juin 2021 - 16:32
Mis à jour le 06 juillet 2021 - 12:24
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Remi Tell LCI
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Capture d'écran / FS
Le fameux point Godwin...
Capture d'écran / FS

Rémi Tell, jeune fondateur du collectif Peuple Libre, a été censuré de la chaîne LCI en plein direct, le matin du samedi 26 juin.

Voir aussi : notre entretien avec Rémi Tell

En effet, pendant l'émission du "Brunch de l'info" sur LCI, Rémi Tell avait été invité par Christophe Beaugrand pour parler de la campagne de vaccination ainsi que du variant Delta. Après à peine deux minutes d'intervention, le présentateur demande à ses équipes de couper le duplex :

Pourquoi cette décision ? Le mot de "Nuremberg" semble avoir piqué au vif les intervenants présents sur le plateau aux côtés de Christophe Beaugrand. Pourtant, Rémi Tell parlait explicitement du "code de Nuremberg", et non du procès en tant que tel.

Il disait, en réaction à l'idée d'une vaccination obligatoire : "Depuis le code de Nuremberg, qui a été édicté après la Seconde Guerre mondiale, on a compris le danger que représentaient les expériences scientifiques". Réponse de Virgine Le Guay : "Vous vous rendez compte que tenir des propos comme ça aujourd'hui c'est totalement irresponsable." Partagée par Christophe Beaugrand : "On ne peut pas comparer n'importe quoi. On vous a laissé aller au bout de votre phrase pour comprendre ce que vous vouliez dire. Je pense qu'on a, hélas, compris ce que vous vouliez dire. Et là, à un moment donné, si vous comparez la campagne de vaccination à l'Allemagne nazie, on va couper la conversation. Je suis désolé, vous êtes allé trop loin." Puis, leur appel a effectivement été coupé alors que Rémi Tell demandait à pouvoir s'expliquer. Il termine donc en vidéo sur Twitter, soutenu par de nombreux internautes :

Alors, les "journalistes" ont-ils vraiment compris ? Selon Wikipédia, le code de Nuremberg est "une liste de dix critères qui [...] indiquent les conditions que doivent satisfaire les expérimentations pratiquées sur l'être humain pour être considérées comme acceptables." Cette base de jugement fut le terreau qui a permis à l'éthique médicale de pousser dans l'esprit international, inspirant par exemple la Déclaration d'Helsinki de 1964. Toutefois, "le code de Nuremberg n'est nullement le point de départ de la réflexion éthique et juridique sur l'expérimentation humaine : il récapitule des principes connus et acceptés très antérieurement au jugement, depuis au moins le XXe siècle".

Où est l'erreur ? L'idée même de songer à une époque noire de notre Histoire serait-elle condamnable, si c'est pour en tirer d'importantes leçons ? Si comparaison n'est pas raison, toujours est-il que de se reposer sur le passé pour comprendre le présent est un exercice nécessaire, peut-être même un "devoir civique", pour reprendre l'expression de Virgine Le Guay. Alors pourquoi n'aurions nous pas le droit, sur un plateau télévisé, de mentionner le code de Nuremberg ? À y regarder de plus près - notamment dans la partie du code qui énumère les articles à respecter pour les expériences médicales acceptables, les mots utilisés semblent appropriés pour parler de la campagne de vaccination que nous connaissons. Il s'agit là ni plus ni moins d'une base de réflexion, qui nous permet de poser les bonnes questions, à qui veut bien les entendre.

Maintenant, si d'aventure ce n'était pas le mot de "Nuremberg" qui dérangeait nos journalistes, mais plutôt celui "d'expériences médicales", rappelons que les vaccins sont encore sous AMM (autorisation de mise sur la marché) conditionnelle, ce qui signifie que toutes les batteries de tests habituellement requises avant le rendu public n'ont pas encore été entièrement réalisées. Par ailleurs, la pression exercée pour la vaccination met en cause le principe du "consentement éclairé".

Voir aussi : Vaccination : la validité du consentement éclairé mise en cause - debriefing avec Amine Umlil

Pour une émission qui se présente comme "un cocktail d’infos, d’humeur et de débats sans langue de bois", il semblerait que toutes les promesses ne soient pas respectées. Aussi, n'ayant reçu ni retour ni excuse de la part de la chaîne LCI ou de son présentateur, Rémi Tell en appelle au CSA (conseil supérieur de l'audiovisuel) pour faire valoir la liberté d'expression :

La pertinence de la référence à Nuremberg peut se discuter - invoquer la déclaration d'Helsinki aurait pu suffire, mais en l'espèce, c'est par ignorance que le plateau de LCI a coupé court : croyant tuer dans l'oeuf une reductio ad hitlerum de l'intervenant en duplex, ils se sont en fait lourdement trompés, et ce sont eux qui l'ont faite, en lieu et place de celui qu'ils ont muselé.

Une bien désolante illustration de l'entrave à un sain débat, que la gravité du sujet invite à porter sereinement sur la scène médiatique, sans réaction épidermique de ce type.

Mise à jour 6 juillet : Rémi Telle a ajouté une réponse qui invoque la "charte de Munich"

 

 

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