Pénurie de masques : que se passe-t-il avec Jérôme Salomon ?
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FranceSoir
Publié le 11 décembre 2020 - 12:46
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Jérôme Salomon mis en accusation par la commission d'enquête sénatoriale
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La commission d’enquête du Sénat a accusé Jérôme Salomon de ne pas avoir renouvelé le stock de masques chirurgicaux, puis d’avoir tenté de faire pression pour dissimuler cette erreur. Le directeur général de la santé s’en défend.
Jeudi donc, la commission d’enquête sénatoriale sur la gestion de l’épidémie au printemps a rendu un rapport après cinq mois de travaux. Ses accusations envers Jérôme Salomon sont de deux ordres.
Tout d’abord, le rapport de 452 pages pointe la responsabilité de Jérôme Salomon, qui occupe le poste de directeur général de la santé depuis le 8 janvier 2018, dans le non renouvellement du stock français de masques chirurgicaux alors que :
« La pénurie de masques restera le triste symbole de l’état d’impréparation du pays et du manque d’anticipation des autorités sanitaires face à la crise »
Que dit le rapport sénatorial sur Jérôme Salomon ?
En 2018, Santé Publique France alerte le directeur général de la santé sur un risque de pénurie, puisque 600 millions de masques chirurgicaux sont alors déclarés « non conformes ». Jérôme Salomon décide alors de passer une nouvelle commande… de 50 millions de masques.
Et ce sans en informer la ministre la Santé, Agnès Buzyn à l’époque.
Mais une autre accusation implique directement Jérôme Salomon :
« La direction générale de la santé a fait le choix de ne conserver qu’une très faible quantité de masques en stock et a modifié un rapport scientifique a posteriori pour justifier sa décision »
Quel avis d’expert aurait été modifié ?
La commission d’enquête sénatoriale pointe un avis rendu à Santé Publique France par Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses au CHU de Grenoble, en août 2018. Cet avis soulignait alors la pertinence d’un stock élevé de masques chirurgicaux – à hauteur d’un milliard d’unités.
Un échange d’emails entre Jérôme Salomon et le directeur (de l’époque) de Santé Publique France, « atteste d’une pression directe de M. Salomon sur l’agence afin qu’elle modifie la formulation des recommandations de ce rapport avant sa publication au grand public ».
Le rapport Stahl n’aurait alors plus parlé de « stock », mais de « besoin ». Ce qui, selon la commission d’enquête sénatoriale permettait au directeur général de la santé de justifier à posteriori sa commande
de 50 millions de maques.
Que répond Jérôme Salomon à ces accusations ?
Interrogé jeudi soir lors de la conférence de presse, le ministre de la Santé, qui a pris grand soin de préciser qu’il n’était pas en poste à l’époque des faits, a estimé qu'il « revient au directeur général de la santé de communiquer les explications sur le fond »
Rappelant qu’il a « lui-même fourni l’ensemble des échanges de mails aux membres de la commission d’enquête du sénat », Jérôme Salomon et la direction générale de la santé ont effectivement publié un communiqué dans la foulée.
Selon ce texte, aucune pression n’a été exercée dès lors que « le directeur général de Santé Publique France a apporté des modifications qui ont été acceptées par l’ensemble des contributeurs du rapport ».
Pour aller plus loin :
- Un article du Monde avec les échanges d’emails entre Jérôme Salomon et François Bourdillon, alors directeur de Santé Publique France.
- L’audition de Jérôme Salomon devant la commission d’enquête du Sénat le 16 septembre 2020
- Téléchargez le rapport du Sénat complet du 8 décembre 2020
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