Organisation de l'islam : un rapport pointe le rôle des musulmans et les limites de l'Etat

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 06 juillet 2016 - 15:15
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Mosquée illustration.
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©Jean-Pierre Dalbéra/Flickr
L'Islam est la deuxième religion en France avec plus de quatre millions de membres selon les statistiques.
©Jean-Pierre Dalbéra/Flickr
L'Etat ne doit pas organiser l'islam en France, qui relève de la responsabilité des musulmans, souligne le rapport publié mercredi d'une mission d'information sénatoriale préconisant une limitation de l'influence des pays d'origine et une transparence des financements.

Formation des imams, financement des mosquées, marché du halal... Les rapporteurs de la mission d'information sur l'organisation de l'islam en France, Nathalie Goulet (UDI, Orne) et André Reichardt (Les Républicains, Bas-Rhin) font des recommandations dans le respect, soulignent-ils, de la loi de séparation des cultes et de l'Etat.

"Nous avons été volontairement prudents sur les préconisations. Si on veut être conforme à la loi de 1905, l'Etat peut encadrer, aider, accompagner, mais il ne doit pas prendre des initiatives", a expliqué à l'AFP la sénatrice de l'Orne. "Si c'est pour faire le concours Lépine des idées les plus crétines, on est tous capables de le faire", a ajouté la rapporteur, sans citer les initiatives qui ont fleuri à droite sur le sujet, comme la "concorde" de Gérald Darmanin ou le "code de la laïcité et des cultes" de Jean-François Copé.

Cette mission présidée par Corinne Féret (PS, Calvados) est plutôt critique sur l'action de l'Etat face à l'islam, deuxième religion de France, dont les fidèles forment la première communauté musulmane d'Europe, estimée à plus de 4 millions de membres, selon les statistiques reprises dans le rapport.

Ainsi, la pratique des "imams détachés" par des Etats étrangers - environ 300, sur quelque 1.800 œuvrant dans 2.500 mosquées - illustre selon les rapporteurs "la +double sincérité+ du discours officiel sur la nécessité de limiter l'influence des pays d'origine quand, dans le même temps, le ministère de l'Intérieur et le ministère des Affaires étrangères passent des accords avec plusieurs d'entre eux" (Algérie et Maroc notamment).

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech (à g.) a participé au symposium organisé le 6 février à Paris par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) présidée par Amar Lasfar (au c.)

"Il y a là une duplicité, pour ne pas dire une schizophrénie", a commenté auprès de l'AFP Nathalie Goulet, dont le rapport estime que "la formation à l'étranger ne peut être qu'une solution transitoire". C'est en France que l'enseignement doit avoir lieu, en travaillant sur la "définition d'un programme commun partagé entre les différents instituts de formation".

Pour les rapporteurs, l'ambiguïté de l'État "s'est à nouveau manifestée à travers les projets de relance" d'une "fondation des œuvres de l'islam" censée recueillir des financements pour les lieux de culte et la formation des imams et aumôniers, dont la préfiguration a été confiée à un haut fonctionnaire alors qu'"il appartient à la communauté elle-même" de s'en saisir.

La mission observe également avec circonspection la perspective d'une "taxe halal", en relevant qu'elle n'est "envisageable que si elle est mise en place par les représentants du culte eux-mêmes comme une redevance privée pour services rendus, à l'image de la cacherout" juive. Elle conteste l'"oligopole" sur ce marché de trois mosquées (Paris, Evry, Lyon) qui, "par l'opacité de son fonctionnement, semble susciter beaucoup de méfiance de la part de la communauté musulmane".

Notant les critiques qui pèsent sur le Conseil français du culte musulman (CFCM), instance élue mais fragile, les rapporteurs "considèrent qu'il appartient aux communautés de s'organiser elles-mêmes dans le cadre de nouvelles modalités tenant davantage compte des exigences de représentativité". Car le rapport n'est pas plus tendre avec le CFCM qu'avec les pouvoirs publics sur des "défis", comme la formation des imams, "qui sont autant d'urgences".

"Force est de constater que les instances représentatives actuellement constituées n'appréhendent pas ces questions et sont encore moins en mesure d'y apporter une solution", cingle la mission. Celle-ci relaie aussi des réserves à l'égard de la nouvelle "instance de dialogue", plus large mais dont les membres sont choisis par l'Etat, au risque de conforter "une vision idéalisée de l'islam français qu'il souhaite promouvoir" voire une "illusion contraire à la réalité".

"L'islam est compatible avec la République, il faut juste qu'il s'organise. Mais le législateur ne peut pas y participer, ou alors on change la loi de 1905, et ça il n'en est pas question", conclut Nathalie Goulet, dont le rapport a été adopté "à l'unanimité moins une abstention", celle de David Rachline (FN).

 

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