Macron, Valls, Hollande : qui sont les héritiers du "rocardisme" ?

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 03 juillet 2016 - 19:24
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Emmanuel Macron Manuel Valls
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Manuel Valls a parlé de Miche Rocard comme de son "père en politique" , Emmanuel Macron a évoqué "un exemple".
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L'héritage laissé par Michel Rocard, déjà réformiste de la gauche à son époque, semble d'autant plus important au lendemain de son décès que le parti socialiste est sujet aux mutations et aux divisions. Tous saluent l'œuvre de l'ancien Premier ministre et certains apparaissent -ou se prétendent- déjà comme les "héritiers" du rocardisme.

"Deuxième gauche"... Réformisme à la française... Le "rocardisme" est-il mort avec Michel Rocard ou peut-il être incarné par ceux qui s'en disent "orphelins" ou bousculent comme lui la gauche, tels Manuel Valls, Emmanuel Macron ou même François Hollande?

"Le rocardisme, c'est quoi ?", s'interroge à voix haute Jean-Paul Huchon, son directeur de cabinet à Matignon. "C'est une manière d'aborder la société de front, d'être réaliste, de s'adapter à la donne nouvelle qu'est la mondialisation. C'est apprendre aux gens de gauche ce qu'est la réalité", décline-t-il pour l'AFP.

"Oui, c'est ça", opine auprès de l'AFP, le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis: "L'idéal n'est pas l'ennemi du réel, c'est la grande leçon de Michel Rocard". En clair, "les meilleurs intentions sociales du monde ne valent pas s'il n'y a pas les meilleurs instruments pour les mettre en oeuvre", résume Alain Bergounioux, historien du parti.

Le rocardisme, c'est "aborder la société de front" (...), "apprendre aux gens de gauche ce qu'est la réalité", pour Jean-Paul Huchon. De ce point de vue, aux yeux de l'ancien président de la région Ile-de-France, "les continuateurs les plus évidents de Rocard sont Manuel Valls et Emmanuel Macron".

Les deux hommes répètent à l'envi que Rocard est leur mentor. Ils ont d'ailleurs été parmi les plus prompts à réagir à son décès. "Il aura changé le visage de la gauche, réconcilié l'Etat avec la société civile et repensé l'économie sociale de marché", a salué le jeune ministre de l'Economie qui a dit y voir "un exemple".

Le Premier ministre, rocardien dès ses 20 ans et collaborateur de Michel Rocard à Matignon, s'est déployé dans les médias pour dire combien il se sentait "orphelin" de ce "père en politique". Des dithyrambes qui auraient sans doute fait sourire l'intéressé. Il s'en amusait fin juin: "C'est gentil à eux et je les en remercie".

Mais les deux hommes "n'ont pas eu la chance de connaître le socialisme des origines, qui avait une dimension internationale et portait un modèle de société (...) Le pauvre Macron est ignorant de tout cela. La conscience de porter une histoire collective a disparu, or elle était notre ciment. Macron comme Valls ont été formés dans un parti amputé. Ils sont loin de l'Histoire", assénait-il dans Le Point.

Et puis Emmanuel Macron, avec son "ni droite, ni gauche", s'éloigne de Michel Rocard qui, "malgré toutes ses critiques à la gauche, a un vrai ancrage historique à gauche", note le politologue Frédéric Dabi. Quant à Manuel Valls, ajoute-t-il, il n'a pas vraiment mis en oeuvre "la méthode Rocard" avec la loi Travail... même si l'ancien locataire de Matignon a été l'un des Premiers ministres à recourir le plus au très d'actualité 49-3.

"En ce temps-là, tous les socialistes étaient de gauche, même très différemment", s'est empressé de lâcher Jean-Luc Mélenchon.

"Tout comme Mendès-France, dont lui-même se revendiquait, a eu de nombreux disciples, on ne peut pas dire qu'il y ait un seul héritier de Rocard", estime Alain Bergounioux. "Nous le sommes tous et il serait vain de vouloir capter cet héritage", prévient Jean-Christophe Cambadélis.

Beaucoup plus discret, François Hollande n'en revendique pas moins une filiation avec le théoricien de la deuxième gauche. "Ce que Rocard reprochait à Hollande, c'est d'être prisonnier de l'immédiateté. Mais, sur le fond, Hollande s'en inspire dans son action et utilise Rocard comme un modèle", selon Jean-Paul Huchon. "Il ne faut pas oublier que Rocard en son temps était raillé pour son +manque de souffle+", note Frédéric Dabi.

En remettant, en octobre, les insignes de Grand croix de la Légion d'honneur à Michel Rocard, François Hollande, à qui la gauche de la gauche reproche d'avoir trahi les idéaux du socialisme, insistait sur son apport : "vous avez cherché à apaiser la société mais aussi à réformer la France, car il n'y a pas d'incompatibilité".

Reste que, comme Pierre Mendès-France ou même le centriste Raymond Barre, ce "rêveur réaliste", cet adepte du "parler vrai" n'a jamais réussi à conquérir le pouvoir suprême.

A droite, tout en louant ses qualités d'homme d'Etat "ouvert" et "réformateur", on estime d'ailleurs que Michel Rocard a perdu son combat pour "moderniser" la gauche française, qu'il jugeait lui-même en juin "rétrograde".

"Il n'a malheureusement pas été prophète en son parti et s'est heurté aux conservateurs qui refusèrent le tournant de la social-democratie. La France en paye encore aujourd'hui les conséquences", déplore François Fillon.

Pas du tout, rétorque un autre ex-Premier ministre, le socialiste Lionel Jospin : certes, "François Mitterrand a dominé Michel Rocard politiquement" mais "Michel Rocard l'a emporté économiquement, du point de vue des politiques mises en œuvre ensuite".

 

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