Loi travail : les partenaires sociaux partagés
Manuel Valls a démarré ce lundi 7 mars les concertations avec les partenaires sociaux pour tenter de les convaincre sur le bien-fondé de la loi El Khomri, très contestée la CFTC a noté "des ouvertures", mais FO et la CGT ont de nouveau insisté sur le retrait pur et simple.
Le Premier ministre a reçu ce lundi matin Philippe Louis (CFTC), puis Jean-Claude Mailly (FO) et Philippe Martinez (CGT) avec les ministres (Travail) Myriam El Khomri et Emmanuel Macron (Economie). Les syndicats agitent deux chiffons rouges dans la loi controversée: l'extension du licenciement économique et la création d'un plafond pour les indemnités prud'homales. Manuel Valls a promis dimanche 6 des "améliorations" sur ces deux points. Toutefois, "je ne pense pas qu'il y aura un retrait du barème" comme le réclament tous les syndicats, a assuré à l'issue de la rencontre M. Louis, dont le syndicat est favorable à des modifications de la loi, comme la CFDT, la CFE-CGC ou l'Unsa. Sur les licenciements économiques, "il y a une ouverture", mais "on ne sait pas où seront les curseurs", a-t-il dit.
Le projet de loi El Khomri accorde la primeur de l'accord d'entreprise sur la branche pour le temps du travail, ce que les syndicats rejettent également. Sur ce point, la CFTC a évoqué une "ouverture": "j'ai senti qu'on pouvait réguler au niveau de la branche certaines négociations qui n'auraient pas abouti au niveau de l'entreprise". FO et la CGT, reçues ensuite, n'ont pas changé de ligne. Philippe Martinez, numéro un de la CGT, a déclaré à son arrivée qu'il réclamerait "le retrait" du projet. Même attitude chez FO: "je ne négocie pas un plat de lentilles, on veut le repas complet", a taclé Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat, menaçant d'actions autres que celles déjà programmées les 9 et 31 mars.
Dans l'après-midi seront reçus la CFDT (15H00), puis côté patronat, la CGPME (16H30). Ces concertations se poursuivront mardi 8 avec la CFE-CGC (cadres) et le Medef, et mercredi avec l'UPA et l'Unsa, avant une réunion plénière le 14 mars. Mais la marge de manoeuvre est étroite pour le gouvernement, désireux de ne pas braquer le patronat, qui a déjà mis en garde contre un "affadissement" de la réforme. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, interlocuteur privilégié du gouvernement, a prévenu lundi matin que son syndicat "ne lâcherait pas" sur sa demande de retrait du barème des indemnités prud'homales. Le Premier ministre s'est dit déterminé à faire voter le texte au Parlement "avec les amendements nécessaires, mais il exclut tout statu quo". Le premier examen à l'Assemblée nationale est prévu fin avril.
Ce projet de loi, dont la présentation en conseil des ministres a été repoussée du 9 au 24 mars pour laisser au gouvernement le temps de le "retravailler", est censé répondre au chômage de masse. Il est jugé trop favorable aux entreprises par les syndicats et une partie de la gauche. Face à la nouvelle journée de grèves et manifestations prévue mercredi, 58% des Français voient déjà le mouvement prendre autant d'ampleur que la fronde anti-CPE (contrat première embauche) il y a dix ans, selon un sondage. La forte mobilisation, notamment des lycéens et étudiants, avait alors conduit le gouvernement Villepin à reculer."M. de Villepin, il ne pensait pas plier non plus à l'époque", a ironisé M. Mailly.
Dimanche, l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand (Les Républicains) s'est lui aussi demandé si cette "affaire" n'allait pas "finir en CPE". La contestation atteint les rangs du Parti socialiste, et le Premier ministre devra convaincre les députés de son propre parti, réunis mardi soir pour un séminaire consacré au projet de loi. Avant cela, Myriam El Khomri aura ce lundi soir la lourde tâche d'aller défendre son texte devant le bureau national du PS.
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