"Le Monde" révèle des écoutes compromettantes de Claude Guéant

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DD.
Publié le 15 avril 2015 - 19:23
Mis à jour le 16 avril 2015 - 20:11
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Claude Guéant.
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©Benoît Tessier/Reuters
Faisant partie du cercle proche de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant a été minsitre de l'Intérieur de février 2011 à mai 2012
©Benoît Tessier/Reuters
L'ex-ministre de l'Intérieur Claude Guéant est dans le tumulte judiciaire, notamment sur l'affaire de l'éventuel financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Des écoutes de son portable révélées par "Le Monde" lève le voile sur un homme qui en sait beaucoup, mais qui s'en tient au silence absolu.

Ce sont de nouvelles révélations particulièrement embarrassantes que le duo de journaliste du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet ont publiées ce mercredi 15 avril dans les pages du quotidien Le Monde, ainsi que sur lemonde.fr via de larges extraits d’écoutes réalisées sur un téléphone de l’ancien ministre de l’Intérieur.

Au cours de premiers échanges téléphoniques datés du printemps 2013 que Claude Guéant a échangé avec son fils et sa fille, l’ancien locataire de la place Beauvau se laisse aller à quelques sous-entendus au demeurant explicites sur ses rapports et son amertume vis-à-vis de l’UMP, qui ne le soutient guère alors que Claude Guéant se débat dans l’affaire du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy. "Je crois beaucoup à la théorie du bouc émissaire et je crois que ça ne dérange pas ton ancien boss bien au contraire. (…) Là il faut penser qu’à sa gueule papa" lui envoie ainsi son fils par texto, auquel l’ex-ministre répondra par un laconique "Tu as raison".

A sa fille qui lui témoigne son indignation de voir l’UMP ne pas le soutenir du tout et l’encourageant à livrer sur la place publique quelques "secrets" bien sentis, Claude Guéant lui répondra "Ah non c’est pas mon genre (…) Je vais pas débiner Dupont, Durand,… (…) Je me défends mais de là à mettre en cause des gens".

Mais ce sont les échanges de Claude Guéant avec Alexandre Djouhri, intermédiaire sur les grands contrats internationaux, qui laissent le plus planer de sérieux doutes. Lors d’une conversation le 26 septembre 2013, les deux hommes évoquent le cas de Bechir Saleh, l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, un homme clé dans l’enquête sur le financement de la campagne de 2007.

Tu sais que j’ai vu là… Bechir. Je suis à Johannesburg, là" indique M. Djouhri à M. Guéant laissant entendre que le contact avec ce personnage central de l’affaire existe toujours. Avant de révéler à l’ancien ministre de l’Intérieur que Bechir Saleh serait approché par… des émissaires socialistes pour le convaincre de témoigner contre Nicolas Sarkozy. "Figure-toi, explique  M. Djouhri, que les socialos lui ont proposé de raconter des conneries (…) De dire,  voilà, oui, effectivement, j’aurais financé… des… mais des saloperies, et là, ils lui donnaient l’école pour les enfants, ils demandaient à la Libye de lever le mandat d’Interpol" .

"C’est une magouille, répond M. Guéant. C’est incroyable." Alexandre Djouhri insiste : "Attends, je te raconterai de vive voix tout ce que Bechir m’a raconté, les allées et venues (…) Des mecs qui sont venus lui parler et tout, mais c’est pas possible."

Des confidencesqui , si elles sont avérées, seraient pour le moins gênantes pour le pouvoir en place accusé de manipulations, en plus d’ajouter pour le camp de Nicolas Sarkozy un peu plus le trouble tant Claude Guéant semble être une personne détenant des informations compromettantes sur plusieurs personnages centraux de la période 2007-2012. Il déclare même à sa fille, lors des conversations du printemps 2013 pour lui assurer, même s’il refusera de parler, qu’il a de nombreuses informations embarrassantes : "Tu vois ? On n’est pas ministre de l’Intérieur en vain !"

 

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