François Hollande à mi-mandat : ces ministres qui ont quitté le navire

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Astrid Seguin
Publié le 13 octobre 2014 - 17:43
Mis à jour le 08 novembre 2014 - 10:59
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Arnaud Montebourg et Benoît Hamon au milieu des sympathisants de gauche à la fête de la Rose
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©Nicolas Messyasz/Sipa
Arnaud Montebourg et Benoît Hamon à la «Fête de la Rose» de Frangy-en-Bresse, dimanche 24.
©Nicolas Messyasz/Sipa
Après avoir fait confiance à Jean-Marc Ayrault pendant 22 mois, François Hollande s'est résolu à changer de Premier ministre en mars dernier, après la déroute des municipales. En nommant Manuel Valls à Matignon, il n'a toutefois pas fait taire la contestation au sein du gouvernement. Volontaires ou forcés, les départs des ministres ont été nombreux, parfois spectaculaires, pendant cette première moitié de quinquennat.

"Gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge". A mi-mandat, François Hollande pourrait reprendre à son compte cette citation de Voltaire, tant les critiques sur son action sont venues autant de la gauche que de la droite. Il y a les frondeurs au sein du PS, les écologistes, et surtout certains anciens ministres des différents gouvernements Ayrault ou Valls, qui ont quitté le navire et, depuis, ne se privent plus de dire ce qu’ils pensent.

La plus critique est l'ancienne ministre du Logement, l'écologiste Cécile Duflot, qui a réfusé de participer au gouvernement Valls en mars 2014 et a exprimé son amertume dans un livre publié en août, De l’intérieur (Ed. Fayard), au sous-titre évocateur: Voyage au pays de la désillusion. Elle y étrille sans ménagement le chef de l'Etat: "J'ai fait le même chemin que des millions de Français. J'ai voté Hollande, cru en lui et été déçue".

La socialiste Delphine Batho, virée sans ménagement du ministère de l'Ecologie en juillet 2013 pour avoir critiqué les orientations budgétaires du gouvernement Ayrault, vient à son tour de publier Insoumise (Ed. Grasset/Fasquelle) dans lequel elle interpelle avec virulence François Hollande en le tutoyant. "Finalement, c'est bien le pire reproche que te font les Français: ce n'est pas de ne pas réussir le changement, c'est de ne même plus vouloir l'accomplir. Au fond, tu le sais bien, il n'y aura pas de deuxième mandat pour toi". Ambiance…

Mais, dans cette première moitié de quinquennat, c'est surtout "l'affaire Jérôme Cahuzac", très médiatisée, qui a marqué les esprits début 2013. Après avoir menti pendant des mois sur l'existence de son compte secret en Suisse, le ministre du Budget -un des postes les plus en vue au sein du gouvernement- était contraint à la démission. L’Elysée annonçait le 19 mars 2013 mettre fin "à sa demande" à ses fonctions. François Hollande qualifiera le mensonge de "faute impardonnable" et d'"outrage fait à la République", et lancera une réforme sur la transparence des revenus et du patrimoine des ministres et des élus.

De tous les ministres démissionnaires ou démissionnés, le plus emblématique est bien sûr le premier d'entre eux: Jean-Marc Ayrault, remplacé par Manuel Valls en mars après les mauvais résultats de la gauche aux élections municipales. Depuis son départ de Matignon, cet ami de longue date du président montre sa loyauté politique en ne s’exprimant que très rarement dans les médias et en s'abstenant de critiquer son prédécesseur.

Son départ a entraîné celui de nombreux de ses ministres, emportés par la vague du remaniement Valls: outre Cécile Duflot, Vincent Peillon, Pierre Moscovici, François Lamy, Philippe Martin, Pascal Canfin, Nicole Bricq, Michèle Delaunay, Dominique Bertinotti, Marie-Arlette Carlotti, Yamina Benguigui... Certains seraient bien restés, mais d'autres (Cécile Duflot, Pascal Canfin, François Lamy) ont carrément refusé de travailler avec Manuel Valls.

La dernière vague de départs du gouvernement date de la fin du mois d’août. Le déclencheur en a été le sémillant et turbulent ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, qui avait poussé loin la provocation vis-à-vis de François Hollande et Manuel Valls en appelant à "une inflexion majeure de (la) politique économique" lors de son discours à la "Fête de la Rose" à Frangy-en-Bresse le 24 août. Pour Matignon, le ministre avait franchi la "ligne jaune", après des semaines d'incertitude sur sa volonté de rester au gouvernement.

Il prenait les devants en annonçant en grande pompe à Bercy le 25 août ne pas avoir l’intention de participer au gouvernement Valls-II, tout comme son collègue Benoît Hamon, éphémère ministre de l’Education, présent à ses côtés à Frangy-en-Bresse. Deux autres ministres suivront le mouvement et claqueront la porte: Aurélie Filippetti (Culture) et Frédéric Cuvillier (Transports).

Depuis deux mois, les sortants ne cessent d’égratigner le bilan de François Hollande, arrivé à mi-mandat. Mais la porte de sortie du gouvernement ne s'est pas refermée pour autant, puisque le dernier épisode en date fut "l'affaire Thomas Thévenoud".

Neuf jours après sa nomination dans le gouvernement Valls-II, le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, du Tourisme et des Français de l'étranger a été contraint à la démission, le 4 septembre, pour avoir "oublié", pendant plusieurs années, de déclarer ses revenus et de payer ses impôts (et ses loyers, et ses amendes, et le kiné de ses filles...). Explication avancée: sa "phobie administrative". Au sein du PS, lui et son épouse Sandra (membre elle aussi du parti et chef de cabinet du président du Sénat) passaient pour un couple prometteur -que certains allaient jusqu'à comparer au couple Hollande-Royal des années 90...

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