François Baroin : "le droit d'asile est indivisible"

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Publié le 09 septembre 2015 - 11:01
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François Baroin craint une baisse de l'investissement public dans les deux années à venir.
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François Baroin était ce mercredi matin l'invité de France Inter. Le maire de Troyes et président de l'Association des maires de France (AMF) s'est exprimé sur l'accueil des réfugiés en France et sur la baisse "dramatique" du transfert de l'argent que l'Etat doit aux collectivités locales.

Plus de 200 municipalités ont répondu présentes pour l’accueil des réfugiés, mais pas l’Association des Maires de France (AMF) que vous présidez. Pourquoi?

"L’AMF a pour mission de porter la parole et les intérêts des communes".

"Les communes s’administrent librement, on ne donne pas une ligne politique, on ne fixe pas un cadre. On relaie les intérêts, c’est ce que nous avons fait".

"La semaine dernière nous avons alerté l’Etat sur la nécessité de rappeler des idées simples sur cette problématique dramatique sur le plan humain, difficile en terme d’organisation, sur le rôle et la place de l’Etat, le droit d’asile, l’accueil des réfugiés, des naufragés".

"J’avais eu le ministre de l’Intérieur au cours du weekend, nous avons eu une réunion qui s’est tenue hier. Je tiens d’ailleurs à souligner le sens des responsabilités de Bernard Cazeneuve, son degrès de réactivité par rapport à nos sollicitations et l’intégration de ce qui remonte. Ce qui remonte globalement: il ya  une disparité dans les territoires dans les capacités d’accueil".

"En 2003, il y avait 10.000 places des centres de demandeurs d’asile, aujourd’hui 25.000 et en l’espace d’une annonce, on double le nombre de propositions de demandes d’asile".

 

Des communes de toutes tailles se mobilisent. La votre, Troyes, ne se mobilise pas?

"Troyesfait partie de ces 270 centres d’accueil, il y a 36.000 communes et 270 centres d’accueil sur les 25.000 places. Ce n’est pas parce qu’on explique qu’on ne peut pas en accueillir qu’on en accueille pas, on accueille beaucoup plus que la moyenne nationale, deux fois plus, et depuis des années".

"Quand il y a eu le drame de l’ex-Yougoslavie (…) nous nous sommes retrouvés dans des situations difficiles, il ne s’agit pas simplement d’offrir l’hébergement et la protection, derrière c’est une politique d’insertion, d’accompagnement, la mise en place de médecins…"

"Bernard Cazeneuve a rappelé la position française: une négociation française conditionnée par la mise en place de Hotspot en Italie, en Grèce et en Hongrie. Aujourd’hui il n’y a pas d’accord."

"Ces hotspots vont devoir enregistrer les personnes qui viennent et ensuite les répartir selon les critères définies par la commission de Bruxelles".

"Dans les critères, Bruxelles a fixé la santé économique de chaque pays, y compris le taux de chômage".

"Les personnes vont venir en Allemagne et en France. Il faut donc ensuite une coordination entre l’Etat et les communes où ces personnes vont s’installer".  

"C’est la remontée sur la base du volontariat: les communes qui le veulent et qui le peuvent seront en lien avec l’Etat pour les accueillir".

 

Les villes ne vont pas choisir en fonction de leur idéologie?

"Non, il n’y a pas des villes plus généreuses et des villes moins généreuses. Il y a des villes qui le peuvent selon leur situation. Il y a des villes qui ont des capacités d’accueil".

"On passe du simple au double".

"Dans les critères au-delà des affaires de politique (…) c’est le pourcentage de logements sociaux dans telle ou telle ville, la santé économique: le taux de chômage…"

 

Le débat ne s’est pas porté uniquement sur ce terrain là, plusieurs maires ont dit qu’ils ne voulaient accueillir que des chrétiens

"Ces débats font surgir énormément de réactions dans un sens ou dans l’autre".

"Notre responsabilité, notre métier, en tant que maires, et ce que je fais tous les jours, est d’assurer la cohésion sociale".

"Il faut revenir à des idées simples, que vous trouvez dans le droit: le droit d’asile, conféré par le préambule de la Constitution de notre pays, le pays des Droits de l’Homme (…) Il n’est pas divisible".

 

L’AMF organise une journée nationale d’action dans dix jours pour alerter la population sur la baisse de dotations de l’Etat aux communes, vous réclamez quoi?

"Nous sommes à un niveau de tension très fort avec l’Etat".

"Vous voyez que lorsque la situation l’exige nous sommes des partenaires très loyaux de l’Etat, nous agissons d’ailleurs en son nom dans un certain nombre de missions, mais là nous sommes dans une situation inédite: la baisse du transfert de l’argent que l’Etat doit aux collectivités légales est dans des proportions dramatiques".

"Les conséquences: soit une altération en profondeur de la qualité des services publics, un effacement puissant du transfert des subventions données aux associations, soit une hausse importante de la fiscalité locale. Nous sommes en début de mandat et cela peut intervenir. On ne peut pas avoir une schizophrénie: vouloir baisser l’impôt au niveau national et l’augmenter au niveau local".

"Soit (…) un effondrement de l’investissement public dans les deux années qui viennent. On estime à -25% à -30% d’investissement public dont 70% est porté par les collectivités locales". 

"Moins 10 % d’investissement, c’est 0,2 points de croissance, cela peut avoir un impact sur 0,6 points".

"Cette journée est inédite. Ce n’est pas une affaire majorité-opposition".

 

La droite réclame depuis des années des baisses des dépenses publiques et là vous dites "Surtout pas pour les collectivités locales"?

"Personne de sérieux ne conteste la nécessité de réduire les déficits publics".

"J’ai été moi-même ministre du Budget, le premier à geler le budget de l’Etat aux collectivités locales à l’époque où il y avait une inflation à 1,7".

"Mais Il y a une grande différence entre geler et effondrer le transfert de l'argent que l’Etat doit aux collectivités locales. C’est moins -28 milliards, c’est plus de la moitié d’une année d’investissement public".

"Il faut réduire les déficits donc il faut réduire les dépenses car il faut réduire la dette car elle étouffe l’économie".

"Mais 90% de cette dette est de la responsabilité de l’Etat, 10% à la Sécurité sociale, moins de 10% aux collectivités locales, à peine 4% pour les communes et on nous demande 25% de l’effort, ce n’est pas tenable".

 

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