France : les agriculteurs font monter la pression contre l'accord avec le Mercosur
Les agriculteurs français font monter la pression et poursuivent leur mobilisation mardi, moins d'un an après un mouvement de colère inédit dans les campagnes que la perspective d'un accord avec le Mercosur pourrait à nouveau embraser.
Plus d'une centaine d'agriculteurs sont partis dans la matinée de Béziers (sud) en convoi d'une trentaine de véhicules, vers le péage du Boulou, à la frontière espagnole, pour tenter de bloquer les camions, ont constaté un correspondant et un photographe de l'AFP.
Ils sont majoritairement issus de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français qui a menacé d'actions plus dures que la veille. L'alliance agricole majoritaire dans le pays FNSEA/Jeunes agriculteurs (JA) a relancé lundi la mobilisation avec des dizaines d'actions symboliques dans tout le pays.
La Coordination rurale assure elle se tenir prête, si elle n'obtient pas satisfaction, à "bloquer le fret alimentaire" à partir de mercredi, d'abord dans le sud-ouest de la France.
Parmi les autres actions menées mardi matin, une trentaine de tracteurs ont convergé à l'appel de la section de ce syndicat représentant la zone viticole de l'Entre-Deux-Mers, vers la préfecture de Bordeaux (sud-ouest), dont l'accès a été protégé par les forces de l'ordre, selon un photographe de l'AFP.
Opposé comme les autres syndicats agricoles à la signature par l'Union européenne d'un accord de libre-échange avec des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), la Coordination rurale demande aussi des baisses de charges.
En parallèle, les troupes de l'alliance FNSEA-JA restent mobilisées contre cet éventuel accord. Leur programme est calqué sur les deux jours du sommet du G20 au Brésil.
Selon les autorités, au total 6.836 agriculteurs avec 1.898 engins agricoles se sont mobilisés dans la nuit de lundi à mardi.
La France, qui cherche à mobiliser le reste de l'Europe pour repousser la signature de l'accord, a reçu l'appui de l'Italie mais dans le même temps le chancelier allemand Olaf Scholz a réaffirmé que l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur "devait enfin être bouclé".
Mardi la porte-parole du gouvernement français Maud Bregeon a promis que Paris continuerait "à tenir un bras de fer aussi longtemps que nécessaire" avec la Commission européenne contre ce traité.
Depuis le sommet du G20 de Rio au Brésil, le président français Emmanuel Macron a affirmé lundi que la France n'était "pas isolée", estimant que plusieurs pays la "rejoignent" dans son opposition contre la mouture actuelle de l'accord. Il a cité les "Polonais, Autrichiens, Italiens et plusieurs autres en Europe".
Lundi les paysans ont notamment bloqué le pont de l'Europe qui relie Strasbourg (nord-est) à l'Allemagne pour lancer un message à la Commission européenne, qui semble déterminée à conclure rapidement un accord avec le Mercosur.
Négocié depuis plus de 20 ans, ce traité prévoit notamment des quotas d'importation de viande bovine avec des droits de douane réduits ou nuls.
Normes excessives, concurrence déloyale, revenus et considération insuffisants... Sur les barrages filtrants ou devant les préfectures, les messages sont presque identiques à ceux de l'an dernier, quand une mobilisation historique des agriculteurs avait abouti à 70 engagements gouvernementaux.
Leur traduction dans le quotidien des fermes a été ralentie par la crise politique issue de la dissolution de l'Assemblée nationale.
Début 2024, des manifestations agricoles avaient eu lieu également en Espagne, en Allemagne, en Grèce ou encore en Pologne.
"Il faut montrer que ce n'est plus possible. On a commencé (à manifester) en février, il n'y a pas eu de changement (...) Ça se complique toujours, c'est toujours dur, moi ça ne me donne plus envie, ça me dégoûte", témoigne Cyriac Blanchet, 18 ans, qui représente la 3e génération d'une exploitation familiale à Monségur (sud-ouest).
Lundi soir sur la chaîne de télévision France 5, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a reconnu qu'il y avait "une forme de cristallisation" de la tension à l'approche des élections professionnelles du monde agricole, prévues en janvier en France.
Ce scrutin, détermine notamment le financement public dévolu aux syndicats.
La Coordination rurale (CR) entend briser la quasi-hégémonie de la FNSEA et multiplie sur X les attaques à l'égard d'Arnaud Rousseau, aussi président du géant des huiles Avril.
La CR lui reproche de défendre en sous-main les intérêts de l'agro-industrie.
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