Emmanuel Macron : un 49-3 évitable, les frondeurs "un foyer infectieux"
"Ma conviction, c’était qu’on pouvait l’emporter". Dans une interview au Monde publiée ce jeudi, Emmanuel Macron revient sur l'épisode de l'emploi de l'article 49-3 de la Constitution pour faire passer son projet de loi sur la croissance et l’activité, menacé d'être rejeté par le vote "contre" des frondeurs socialistes. Le ministre de l'Economie en est persuadé, son texte "pouvait l’emporter", assure-t-il, tout en fustigeant l'attitude des élus réfractaires de la majorité.
"Ma conviction, c’était qu’on pouvait l’emporter. Dans les derniers comptages, on passait à quelques voix. Mais il y avait un risque. Je manque d’expérience politique pour l’apprécier comme il faut et j’ai donc fait confiance à ceux qui avaient l’habitude du jeu parlementaire", explique Emmanuel Macron. Un ministre de l'Economie peut-être un peu optimiste si l'on en croit les indiscrétions recueillies après l'épisode du 49-3: au moment de trancher, Manuel Valls aurait eu trois sondages officieux de sa majorité dans les mains et, dans le meilleur des cas, le texte passait avec une voix d'avance…
Ferme, balayant les critiques ("les compromis finaux n’auraient rien changé (…) nous avons décidé d’avancer"), le jeune ministre entend surtout livrer sa vérité sur cet épisode. Alors que les frondeurs n'ont pas été sanctionnés par le PS –Jean-Christophe Cambadélis ne peut se le permettre à moins de quatre mois du congrès– Emmanuel Macron n'hésite pas à les qualifier de "foyer infectieux" et décerne le titre de virus en chef à Benoît Hamon.
"Au cours de la dernière nuit de discussion à l’Assemblée, j’ai été saisi de voir à quel point certains députés étaient dans un débat théorique et à quel point ils perdaient le réel", détaille-t-il. Presque gentillet, au regard des flèches décochées à Benoît Hamon (qui a clamé publiquement qu'il voterait contre le projet de loi). "Qu’un ancien ministre, alors que beaucoup de dispositions de la loi consommation qu’il avait portées et qui n’avaient pu aboutir figurent dans ce texte, méconnaisse les avancées sociales (…) et justifie ainsi un vote contre le gouvernement, laisse à penser que l’on a perdu de vue la réalité des choses ou qu’on a perdu de la culture politique. Il avait simplement besoin d’un prétexte pour installer son vote contre. Tout le reste n’est que littérature".
Le ministre regrette enfin les "logiques politiciennes", qui ont amené, selon lui, l'opposition à s'opposer à un texte qu'elle aurait pu voter. "Beaucoup de gens, au centre-droit et à droite, pouvaient se reconnaître dans ce texte, ils le disaient d’ailleurs. La logique partisane, en particulier à l’approche des élections départementales (qui se dérouleront les 22 et 29 mars prochain, NDLR), a été telle que seuls ceux qui n’avaient rien à perdre ont eu le courage de la dépasser".
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