« Crisis Data Hub » : une plateforme numérique de collecte de données pour mieux gérer les épidémies
Dans un contexte pandémique ou les dispositifs de collecte de données et de surveillance se multiplient, et où les recommandations de la CNIL rappellent que ces dispositifs doivent être limités à la lutte contre cette épidémie, des sénateurs défendent la mise en place d’une plateforme numérique qui pourraient permettre une surveillance "prête à l’emploi” pour mieux répondre à de prochaines épidémies. Jeudi 3 juin, un rapport a été présenté par la délégation sénatoriale à la prospective, pour la mise en place d’une telle plateforme numérique de collecte de données.
Des technologies “plus intrusives”, mais très ciblées et limitées dans le temps pour éviter des confinements lors des prochaines pandémies
Selon cette délégation, composée des sénateurs Véronique Guillotin, Christine Lavarde et M. René-Paul Savary, les pays qui ont le plus utilisé des fichiers de dépistage et de vaccination, des drones, des caméras thermiques, et d’autres technologies numériques dans la gestion de l’épidémie de Covid-19 ont “de loin, compté le moins de morts”. "Nous nous sommes basés sur des exemples asiatiques ou sur l’Estonie et globalement on peut constater qu’à chaque fois que les données étaient utilisées de manière suffisamment intrusive, la crise a été plus courte", explique Véronique Guillotin. Comme l'épidémie du Covid-19 n’est “ni la dernière, ni sans doute la plus grave des années à venir” on pourrait rattraper notre retard avec des technologies “plus intrusives”, mais “très ciblées et limitées dans le temps”. Ces mécanismes de surveillance devraient, nous épargner de “remettre sous cloche le pays tout entier” et retrouver ainsi lors d’une prochaine pandémie la liberté plus vite. « L’une des leçons à tirer de la crise sanitaire est la complexité à développer des outils au pied du mur sans que cela ne génère un caractère anxiogène » constate Mathieu Darnaud, président de la délégation sénatoriale à la prospective. En cas de crise, cette plateforme permettrait de cibler les personnes vulnérables, prendre des mesures qui les concernent et éviter des mesures de confinement global, explique René-Paul Savary.
Crisis Data Hub : une « boîte à outils » prête à l’emploi et modulable selon la gravité de la pandémie
Cette plateforme serait nommée “Crisis Data Hub” et prendrait la forme d’une plateforme de crise, activable en fonction de l’ampleur de l’épidémie. Les citoyens pourraient avoir une version de cette plateforme sur leurs portables qui intégrerait des fonctions aujourd’hui présentes dans des outils divers tels que Tous Anti Covid, Ouisncf, Waze, Vitemadose, etc., aujourd’hui sans interopérabilité. Les rapporteurs imaginent une application de façon graduée : des outils d’information et de coordination face à une crise « modérée », des outils de rappel à l’ordre (type envoi d’un SMS) en cas de situation plus grave, et des mesures plus fortes et plus intrusives pour les grosses épidémies, avec par exemple, la désactivation du titre de transport ou des comptes bancaires d’une personne qui violerait la quarantaine.
Des données croisées, utilisées à bon escient, ce n'est pas pour limiter les libertés
Selon cette commission, la collecte de données élargie à d’autres épidémies ne serait pas un moyen de briser nos libertés mais au contraire, nous préserverait d'une perte de liberté généralisée comme lors des confinements de l'épidémie du Covid-19. Une telle plateforme de collecte de données permettrait des confinements par régions. Pour assurer la sécurité des données, la plateforme devrait être en open source, « de sorte que chacun puisse vérifier qu’elle ne fait rien d’autre que ce qu’elle est censée faire. » Selon René-Paul Savary, les Français laissent leurs données à disposition des GAFA, mais ils ne veulent pas confier leurs données le moment venu pour se protéger et protéger les autres. “Si une grande majorité des utilisateurs laissent Facebook et Google collecter leurs données, pourquoi ne pas organiser en temps calme une collecte aux mains de l'Etat pour mieux gérer les pandémies ?” se demandent les promoteurs du dispositif. “Il faut que les mentalités évoluent et que cela se fasse en période de paix, et pas en période de crise. » conclue René-Paul Savary.
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