Christine Lagarde : de Bercy au FMI une success-story fragilisée par l'affaire de "l'arbitrage Tapie"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 12 décembre 2016 - 12:51
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Christine Lagarde est jugée à partir de ce lundi par la Cour de justice de la République.
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Christine Lagarde est jugée à partir de ce lundi dans l'affaire de "l'arbitrage Tapie". Celle qui est aujourd'hui accusée de "négligence" avait pourtant réussi à se hisser à la tête d'un prestigieux cabinet d'avocats avant de devenir la première femme ministre de l'Economie et présidente du Fonds monétaire international.

Christine Lagarde, jugée pour "négligence" dans l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais, a plusieurs fois brisé le plafond de verre pour s'imposer dans le club fermé des leaders économiques du globe tout en préservant l'image d'une dirigeante insondable.

Au terme d'une ascension météorique, cette jeune sexagénaire (60 ans) a pris les commandes du Fonds monétaire international en 2011 après un bail d'une longévité record à la tête du ministère de l’Économie, deux prestigieuses fonctions qui n'avaient jamais échu à une femme.

Ce CV exemplaire serait sans nul doute terni par une condamnation dans l'affaire Tapie et pourrait compliquer son mandat à la tête du FMI. Mais il sonne déjà comme une revanche pour celle qui, jeune avocate, s'était vu refuser une embauche pour une simple raison: "Ils m'ont dit +parce que vous êtes une femme+" a-t-elle raconté.

Opportuniste et fine tacticienne, cette fille d'enseignants qui a fait une partie de ses études aux États-Unis a toutefois su contourner les obstacles pour se frayer une place parmi les grands de ce monde, où sa chevelure argentée fait désormais partie du décor.

Son apparition dans la vie publique ne remonte pourtant qu'à 2005. Présidente du cabinet d'avocats américain Baker & McKenzie, elle est alors débauchée par la droite française et entre au gouvernement de Dominique de Villepin.

Cette mère de deux fils prend rapidement du galon en s'installant deux ans plus tard aux commandes du ministère de l’Économie, peu avant la crise financière de 2008 et la récession planétaire. Sa carrière prend encore une nouvelle dimension quand elle est propulsée en juillet 2011 à la tête d'un FMI traumatisé par le scandale sexuel qui a emporté Dominique Strauss-Kahn.

Offrant le visage plus consensuel d'une femme végétarienne, athlétique et non-fumeuse, Mme Lagarde a dû convaincre les sceptiques et redorer le blason de l'institution en plaidant, dans un anglais impeccable, pour l'orthodoxie financière aux quatre coins du globe et spécialement en Grèce.

Sur ce dossier brûlant qui continue de la hanter, elle n'hésitera pas à froisser ses anciens partenaires européens et à parfois rompre avec les usages diplomatiques.

Son franc-parler, qui lui avait déjà joué des tours en France, sera à l'origine d'un tollé quand elle appellera les Grecs, essorés par les plans d'austérité, à payer tous "leurs impôts" ou quand elle reprochera implicitement aux autorités de ne pas se comporter en "adultes".

C'est d'ailleurs d'Athènes que viendront, quelques années plus tard, les plus virulentes attaques contre l'action du FMI, accusé d'avoir une "responsabilité criminelle" dans la situation du pays.

Face aux critiques, Mme Lagarde a récusé, sans grand succès, l'image d'une institution "intransigeante et inhumaine". "Le FMI est un bouc-émissaire bien pratique", disait-elle début juillet à l'AFP après avoir été reconduite, pour cinq ans et avec les honneurs, à la tête de l'institution.

Au fil des années, elle a par ailleurs tenté d'ouvrir le Fonds à des questions qui lui sont peu familières comme le changement climatique ou les inégalités sociales, même si le fond de sa pensée économique reste difficile à cerner.

Une chose est sûre: Christine Lagarde aura fort à faire dans les années qui viennent face à une croissance mondiale atone et aux conséquences encore incertaines du Brexit britannique.

Elle devra également composer avec le choc majeur de l'élection à la Maison Blanche de Donald Trump, dont les promesses protectionnistes vont à l'encontre des préceptes traditionnellement prêchés par le FMI.

Malgré les sondages flatteurs, elle ne semble pour sa part pas prête à envisager de briguer l’Élysée: "Je pense que je suis mieux faite pour ce que je fais aujourd'hui que pour le monde politique et les acteurs politiques tels qu'ils sont".

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