Affaire Baupin : ses accusatrices expriment leur désarroi

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 août 2016 - 17:52
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Denis Baupin.
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Denis Baupin n'est plus membre d'EELV.
©Jean-Sébastien Evrard/AFP
Les responsables EELV qui ont accusé Denis Baupin de harcèlement sexuel ont exprimé leur désarroi lors des journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts. Elles se plaignent notamment d'être uniquement cataloguées "victimes de Denis Baupin".

"Quand on entre quelque part, on est +les victimes de Baupin+!" Les quatre membres EELV Isabelle Attard, Elen Debost, Annie Lahmer et Sandrine Rousseau racontent leur désarroi de femmes et de militantes depuis qu'elles ont dénoncé en mai les agissements du député écologiste.

Parmi les quelque 70 ateliers organisés lors des journées d'été d'Europe Écologie-Les Verts à Lorient, celui-ci s'intitule "Harcèlement, pourquoi, comment l'éviter ?".

Vanessa Jérôme qui travaille sur le parti écologiste est venue, de même que la féministe Caroline de Haas qui dispense une formation rapide sur les méthodes permettant de reconnaître et contrer harcèlement ou agression sexuelle.

En principe, "cet atelier n'est pas destiné à l'affaire Baupin", explique en introduction Sandrine Rousseau, devenue en juin secrétaire nationale adjointe d'EELV, "mais à travailler sur les mécanismes qui conduisent à ce que ces phénomènes se déroulent, comment les éviter, lutter contre, avoir des armes pour recueillir les témoignages des femmes".

En réalité, c'est de ça dont tout le monde parle. Et surtout elles quatre. Parce qu'elles vivent l'"après-parole" dans la souffrance et parce qu'elles ne comprennent toujours pas comment ça a pu arriver au sein même de leur parti.

"On a peur tout le temps, on somatise comme des malades, j'ai le dos coincé, Sandrine prend des petits cachets, Isabelle s'est cassé le pied", explique, très émue, Elen Debost.

Le 12 juin, elle a remporté une départementale partielle dans la Sarthe, dans un tandem avec un communiste qui a battu, de 17 voix, le tandem PS. Pourtant, elle, comme les trois autres, avoue envisager de quitter la politique. "On est des +Baupinettes+, quand on entre quelque part, c'est avec une pancarte +victime de Baupin+!", regrette-t-elle.

"J'ai fait campagne avec la compagne de Denis Baupin", Emmanuelle Cosse, alors encore secrétaire nationale d'EELV, pour les régionales en Ile-de-France, rappelle Annie Lahmer. "Je continue d'aller au conseil régional; elle est assise 4-5 sièges plus loin à gauche; j'ai un torticolis à gauche comme par hasard", murmure cette militante écologiste depuis plus de 20 ans.

Au delà de ce partage d'expériences avec la salle, la question revient encore du temps qui s'est écoulé avant qu'elles témoignent et de la survenue de tels faits dans un parti, considéré comme aussi féministe et ouvert que EELV.

Sandrine Rousseau reprend le micro. "Une femme parle. Je suis surprise moi-même du nombre de gens à qui j'en ai parlé. Dont plusieurs membres de la direction et de plusieurs directions. Comment l'institution se protège elle-même?", dit-elle.

"Ce qui m'a frappée, c'est que j'ai eu en face une réaction du type: +on sait bien...+. Ca minimise", dénonce-t-elle.

"J'aurais dit aux mêmes personnes que Denis Baupin avait piqué 50 balles dans la caisse, ça aurait été un problème de parti politique. Mais là non, c'était un problème personnel entre lui et moi", fustige-t-elle.

"EELV sera féministe le jour où il prouvera qu'on peut être victime et continuer la politique!", s'exclame-t-elle, chaudement applaudie par la salle.

Parmi les pistes retenues en fin d'atelier: l'obligation de parler si on recueille un témoignage, quitte à aller s'adresser directement à la personne soupçonnée. Mais aussi, pourquoi pas, des sanctions.

Vanessa Jérôme suggère ainsi que les personnes dont le comportement contrevient à la charte des valeurs d'EELV n'obtiennent pas l'investiture du parti.

Denis Baupin, qui a démissionné de la vice-présidence de l'Assemblée nationale, a toujours nié les faits. Une enquête préliminaire a été ouverte le 10 mai par le parquet de Paris pour agression, harcèlement sexuels et appels téléphoniques malveillants. Il a été interrogé début août en audition libre par la police.

 

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