La monnaie, partie 2 : qu’est-ce la monnaie ?
TRIBUNE - En réalité, les choses sont simples, ce n’était qu’une affaire de prise de conscience :
- La monnaie est une contrepartie.
- Et la contrepartie de quoi ? D’un territoire !
La monnaie est la contrepartie d’un territoire : voilà la définition exacte de l’argent (1).
Le fait que l’État en soit maintenant l’émetteur, le dépositaire, et le garant, n’y change absolument rien : l’État n’est que le gestionnaire-délégué de la monnaie, qui ne lui appartient pas. Pas plus que la Langue d’un territoire ne lui appartient aussi. Celle-ci appartient à tous ses habitants, comme la monnaie, au-delà même de la génération existante d’une population de locuteurs. Il se trouve simplement que la Langue s’occupe des échanges et de la répartition des savoirs - dialoguer, normer ces échanges, capitaliser une culture. Quand la monnaie, elle, s’y occupe des échanges et des répartitions des valeurs : commercer, définir les prix, épargner. Mais ces deux réalités relèvent fondamentalement de faits sociaux, diffusés et partagés au sein et par toute une Société donnée et, nous en reparlerons, qui lui appartiennent dans leurs ensembles pour cette raison-même.
Signalons d’ailleurs que pour vraiment bien définir la monnaie, il est impératif de parler de territoire, plutôt que de Pays et de Nation. Mine de rien en effet, ces notions de pays ou de nation injectent sans le dire plein d’autres aspects historiques, culturels, affectifs, etc., qu’on trouve sur un territoire. Et autant de dimensions qui sont beaucoup plus vastes, diverses, ou même subjectives. Parler de territoire est par conséquent plus factuel : il existe un espace géographique constitué par une société humaine, avec ses résidents habituels ; dès que ceux-ci n’y sont plus des chasseurs-cueilleurs, ils y travaillent en exploitant des ressources locales ; cette activité produit des richesses, que la monnaie de leur territoire permet de valoriser, d’échanger, de stocker, et finalement d’incarner dans leur ensemble par la valeur de la monnaie elle-même.
Une fois, bien entendu, que le territoire en question est sorti de l’âge du troc.
C’est juste, simple, clair - net et précis.
Mais voici pourquoi en détail, où énormément de choses se comprennent :
On a su de longue date que la monnaie était une contrepartie : c’est ce qui permet d’acheter et de vendre (de l’argent contre un bien ou un service) ; d’établir par les prix qu’elle fixe l’équivalence-contrepartie de tout avec tout (si une baguette vaut 1 euro, alors un litre d’huile d’olive vaut huit baguettes, etc.) ; et puis de stocker de l’épargne-valeur, votre tas d’argent-cagnotte qui se conserve sagement en attendant qu’il soit plus tard lui-même transformé en autre chose - voyage, voiture, appartement, etc.
À l’origine d’ailleurs, mais ce n’est plus possible, la monnaie fiduciaire était tellement une contrepartie que vous pouviez vous présenter dans n’importe laquelle des banques, aligner vos billets sur le comptoir d’un guichet et obtenir, en contrepartie, leur équivalent en or et en argent-métal. Maintenant, donc, c’est interdit, mais l’esprit en a été conservé : juridiquement parlant, un billet de banque est en effet une créance, - une dette -, et que par ce bout de papier vous détenez sur la Banque Centrale du territoire, de France en l’espèce. Puisque l’euro n’y a rien changé : vos euros sont français, et non pas européens ou d’une autre nationalité, beaucoup l’ignorent et c’est dommage (2).
Par conséquent quoi qu’il en soit, la monnaie reste encore et toujours en elle-même la contrepartie de quelque chose, aujourd’hui une créance. Alors lorsque vous traficotez avec vos billets, et bien vous faites sans le savoir un genre de commerce de dettes en circuit fermé, - la Banque pilote le tout -, et tout est ok.
Et avec les cartes bleues, rien n’a changé, tout a simplement été dématérialisé.
La monnaie comme contrepartie est donc une chose bien connue, partout établie.
En revanche, ce qu’on ne voyait pas et qu’on ne disait pas, c’est qu’en tout bout de chaîne et dans son ensemble, la monnaie n’est ni plus, ni moins que la contrepartie d’un territoire. Autrement dit aussi, la valeur de ce territoire-là, et ce qui est détaillé quelques lignes plus bas par le menu : la relation monnaie-territoire est radicale au sens propre.
Toute l’histoire du monde ne fait qu’en parler, sans cesse.
Ce qui d’ailleurs permet de comprendre ce premier fait élémentaire : il ne peut pas exister de monnaie sans territoire constitué. Cela ne s’est jamais vu, nulle part, en 3000 ans d’Histoire monétaire (nous reparlerons ensuite des cas de l’Euro et des cryptomonnaies). Alors même que les puissances Étatiques des temps anciens pouvaient être d’une emprise relativement limitée en pratique, et de fondement familial assez fragile.
Oui, il a pu en revanche exister (Argentine), et il existe (Zimbabwe), des pays qui travaillent dans la monnaie d’un territoire étranger, le dollar en l’occurrence. Mais c’était et c’est pour des motifs de gestion monétaire, qui ne remettent pas en cause le principe fondamental : un territoire = une monnaie.
Une précision essentielle : si l’on peut justement écrire la monnaie est la contrepartie d’un territoire, on ne pas exactement écrire la réciproque : un territoire est la contrepartie de sa monnaie. L’énoncé n’est pas commutatif au fond des choses, si on doit le dire en termes de Logique (3). Et cela, nous y reviendrons en détails, c’est l’une des énormes erreurs des théories monétaires actuelles, dont les conséquences ultimes s’annoncent dramatiques.
La raison pour laquelle les termes de cet énoncé ne peuvent pas être complètement inversés est la suivante : on ne peut pas inverser la cause (le territoire) et l’effet (la monnaie) ; ou bien, on ne peut pas inverser l’outil de production (le territoire) et sa production finale (la monnaie). À la fin comme au départ, c’est toujours le territoire qui est à la source et au fondement de la monnaie dont il est aussi la garantie de valeur, plutôt que le contraire.
Même si, c’est évident, un effet et une production du genre de la monnaie peuvent avoir, en retour, des conséquences sur la qualité de sa cause et de son outil de production, le territoire : y investir, le développer, l’embellir, améliorer le bien-être de ses habitants, et tout ce qu’on veut.
Mais, cette circularité des effets de la monnaie relève d’une autre question, la gestion monétaire de l’argent. Sur laquelle on fait toujours mieux d’être prudent à moins d’engager des catastrophes de premier ordre.
En attendant de l’illustrer, c’est justement sous ce rapport, la monnaie est la contrepartie d’un territoire, que vous pouvez immédiatement comprendre ce fait intéressant : ce qui détermine une monnaie et sa valeur, ce sont 5 facteurs fondamentaux qui décrivent en fin de compte la valeur concrète d’un territoire donné et surtout de ce qui s’y passe :
- La population et la qualité de la population d’un territoire, c’est sa puissance démographique,
- Le rapport au travail de cette population, qui a des causes culturelles,
- Son Éducation, en miroir de son rapport au travail,
- Et en fait secondairement, toutes les ressources naturelles d’un territoire,
- Et puis enfin les autres ressources habituelles de l’économie, mais qui ne sont pas si déterminantes au départ, car il s’agit de conséquences des facteurs (1), (2), (3) : épargne disponible (pour investir) ; commerce et commerce international (les flux de marchandises et d’argent) ; industrialisation (= création de valeur élevée) ; droit, fiscalité ; jusqu’à la gestion correcte d’un pays. Ce qui engage alors le rôle de l’État du territoire, qu’il faudra examiner en détail.
Dans cette liste, vous pouvez rajouter les savoir-faire acquis, les procédés, les technologies, etc. Mais là aussi, sauf trouvaille extraordinaire, il s’agit toujours de conséquences élaborées par les facteurs (1), (2), (3) et-ou (4) et (5).
L’énoncé de ces facteurs de 1 à 5, par ordre croissant d’importance, est donc fondamental.
Puisque cet ordre-là correspond à la réalité du processus civilisationnel et socioéconomique, aussi bien en termes historiques qu’actuels. Et dans cette petite liste ordonnée, vous pouvez déjà comprendre que, pour la valeur d’une monnaie, c’est en principe le type de population et son rapport au Travail qui sont les plus déterminants.
Tout cela est en fait aussi évident que logique.
Si vous avez un territoire doté d’une population abondante et-ou qualifiée, vous aurez tôt ou tard, - cf. la Chine actuelle, immense, mais… la toute petite Taïwan -, un espace géographique très prospère, muni d’une monnaie forte et stable. Même chose pour le rapport au Travail de cette population : plus il est sérieux, intense, plus sa prospérité et sa monnaie seront également fortes et stables.
En sens inverse, vous pourriez très bien avoir un pays possédant une monnaie d’or en barre, et bien sans les facteurs qui ont été listés, il ne s’y passera rien ou plus grand-chose. Il est même arrivé qu’un pays, l’Espagne du 16ème-17ème siècle, ayant d’un coup croulé sous l’or ou l’argent venu du Nouveau Monde (1492, Christophe Colomb), finisse en quasi-friches après cent ans de cette opulence aurifère, famines à la clé.
Oui, après la montagne d’or, du crève-la-faim dans toute l’Espagne.
Et cette mésaventure n’a rien d’une singularité antique.
En 1990, l’île de Nauru, dans le pacifique, était pratiquement devenue l’économie la plus prospère au monde en l’espace de deux petites décennies. C’était en raison de son merveilleux phosphate, - une forme d’or comme une autre -, que l’agriculture du monde entier demandait alors toujours plus, et surtout toujours plus cher. Une chance. Sauf qu’avec cette pluie de dollars déversés sur Nauru, les 21 km² de cette micro-société agricole insulaire, - à peine 1/5ème de Paris intra-muros -, s’est aussi vite transformée en banlieue de Los Angeles. L’État se chargeant de gaver ses 10 000 habitants de tout sur tout, alors qu’il transformait aussi son territoire en véritable parc d’attraction.
Après vingt ans de ce régime et l’épuisement du phosphate, tout ça s’est terminé dans l’obésité morbide de 95% de la population, 90% de chômeurs, le pillage, la corruption et la ruine intégrale. Sur fond d’investissements foutraques et puis, pour finir en beauté, de mafias internationales attirées en rescousse pour mieux passer, sans transition aussi, de la vague miraculeuse au mur de la criminalité plein fouet (4).
Depuis, l’ambiance locale est à contempler l’océan.
La dévastation en prime.
Voilà : le bon argent sonnant et trébuchant ne suffit vraiment pas.
La monnaie étant la contrepartie d’un territoire, c’est en réalité ce qui s’y passe qui détermine sa prospérité, sa monnaie ne faisant qu’y contribuer ensuite si tout est bien géré.
Il se trouve aussi que, historiquement parlant, le rapport au Travail a d’abord été partout déterminé par des motifs religieux ou culturels-nationalistes. C’est-à-dire par les qualités des cultures des populations. Par exemple en Occident, lorsque le sociologue Max Weber a dit, « un Catholique préfère bien dormir que bien manger ; un Protestant bien manger que bien dormir », il a résumé d’une phrase un peu expéditive (5) tout ce qui sépare les cultures de l’Europe du Nord de celles de l’Europe du Sud, le monde Saxon (USA et Allemagne compris) de notre monde latin.
Au Sud, le Pape ; au Nord et aux USA, des Patriarches ou des Archevêques.
Ce qu’il énonçait ainsi, c’est qu’un Protestant est par sa religion seul responsable de son destin sur Terre : partant de là, s’activer et travailler intensément lui est comme spontané. Pour un Catholique en revanche, Dieu veillant en détail au destin de tout, un peu de fatalité peut s’insinuer dans sa vision du monde : pas forcément, mais assez fréquemment. Si bien que l’activisme déchaîné peut lui être aussi moins spontané (5), et une douce forme d’indolence, plus naturelle.
(Le rapport au propre et au sale est pareillement déterminé… Paris ; vous comprenez mieux ?)
Aujourd’hui encore, l’ensemble du monde occidental reste marqué par ce déterminisme culturel multiséculaire du rapport à la rigueur du Travail, donc à la prospérité, finalement à la génération de monnaies plus ou moins sérieuses.
Ailleurs, il n’en est pas autrement, mais différemment.
Sur un autre registre en effet, et dans le même esprit d’un déterminisme culturel de la relation au Travail, à la monnaie en tout bout de chaîne, on ne peut pas comprendre le formidable développement du Japon après Hiroshima et 1945, si on ne considère pas l’intense nationalisme des japonais. Un chauvinisme qui avait des racines millénaires et une blessure aussi profonde : celle d’anciens esclaves chinois qui furent rejetés-déportés du continent pour fabriquer le Japon, un territoire devenu très nationaliste par le goût obligé de la revanche (6).
Même chose à peu près avec la renaissance de la Corée du Sud après 1953 et le rôle fondamental qu’y a joué… et oui, l’invention du Taekwondo. Un art martial composite créé pour forger dans l’aguerrissement organisé de tous les Coréens le redressement moral de leur pays, quasi anéanti après la guerre américano-coréenne (7). Aujourd’hui, c’est la 15em économie du monde : la stratégie du tatami a très, très bien fonctionné.
Voyez ; religions ; nationalisme ; taekwondo ; il y en a pour tous les goûts.
Mais à chaque fois, le rapport au travail et par conséquent à la prospérité, et finalement la valeur d’une monnaie sont culturellement prédéterminés de diverses manières.
D’où l’on déduit que, au fond dans cette affaire de prospérité d’un territoire, ce sont toujours les gens qui sont plus importants que la monnaie, le pognon. Ainsi, l’Extrême-gauche sera ravie, comme je le suis de la satisfaire à peu de frais, honnêtement. D’ailleurs, à mes nouveaux amis, il faut néanmoins préciser que pour bien comprendre les sources de la prospérité et d’une monnaie forte, on doit, cf. plus haut, toujours et forcément prendre en considération leurs causes religieuses et-ou morales : toujours.
Le curé, ce n’est pas un passage obligé. Mais une morale exigeante, oui. Morale dont les Communistes originels étaient d’ailleurs munis. C’était avant qu’ils ne cèdent aux sirènes du consumérisme des supermarchés, et du loisir comme but existentiel. Et motif pour lesquels aussi tous les « il est interdit d’interdire », « l’imagination au pouvoir », « prenons nos désirs pour des réalités », etc., sont absolument jolis, c’est certain. En restant néanmoins un peu justes pour bien comprendre ce qui se passe exactement en matière de prospérités socioéconomiques et monétaires. Morales, travails, apprentissages, sérieux ; nulle part sur Terre on n’a jamais su les fabriquer autrement. Parce que c’est ainsi qu’on peut passer d’un état de Nature, - de la verdure où on se balade en pagne -, à celui de civilisation, - des villes et des métros - : tout ça n’a rien de politisé au départ, c’est le principe de réalité.
Bien entendu, si un rapport au Travail peut être culturellement (et favorablement) prédéterminé, rapidement ensuite, c’est l’Éducation d’une population (écoles, universités, etc.) qui fera en bout de course toute la différence : plus cette population est éduquée, plus elle peut être qualifiée, et plus la prospérité d’un territoire et la valeur de sa monnaie progressent. À raison même de la sophistication concomitante de son économie qui exige alors une main d’œuvre plus documentée, et que ça ne cesse de tourner rond : le processus est là aussi circulaire. Et ce n’est qu’à la toute fin que ce processus doit se poursuivre par la focalisation extrême des économies sur les sciences, la recherche, la recherche appliquée et plus généralement la sphère du cognitif.
C’est-à-dire l’endroit où l’on peut engendrer par découverte des sauts qualitatifs décisifs. Puisque tout le reste a été, entre-temps et pour l’essentiel, balisé, organisé, traité. Et qu’on a également entre-temps accumulé les moyens pratiques et industriels requis pour la mise en œuvre de formidables inventions. Sinon, des inventions extraordinaires peuvent rester inexploitées pendant des millénaires, ça s’est déjà vu (8).
Là, au passage, vous comprenez pourquoi aujourd’hui il ne sert presque à rien de former pour l’Afrique des bataillons de gens à la peau noire spécialisés dans la Haute-finance ; le Droit & fiscalité incompréhensible ; les Relations Internationales ; ou la géopolitique stratosphérique : on ferait surtout mieux de former des foules d’agriculteurs, d’artisans de tous les métiers, des ingénieurs, des industriels, du plus simple au plus élaboré. Puisque, pour le moment encore, l’Afrique a surtout besoin de gens capables de sortir ce continent et ses habitants de, - en faisant très court… -, un état de Nature. Ce continent, c’est en effet à peine 13 habitants au km² ; en Europe, c’est 114 : l’Afrique a énormément de marges et autant de travail à faire.
Sinon, quoi ? Eh bien, le gros de la situation actuelle : les Africains formés, vous les trouvez souvent occupés à fabriquer de la bureaucratie occidentale dans ses bureaux.
Tant mieux pour eux, mais pour l’Afrique…
(Et si des bienveillants avaient expliqué tout ça à Nauru, l’île ne se serait pas auto-détruite).
Le point fondamental de ces facteurs déterminant la valeur d’un territoire et sa monnaie est de comprendre que, dans cette affaire, les ressources naturelles jouent en fait un rôle peut-être pas mineur, mais en tout cas toujours secondaire.
Sinon, on ne pourra jamais comprendre la puissance allemande. L’Allemagne dispose en effet de relativement peu de richesses naturelles. En tout cas de profonds déficits selon les ressources considérées. Et elle n’a jamais eu de vrai Empire colonial… Par contre, les Allemands sont des protestants bosseurs, de style rigoureux et, à l’image de leur langue, toujours un peu psychorigide d’un point de vue latin. Mais de quoi travailler avec autant d’acharnement que d’excellence, achevés par la deuxième économie du monde par tête d’habitant.
La même considération vaut pour le Japon, un territoire de 80 millions d’âmes vers 1950 pour à peine 15% de terres cultivables. Le double et la moitié de la France à la même époque : Heureux comme Dieu en France, selon l’expression germanique, n’a jamais été une légende.
Pourtant, sans voir que les ressources naturelles sont en fait secondaires, on ne peut pas davantage comprendre la Suisse. Au départ, un pays de montagnes pelées, - les Alpes y font 2/3 du territoire -, peuplé de trois pelés ; ou bien Taïwan à l’autre bout de la planète, une île marécage pour Bob Morane.
Même chose pour les pays d’Europe du grand nord : la Suède, la Finlande, la Norvège (avant son pétrole en mer…). D’immenses territoires à dormir avec les loups. Des populations de tailles limitées. Un climat à se cailler près d’un feu toute l’année. Et un éventail de ressources naturelles du même ordre contraint au départ : bois, poissons, fer ; et la neige en plus pour ne rien arranger la plupart du temps. Mais des gens terre-à-terre, excessivement déterminés (les Vikings ! (9)), qui ont été ensuite très éduqués, rigueur Protestante oblige.
Aujourd’hui, cela a permis, à leurs dimensions, des sociétés prospères, puissantes, munies de monnaies fortes, et pour la Norvège en particulier.
En sens inverse, vous pouvez comprendre le drame actuel du Cambodge, embourbé dans sa misère depuis l’époque des Khmers rouges, en 1979. C’est aussi qu’à massacrer un tiers de leur population et souvent la plus qualifiée, il a été ensuite très difficile de s’en relever.
De rebâtir une économie forte et par conséquent une monnaie puissante.
Dans le même ordre de catastrophe, vous pouvez voir pourquoi des territoires comme l’Arabie Saoudite et le Qatar sont comme condamnés à retourner d’où ils viennent, le sable et le vent. Une fois que leur pétrole et gaz auront été épuisés d'ici à 2040-2050.
Dans les deux cas, - et les régimes en place en sont entièrement responsables -, presque rien n’a été fait pour développer la qualité des populations et leur rapport au Travail. Tout importer, et des foules de quasi-esclaves pour bien commencer, par contre, ils ont su le faire à foison. En même temps qu’ils sur-fonctionnarisaient leurs pays de manière démentielle, et s’assurer ainsi que les locaux y auraient un mode de vie jouissif – et politiquement aussi sage que possible. Bien entendu : il n’y a pas de repas gratuit, disent justement les Anglais.
Alors aujourd’hui, un compte à rebours étant engagé, changer la donne de ces territoires relève presque de la mission impossible. Oui, ce ne sont pas quelques dizaines de milliardaires en dollars qui pourront en changer la trajectoire. Pas à l’échelle de 35-40 millions de personnes et de territoires si patraques. Avec parfois pour conseil en développement, c’est à peine croyable, des Jacques Attali et compagnie, tous spécialistes patentés de l’organisation de catastrophes (10).
À l’heure du dépôt de bilan, pour ces milliardaires, la chose est comme garantie, ce sera direction Paris-Londres-Genève-New-York en jets privés, pour s’y ruiner en deux-trois générations dans des palaces, en compagnie de jeunes femmes affriolantes et d’autres choses plus stupéfiantes. Quant à leurs territoires, on peut déjà y prévoir le surgissement d’Ayatollahs fanatisés qui attendent leur heure depuis, oui, trois longs siècles (11) : quand l’heure est à rebouffer des racines, la philosophie de cette gastronomie-là est souvent du même ordre brutale.
(Et oui, c’est résumé très abrupt, mais ça permet de dire les choses à l’essentiel).
Au fond, pour que les gens du désert échappent à leur cataclysme prévisible, il y faudrait une révolution culturelle et morale du même ordre d’intensité phénoménale que celle qu’a connue la Corée du Sud sur deux générations. Mais une transformation qui ne peut certainement pas commencer par le découpage en petits morceaux d’un journaliste, M. Jamal Khashoggi, sur la table à manger d’un Consulat.
Non, ça, ce n’est vraiment pas de l’ordre des choses possibles.
Pas plus que la décapitation au sabre de Saoudiens aux mœurs rebelles en pleine rue.
C’était un conseil avisé au Prince Mohamed Ben Salmane et moi, c’est gratuit.
Ici, nous n’aborderons pas les cas détaillés de l’Afrique et du Maghreb, qui sont en France des sources infinies d’incompréhensions, de peurs ou de préjugés conflictuels.
Cela ne sert à rien. Cela n’ira surtout pas résoudre les questions liées, cf. plus haut, aux 5 facteurs déterminant la possibilité d’une prospérité comme celle d’une monnaie forte. Il suffit de relire, on comprendra vite le cœur des difficultés de ce continent. Et qu’on peut résumer par : quand l’heure est encore et toujours à gérer les chamailleries tribales de populations, - dont le clientélisme corrupteur généralisé n’est que la version moderne -, eh bien le temps de se mettre au travail et d’apprendre des choses utiles n’est pas près de survenir.
Quoi qu’il y existe un peu partout, c’est l’évidence et je connais l’Afrique, des gens à la peau noire qui s’acharnent comme ils le peuvent à faire tout le contraire de l’ignominie organisée depuis deux générations par leurs dirigeants.
À ce stade aussi, vous pouvez comprendre pourquoi la définition exacte de la monnaie comme contrepartie d’un territoire soulève ici des questions très sensibles. Et relève en fait d’un tabou. Que vous avez pourtant sous les yeux tous les jours ! Puisque, vous l’avez remarqué, tous vos billets en euros ne représentent jamais des objets relatifs à l’histoire de ce pays ou de l’Europe. Tout n’y est que dessins de ponts, portes, et autres constructions abstraites, liés à aucune des cultures ou des territoires de l’Europe : dans le monde entier, cette chose ne s’était jamais produite en 27 siècles d’Histoire monétaire…C’est dire si ce tabou de la négation du territoire au cœur même de la monnaie a été ici bien, bien caché dans la lumière.
Mais plus fort encore, ce tabou est devenu au fil du temps de plus en plus intense.
Pour le comprendre, au moins trois choses doivent être considérées. Elles parlent toutes d’une négation de plus en plus marquée du rôle du territoire dans la monnaie :
Depuis la plus haute Antiquité jusqu’au 19 août 1971, - Richard Nixon, arrêt de la convertibilité dollar-or etc. -, presque tous les systèmes monétaires du monde ont été fondés ou reliés au bimétallisme or-argent.
Autrement dit, en pratique, l’or et l’argent incarnaient dans leurs matières mêmes les trois fonctions de la monnaie : échanger ; fixer les prix ; stocker de la valeur. Dans ce contexte, que l’invention du papier-monnaie adossé à ces métaux précieux n’avait pas fondamentalement transformé, la nécessité d’une définition de la monnaie relevait plutôt d’une importance théorique. Puisque, de toutes les manières, pourrait-on dire, sa caractérisation était établie, en fait, par la contrainte de disponibilité matérielle de l’or et de l’argent. En eux-mêmes, ces métaux et leurs volumes utilisables énonçaient ce qui était monnaie, de ce qui ne l’était pas.
Mais après le 19 août 1971, ça n’a plus été le cas.
Et encore moins après les années 95, 2000, 2008 et 2020 (covid) où cet objet, la monnaie, en conséquence d’impressions monétaires et de dettes toujours plus massives, s’est complètement affranchie de ses bases matérielles d’origine.
C’est à cette époque décisive, 1995-2020, qu’il aurait fallu réinterroger la question.
S’attacher à définir exactement ce qu’était la monnaie.
Ce qui ne s’est pas produit, et loin de là : on a agi comme si rien ou presque n’avait changé.
Alors même que la monnaie se transformait toujours plus en simple signe monétaire.
Ensuite, il faut considérer que par sa nature même, la monnaie est un objet fongible.
C’est-à-dire qu’en principe, il s’agit d’un équivalent général, qui permet d’échanger tout contre tout, partout : l’argent n’a pas d’odeur, la musique est connue depuis 2000 ans et Vespasien. L’Empereur romain qui, pour renflouer l’État, taxa l’urine qui servait alors à la fixation des couleurs (12).
La conséquence de cette fongibilité de la monnaie est que, spontanément, celle-ci a la faculté de flouter, pourrait-on dire, les frontières des territoires. Et partant de là, la spécificité d’un territoire donné, qui constitue pourtant le fondement intrinsèque de sa monnaie : une monnaie de là-bas vaut, en effet, à peu près la même chose ici, c’est le mécanisme du taux de change des devises.
Alors plus les échanges entre territoires s’accroissent, plus leur floutage augmente.
Ce qui est bien entendu l’effet direct de la croissance des échanges internationaux.
D’ailleurs, vous le constaterez vous-même, au niveau microscopique.
Il est très banal qu’aux frontières immédiates de tous les pays, les gens du cru vivent et commercent dans plusieurs monnaies. Il y a vingt encore en France, c’était de la pesetas à Bayonne, de la lire à Nice, du deutsch mark à Strasbourg, et un peu de franc-belge au Nord.
(La frontière Suisse, c’était plutôt des mallettes de billets depuis Roissy-Charles de Gaulle).
Mais tout ceci signifie qu’à la fin, localement, on ne peut plus vraiment dire dans quelle monnaie on joue et finalement, dans quel territoire on vit précisément. D’autant que le bilinguisme y est pareillement banal. D’ailleurs, tout cela est en fait passé dans les mœurs : les administrations de tous les pays ont pris l’habitude de désigner ces zones singulières comme étant des « territoires frontaliers ».
Une manière de dire qu’il s’y passe des choses un peu bizarres, qu’il s’y produit autant d’exceptions de tous genres, et qu’on laisse faire puisqu’elles y sont gérées de manière assez pragmatique pour éviter d’y énerver leurs habitants. En passant toujours sous silence la question qui fâche très vite : en pratique quotidienne, où commence et finit le territoire ?!
Parce qu’enfin, les voyez-vous venir les motifs d’un tabou de plus en plus intense ?
La raison pour laquelle définir correctement la monnaie comme la contrepartie d’un territoire a été historiquement de plus en plus difficile ?
Oui, avec la globalisation progressive du monde (13) et puis son idéologie (« La mondialisation heureuse », merci à Monsieur Minc), très fermement développées après la fin du monde communiste en 1991, et puis l’expansion de l’Union européenne en 1992 (traité de Maastricht) et 2005 (l’embrouille référendaire), il est, en Occident, partout devenu de plus en plus difficile de seulement parler et-ou d’être attaché à, au choix, la typicité d’un territoire, celle de son Histoire, de sa Culture, de sa Langue et finalement de ses traditions.
Tout ça, ça devait finir mixé-broyé dans l’United Colors of Benetton et tant pis pour les tâches.
Chacun le sait. En France en particulier :
Allez donc passer la joie d’une soirée à parler de ce monde merveilleux qui court encore du vin rosé de Miraval aux langoustes de Camaret-sur-mer ; du piment des Basques jusqu’au Munster à l’Est, en passant par les vins de Bordeaux, les châteaux de la Loire et par-dessus les plaines de la Beauce, et il est à peu près certain qu’au lendemain, on vous trouvera l’air d’un régionaliste aggravé. Bientôt celui d’un conservateur réactionnaire. Et puisqu’enfin la chance vous sourira presque toujours, Heil Hitler !, d’un adorateur du IIIe Reich. Plus vivants que jamais, semble-t-il, on doit bien le constater…, depuis qu’ils ont été réduits en cendres trois générations en arrière, et le tout très, très loin d’ici : à Berlin !
Mais soyez sans crainte, pour beaucoup des promoteurs de votre calomnie chauviniste, les vins hors de prix du bordelais, le munster authentique, le bon piment d’Espelette, et les langoustes arrosées au Miraval, c’est pour eux presque tous les jours à leurs tables !
C’est que, voyez-vous, ces gens-là sont aussi souvent ceux qui gagnent le gros argent de la globalisation déchaînée. Ce qui leur donne autant les moyens de nos mets délicats en privé, que le goût, en public, d’en faire oublier… l’existence de la nationalité.
Et n’y voyez pas trop de complot, c’est surtout l’effet de la loi du pognon. Quand on en gagne vraiment beaucoup, il est plus facile de se vanter de la manière générale qu’on a de le gagner, que de s’étendre en détails sur les objets luxueux où on va le gaspiller.
Rien qui ne soit humain et qui ne puisse se comprendre.
Pourtant la Terre est ronde et elle est tourne : pour parler et gérer correctement la monnaie comme contrepartie d’un territoire, on est nécessairement forcé de parler et de se préoccuper de ce qui s’y passe en détails.
À l’intérieur ; à l’extérieur ; de l’intérieur vers l’extérieur ; de l’extérieur vers l’intérieur : épargne ; industrialisation ; Commerce Extérieur ; Importations ; Balance des paiements ; Taux de change ; Fiscalité ; Droits de douanes, etc., etc.
Avec, au centre, la question obligée de l’État, de sa gestion et de son organisation.
Oui, la qualité de l’État.
Si en effet la Suisse est par exemple devenue, à sa dimension, une puissance industrielle de premier ordre, et non pas un paradis fiscal ainsi qu’on l’a trop dit (la banque n’y fait que 10% du Pib), c’est principalement que ce territoire-là, à l’origine bien pauvre, a été presque anormalement très, très bien géré par sa population et leurs institutions. Des corporations qui commencent par des cantons autonomes, se poursuivent par des référendums permanents, tout ça engendrant finalement l’ancrage populaire et terre-à-terre d’une démocratie dont les dirigeants ne peuvent pas vraiment s’affranchir du réel, du territoire, on y revient toujours…, en particulier dans le domaine de la monnaie.
Et le Franc suisse, c’est comme de l’or en papier.
Notes :
(1) À propos de monnaie et de territoire, on peut, aujourd’hui aussi, considérer qu’un territoire donné est en réalité une somme et une articulation multidimensionnelle de réseaux d’échanges, de productions et de stocks de monnaie (s) : d’un marché dominical, à une place de marché sur internet, à un réseau bancaire offrant du crédit, en passant par une Banque Centrale émettant des obligations souveraines.
Oui, c’est tout à fait exact.
Néanmoins, cette autre complexité du système monétaire ne change rien au fait que, globalement, dans son ensemble, c’est la totalité de la monnaie qu’on trouve dans tous ces réseaux qui fait en somme la contrepartie du territoire où justement… ces réseaux se trouvent.
Et à partir duquel ils peuvent tout aussi bien se projeter vers l’extérieur du territoire considéré.
Le concept de territoire est ici employé comme étant un espace géographique constitué, avec sa population, sa langue, son histoire, etc. En d’autres termes, un pays. Néanmoins, les termes « pays » ou « nation » ne sont pas employés pour les raisons déjà énoncées.
Mais celui d’espace géographique constitué n’est pas plus employé, pour éviter de verser dans une abstraction formaliste qui rebute, et légitimement, le plus grand-nombre.
(2) Depuis 2002, L’Euro a été promu comme « la monnaie européenne ». Il est le plus souvent compris ainsi par le public. En réalité, il y a autant d’euros que de pays européens, avec chacun leurs Banques Centrales, qui n’ont jamais cessé d’exister depuis 2002.
En termes réels, l’Euro s’analyse comme une monnaie commune, dont les écarts internes de pays à pays du fait de leurs commerces européens sont, discrètement, compensés en temps réel au sein du mécanisme Target II : Voir Système de transferts express automatisés transeuropéens à règlement brut en temps réel
Target II gère quotidiennement 1850 milliards d’euros, soit le PIB de l’Italie – dans la journée…
La conséquence de cette situation est que si/lorsque l’Euro disparaîtra, nous nous retrouverons avec un euro français, aggravé, entre autres déficits généralisés, de ses déficits Target.
Même effet mais en sens inverse pour l’Allemagne qui, à cette date, détient une créance de l’ordre de 1000 milliards d’euros sur tous les pays européens, car l’essentiel de son commerce extérieur et de ses marges est réalisé nulle part ailleurs qu’en Europe.
Depuis 2007-2008, les écarts/soldes négatifs de Target II ne font que s’aggraver pour atteindre aujourd’hui 1500 milliards d’euros et une série de raisons trop longues à évoquer ici.
L’Italie et l’Espagne y représentent un déficit de 1100 milliards.
Voir aussi : Target 2 : la hausse continue des soldes menace la zone euro de dislocation
Dans l’ensemble, cette situation ne signifie qu’une chose : il n’existe pas d’unité européenne.
(3) On remarquera que la définition exacte de la monnaie, - la monnaie est la contrepartie d’un territoire, n’est que le passage et la généralisation à un niveau logique supérieur de ses sources territoriales, situées un cran plus bas dans le réel : commercer, définir les prix, stocker de la valeur.
Sur le plan logique encore, la non commutativité de la définition de la monnaie est fondamentale : c’est elle qui interdit la possibilité de sectionner le lien monnaie/territoire, et jouer de la monnaie comme on le veut.
(4) L’île de Nauru.
Sur la fin de son âge d’or, l’ile ayant été dévastée, ses dirigeants ont tenté de se refaire une santé en transformant leur État en paradis fiscal, ou bien par le commerce de passeports, de pavillons et de nationalités de complaisance, etc.
Ce qui a bien entendu attiré toute la faune de la criminalité sur la planète.
La Communauté Internationale a fini par couper court à cette dérive mafieuse moyennant x pressions : avec 10 000 habitants sur 21 km2 en pleine mer, Nauru ruinée n’avait pas les moyens de jouer très longtemps au repère des pirates.
(5) Max Weber, L’Éthique Protestante et l’Esprit du Capitalisme, 1904-1905. C’est un ouvrage fondamental de la Sociologie moderne. Lorsqu’il écrit « un Catholique préfère bien dormir que bien manger ; un Protestant bien manger que bien dormir », il est exact en étant un peu expéditif.
En réalité, un Protestant est, oui, tourné vers l’activisme et porté sur la prise de risques, mais sur la Dette par conséquent car il anticipe ainsi le résultat positif de son action.
Sous ce rapport, un catholique peut être moins actif, plus prudent, mais parce qu’il est aussi originellement plus porté sur l’épargne silencieuse : ce n’est pas pour rien que la France, l’Italie, et l’Espagne ont longtemps capitalisé des épargnes et des richesses faramineuses de tous genres, sans comparaison possible avec celles de l’Europe du Nord.
En fait, entre Catholiques et Protestants, on a surtout deux visions alternatives de la vie où, soit on fait et on progresse avec le temps (catholiques), soit on court contre lui (protestants).
(6) Japon. L’origine du peuplement massif du Japon est longtemps restée un mystère.
Au tournant des années 2000, la famille Royale du Japon a incidemment révélé ce qu’elle savait depuis 1 000 ans mais qu’elle dissimulait : au départ, beaucoup de Japonais furent des esclaves chinois que le continent avait rejetés à la mer.
De quoi jeter les bases, en retour et ensuite, d’un puissant sentiment de revanche à prendre.
Le Japon se distingue ainsi par un sentiment identitaire et un nationalisme profond, qui n’ont pas presque pas le besoin de se crier haut et fort pour être sans cesse très présents.
On l’a vu avec le rejet des occidentaux le 22 juin 1636, qui refermera le pays sur lui-même et sa féodalité sur plus de deux siècles. Ensuite, entre faiblesse intérieure et pressions extérieures (USA, Commodore Perry, 8 juillet 1853), le pays se rouvrira sur le monde, assez contraint et forcé par les armadas occidentales. Mais dix ans ensuite, ayant pris conscience de son retard technologique, cela conduira le Japon à l’ère Meiji (« Gouvernement éclairé », 1868). C’est-à-dire à l’expansion industrielle autoritaire et finalement militaire et impérialiste du pays. Terminée dans les horreurs asiatiques de la période 1931-1945 - 31 millions de morts estimés. Oui, 31…
Ce qui, en Asie, a laissé des stigmates analogues à celles des horreurs nazies en Europe.
Aujourd’hui encore, le sentiment identitaire du Japon est si puissant que la population étrangère n’y représente pas beaucoup plus qu’1%. Alors que sa démographie vieillit et régresse très rapidement.
(7) Le Taekwondo est un art martial composite Coréen (Sud), condensé et promu par le Général Choi Hong-Chi (1918-2002), à partir d’arts martiaux asiatiques (Karaté, Kung-fu, etc.), mais également occidentaux (boxe anglaise, française), qui lui ont apporté des techniques de poing – on le sait moins.
En Corée, le statut du Taekwondo voisine maintenant celui d’une religion.
On le sait également peut, mais nombre de réseaux d’affaires internationaux de la Corée du Sud s’organisent à partir de pratiquants de cette discipline…et on parle de la 15ème économie du monde.
(8) Des découvertes inexploitées des millénaires durant : Héron d’Alexandrie (Grec, 1er siècle après J-C) a ainsi inventé des premières machines à vapeur connues. Mais sous forme de jouets qui n’ont pas alors retenu l’attention au sujet de ce qu’on pouvait en faire en grand. Cela signifie tout de même que la Révolution Industrielle occidentale, qui lui a donné sa toute-puissance, aurait pu avoir lieu… 1700 ans plus tôt et ailleurs – c’est l’anglais James Watt qui en redécouvre le principe après 1760. (Voir Héron d'Alexandrie)
Des exemples de ce genre, on en compte des dizaines dans tous les domaines.
(9) Les Vikings : il faut rappeler qu’entre le 8ème et le 11ème siècle, partant des froideurs de la Scandinavie, les Vikings ont aussi bien commercé que dévasté l’Europe entière, jusqu’à la Sicile et la Tunisie actuelles. Les données les plus récentes indiquent également qu’ils ont abordé l’Amérique du Nord quatre siècles avant Christophe Colomb (1492).
Bref : des gens aussi déterminés qu’aventureux.
(10) M. Attali en Conseil avisé des Princes des sables ; Le Figaro (2016) Twitter, etc. Jacques Attali a fait partie de ces personnages intéressants de la deuxième moitié du XXème en France, qui ont eu raison sur tout : c’est-à-dire sur eux-mêmes, à titre principal.
(11) À l’origine de la monarchie saoudienne (1744), il existe une alliance entre les Séoud et le fondateur du Wahhabisme (Ben Abdelwahhab), une branche conquérante et très rigoriste de l’Islam.
Depuis, entre La Mecque et Marbella-la-cocaïne, chacune des parties vit sa vie et fait ses affaires en évitant de trop marcher sur les plates-bandes de l’autre. Motif pour lequel aujourd’hui, l’Arabie Saoudite peut être en même temps l’un des pays les plus modernes du monde, que le plus rétrograde : en pratique, ça dépend pour qui. Puisque le vrai Roi y est le dollar, tant que ça dure.
(12) L’Empereur Vespasien (9-79) taxa donc l’urine, dont l’ammoniac naturelle servait alors à la fixation des teintures des couleurs. Son fils le lui reprocha. Le père fit remarquer que cet argent-là ne sentait rien. Le tout nous est resté sous forme du proverbe, l’argent n’a pas d’odeur. Les vespasiennes, les pissotières de Paris en 1834 et 1980, furent baptisées ainsi en souvenir de l’affaire.
(13) L’habitude a été prise de dater la Globalisation du monde du milieu des années 1980-90.
En réalité, et sans revenir à l’Antiquité et ses très, très vastes Empires…, la globalisation occidentale a commencé après 1830 et son expansion coloniale. Mais on peut en remonter les fils trois siècles plus tôt avec la « (re)découverte » des Amériques (1492), et toutes les grandes expéditions maritimes de ce temps-là ; Marco Polo, Magellan, etc.
Cf. aussi note (9).
De même qu’après la fin de l’Empire romain d’Occident (410), dès le 8ème et le 9ème, on trouve partout les traces et les manifestations d’intenses commerces internationaux, jusqu’en Chine.
Bref, le monde et sa Globalisation, c’est un peu l’histoire incessante des marées et des mers.
Charles de Mercy est analyste, président de BulletPoint, inventeur de la sémio-morphologie (2008), une méthode d’analyse du langage.
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