Le camp de la déraison

Auteur(s)
Cédric d'Ajaccio, pour FranceSoir
Publié le 17 juin 2022 - 17:51
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Banc antivirus au palais de justice de l'île de la Cité, Paris, le 16 juin 2022
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Banc antivirus au palais de justice de l'île de la Cité, Paris, le 16 juin 2022.
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TRIBUNE — Suffit-il que le camp de la déraison se décerne le titre de camp de la raison pour le devenir ipso facto et pour se tirer à si bon compte de la démesure hypocondriaque dans lequel les gouvernements, parmi lesquels le gouvernement français concourt pour l’Oscar du meilleur acteur, ont durablement plongé les Peuples lors de cette résistible épidémie ?

« Le Président Macron incarne le camp de la République, de la raison et de l’équilibre de la société. En 2022, la présidentielle et les législatives vont se jouer sur un clivage entre ceux qui assument la complexité, la raison, la science, une forme de modération verbale et ceux qui jouent des effets de la polémique et des divisions » (sic)
Clément Beaune, Le Monde, 23 août 2021.

« On a proclamé l’empire de la raison, et tout l’univers est frappé de délire »
Benjamin Constant, De la religion, 1824

« Crois-tu que la vérité soit liée à la mesure ou au manque de mesure ? »
Socrate à Glaucon dans La République de Platon, Livre V

L’expression de « camp de la raison » fait déjà un peu frémir par sa consonance avec des expressions voisines moins dicibles qu’une communication prudente s’est retenue d’employer sans parvenir à empêcher leur présence subliminale de flotter dans l’air. Même si la complaisance médiatique élevée au rang de sport national grâce à une perfusion publique sans précédent pour financer l’indispensable pilonnage sanitaire [1] se sera bien gardée d’y faire la moindre allusion. « Le camp des saints » reflèterait de manière trop décalée l’intention hagiographique qui sous-tend le terme « camp de la raison » pour être nominé ; « le camp de la science » ressemblerait par trop à la dystopie éprouvée, dont nous espérons sortir enfin alors qu’elle ne fait sans doute que commencer, comme l’annonce déjà le président du « Conseil Scientifique » pour l’automne ; quant au « camp de la vérité » qui campe au plus près de celui de la raison, il révèlerait trop clairement l’intention disqualificatoire inavouable de l’expression. Ce voisinage subliminal permet à lui seul de comprendre le malaise que suscite – devrait susciter – cette auto-labellisation orwelllienne. Mais il tient d’abord à une cause plus immédiate : le toupet que revêt une telle assertion dans la bouche d’un gouvernement qui, durant deux ans de gestion de crise sanitaire, a perdu tout bon sens et cassé tous les repères. Face à une telle audacieuse réécriture de l’histoire par une story gouvernementale à la façon soviétique point 2, il est nécessaire à titre d’hygiène mentale et de cure post-traumatique, de sortir la chaise d’arbitre et de se demander si ce que nous venons de vivre, et vivons encore à l’heure des passes sanitaires maintenus pour accéder à l’hôpital, relève bien d’une politique raisonnable face à des circonstances extraordinairement adverses comme « le camp de la raison » veut nous le faire admettre, ou si nous n’aurions pas au contraire assisté à une véritable nuit de la raison, annonciatrice d’heures encore plus sombres.

Avant de se livrer à cet examen, on retiendra liminairement, au-delà de l’audace assertorique, que sur le fond le concept même de « camp de la raison » (si on lui fait l’honneur de la « conceptualité ») est un véritable oxymore. Non seulement il ostracise explicitement l’adversaire politique à la manière classique des régimes totalitaires, mais le simple rapprochement des deux mots suffit à rendre manifeste la contradiction interne de l’expression. « Camp de la raison » est en fait pour paraphraser une terminologie kantienne un « non-être de raison », une impossibilité logique, une contradiction dans les termes. Relevant du vocabulaire guerrier, le mot camp s’oppose frontalement à une raison qui serait raisonnable. La raison n’a pas sa place dans un camp retranché, mais dans un espace ouvert à la discussion, à la remise en cause, au doute, à la contradiction et à la controverse, à l’examen impartial et non sélectif de tous les faits, au refus des vérités officielles et de l’inquisition ou de l’accusation comme modalité discursive, à la reconnaissance de ses erreurs, à l’humilité méthodologique. Or cette ouverture à la contestation du discours officiel est justement ce qui a été interdit d’antenne ou vilement caricaturé. La contestation a été condamnée de ce fait à faire dissidence des réseaux sociaux, et en plus poursuivie pour cause de « fake news » ou interdite par ces fameux réseaux sociaux déjà largement placé sous tutelle étatique. Le traitement réservé à Didier Raoult, Christian Perronne, Luc Montagnier, chacun éminent dans son domaine et doté d’une notoriété internationale ont revécu à l’heure de la French Tech, ce que Galilée a vécu au 16ème siècle : « et pourtant le ‘vaccin’ n’a servi à rien » pourraient-ils dire en écho au e per si muove de leur devancier. La « science », pas l’attitude autoritaire qui s’en drape pour formater l’opinion publique, est antidogmatique ou elle n’est pas, comme l’ont rappelé les authentiques scientifiques qui ont pu s’exprimer ici et là. Le matraquage politico-médiatique issu de ce camp, dont sa dénomination même fait partie, relève de la violence verbale, du terrorisme intellectuel et de la chasse aux sorcières d’un temps que l’on espérait révolu. Nulle « raison » avouable dans tout cela. Une impensable régression en fait.

Essayons cependant de passer outre ces objections et de jauger à l’aune du bon sens qui est censé être la chose du monde la mieux partagée cette prétention du camp de la raison. En passant en revue les faits marquants de la politique sanitaire du gouvernement Macron en 2020 et 2021, très révélatrice du style général de la gouvernance tout au long de ce quinquennat.

Dernier préalable avant cette enquête. Elle n’a de sens que si l’on se refuse à tomber dans le piège de l’identification de cette gestion sanitaire avec la crise sanitaire elle-même comme si elle en découlait mathématiquement. C’est d’ailleurs ce que les commentateurs font spontanément en ce moment à propos de la politique sanitaire chinoise en distinguant soigneusement la recrudescence des cas de covid-19 (encore 19 ?) de la politique gouvernementale du "zéro covid", passée en deux ans du rang de modèle sanitaire mondial à celui d’anti-modèle « ravageur ». Car la notion de crise sanitaire, comme celle de crise en général, qui a tout envahi au point d’en devenir endémique et de perdre son sens, a pour fonction essentielle de disculper les décideurs politiques, qui ne seraient responsables de rien. La « crise » est bonne fille et a bon dos. Comme si face à une situation donnée, il n’y avait pas d’autre choix que ceux adoptés par ceux qui les décident, comme si par exemple le choix de demander un passe sanitaire, puis vaccinal, dans le TGV où voyagent les centaines de milliers, et pas dans les trains de banlieue les TER ou les métros où voyagent quotidiennement les millions, allait de soi, parce que l’obligation est plus facilement contrôlable, applicable, dans les TGV - ce qui revient à en concéder la parfaite incongruité. Les périodes difficiles, encore plus encore que les périodes normales, fournissent une bonne occasion d’apprécier la qualité de la conduite des affaires publiques et des décisions politiques, inévitablement contingentes quoiqu’on en dise. De juger si les erreurs de conduite relèvent de circonstances atténuantes – ou les ont au contraire empirées. Toutes les décisions sont discutables par définition en démocratie, et il n’est pas question de dénier à quiconque le droit d’en apprécier la justesse et la cohérence par le libre examen de sa propre raison. Soumettons donc les principales d’entre elles, et leurs justifications discursives, à la question.

Posons-nous la question de savoir, comme si nous répondions à un quizz, si telle ou telle décision, telle ou telle explication, relève du rationnel ou de l’irrationnel, du raisonnable ou du déraisonnable et cochons la case dans la colonne correspondante, à gauche le rationnel / raisonnable, à droite leur contraire [2]. Puis additionnons les croix dans chacune des deux grandes colonnes afin de voir de quel côté penche la balance à l’issue de cet exercice de discernement citoyen. Faisons parallèlement faire le test à un enfant qui a passé l’âge de raison à titre de vérification. Ci-dessous une liste des décisions interpelées, limitative par définition, mais où figure cependant la plupart de celles qui ont marqué les esprits – et les corps.

La livraison en janvier 2020 de notre peu de masques (et autre matériel médical) à la Chine ? Rationnel ou irrationnel, raisonnable ou déraisonnable ? Cocher la case correspondante d’une croix.

L’interdiction inaugurale du port d’un masque au personnel des Ehpad au point de départ des ravages du COVID parmi les personnes très âgées ? Rationnel ou irrationnel… ? Raisonnable ?

Puis le refus des visites et même de célébrer des funérailles ? Tolérable ?

L’interdiction aux médecins de recevoir les patients atteints de covid ? L’interdiction administrative, non seulement à l’hôpital public, mais à tout le corps médical libéral, de prescrire les traitements préventifs ou habituels en début de phase symptomatique contre les grippes et autres fièvres ? Sous peine de sanction par l’Ordre des médecins, voire d’interdiction d’exercer ? Démocratie, dictature ? Compétence, incompétence ? Soin ou violation sans précédent de la déontologie, de la conscience professionnelle et du serment d’Hippocrate ? Rationnel ? Raisonnable ?

Le confinement autoritaire (lockdown signifie plus crûment mise sous écrou, enfermement) homogène sur l’ensemble du territoire : en Lozère comme à Paris ? À la campagne comme à la ville ? Quelle que soit la taille du logement, le nombre d’occupants ? Pour se contaminer les uns les autres en intérieur, comme Olivier Véran l’avait d’ailleurs prédit en indiquant que la grippe saisonnière cessait au printemps parce que « l’on cesse de se confiner », lorsqu’il critiquait le confinement, c’est-à-dire juste avant de le faire appliquer de manière particulièrement obtuse. Rationnel ? Raisonnable ? Acceptable ?

L’obligation du port du masque dans la rue ? À la campagne ? La nuit ?

Instituer des amendes de 135 € pour non-respect des règles de confinement, de couvre-feu, ou de protocole sanitaire ou de port du masque (« couvrant le nez et la bouche » !), pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers d’euros en cas de récidive, et même de peines d’emprisonnement ? Une amende de 135 € en cas de flagrant délit de jet de masque sur le sol ? Flagrant délire bureaucratique ? Raisonnable ?

Lors du premier confinement, la fermeture des parcs et jardins, interdire d’aller marcher au grand air sur les plages ou d’aller pêcher en mer en solitaire ? La limitation à une heure des déplacements ? Le contrôle de la distance à vol d’oiseau à ne pas franchir ? Les contrôles d’identité dans la rue ? Les désopilantes, si elles n’étaient accablantes, dérogations aux interdictions tatillonnes ubuesques ? Raisonnable, rationnel ? Justifiable, inadmissible ?

Marteler à longueur de journée, pendant des mois et des années, dans les transports, les médias, les entreprises, les injonctions de soumission aux protocoles sanitaires sous peine de sanctions arbitraires et disproportionnées, à la population d’un pays démocratique, considérée de ce fait comme une masse de mineurs attardés qui ne comprend rien à rien et est digne d’être placée sous curatelle renforcée (« Il faut voir comme on nous parle ! » écrivait Alain Souchon dans « La vie en rose »), et dépenser des milliards d’euros à cette fin de propagande, introuvables la veille encore pour redresser l’hôpital en péril ?

Oublier que la définition de la santé de l’être humain par l’OMS comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » est une invitation à la juste pondération des politiques sanitaires pour tenir compte de la diversité des conditions du bien vivre et du fait que l’être humain est plus que l’habitacle de virus (nombreux au demeurant) ? Privilégier la « guerre » du « tous aux abris » face au virus, et enjoindre à toute une population de « cesser de vivre pour éviter de mourir » selon la juste formule de Lucie Robequain des Échos ? Sous le prétexte indémontrable de protéger les plus fragiles, majoritairement sédentaires et prudents, empêcher la jeunesse de sortir de chez soi et plonger toutes les classes d’âge scolaire dans le désespoir et la dépression, la vision d’une vie privée et publique désormais placée sous l’épée de Damoclès de l’arbitraire de la puissance publique ?

Voir aussi : Marie-Estelle Dupont : "hors sujet de culpabiliser les êtres humains d’avoir des besoins et des désirs"

Dépenser des dizaines et centaines de milliards d’euros pour compenser un arrêt autoritaire asymétrique et surtout disproportionné de la vie sociale et économique, plutôt que des centaines de millions et des milliards pour ajuster, en urgence et plus durablement, les capacités médicales et hospitalières du pays aux besoins d’une population par ailleurs vieillissante ? Continuer à supprimer des lits d’hôpitaux et mettre à pied du personnel médical lorsque les professionnels sonnent de longue date le tocsin sur l’insuffisance des moyens humains et matériels de l’hôpital ?

La canalisation vers l’hôpital en manque crucial de moyens et de lits de longue date de l’ensemble des malades du COVID quitte à emboliser l’hôpital public et quitte à dire aux malades qu’on ne peut pas recevoir de rester chez eux ? Intelligent ou stupide ? Humain ou inhumain ? Rationnel, raisonnable ?

Ironiser en toute condescendance politique et médiatique française sur la galéjade trumpienne début 2020 annonçant la mise au point avant la fin de l’année d’un « vaccin », avant d’enrôler de force la majeure partie de la population comme cobaye d’une thérapie génique expérimentale en toute imprudence et irresponsabilité – dans le seul pays qui ait constitutionnalisé le principe de précaution ?

Choisir une politique dogmatique et hautement risquée du tout vaccinal ou du choix binaire et inhumain entre l’abandon pur et simple et l’hospitalisation, plutôt qu’une politique pragmatique mettant en avant le corps médical, empirique et humble face à l’inconnu combinant la prévention (diététique de vitamines appropriées, pratique du sport au grand air, source du renforcement de l’immunité innée) et les traitements précoces qui s’avèrent expérimentalement efficaces ?

Transgresser le sacro-saint principe du consentement éclairé du patient à tout traitement proposé, consubstantiel au modèle démocratique ?

Choisir de vacciner tout le monde, notamment les populations à très faible risque comme les enfants, au lieu de se privilégier les personnes fragiles après une visite médicale circonstanciée pour tenir compte de la spécificité, des allergies et intolérances propres à chaque personne, de son état psychologique ?

Forcer les gens à se faire vacciner sans qu’ils connaissent la composition exacte des médications géniques et leurs contre-indications comme pour toute autre médication ? Les forcer cependant à signer une décharge de responsabilité ?

Refuser de faire connaître aux parlementaires européens et à l’ensemble des citoyens le contenu des contrats signés par la Commission européenne avec des laboratoires pharmaceutiques comme Pfizer qui traînent derrière eux une longue histoire de scandales sanitaires ?

Voir aussi : "Où est la transparence ?" Des députés européens demandent des comptes sur les politiques sanitaires

Ne pas divulguer ouvertement les conflits d’intérêt des décideurs publics de la politique sanitaire centrée sur le tout-vaccinal (comme les médecins de Molière sur la saignée ) ?

Nous interrompons un instant cette énumération pour proposer un remède raisonnable aux partis soucieux de rétablissement de l’indépendance de l’État face au lobby de l’industrie pharmaceutique, qui a tout bonnement réussi à enrégimenter les gouvernements et les chefs d’État dans ses services commerciaux : former dès le début de la prochaine législature une commission d’enquête parlementaire pour étudier les investissements boursiers des gouvernants, des hauts-fonctionnaires décideurs de la politique sanitaire, des « scientifiques » du Conseil scientifique de la politique sanitaire durant la période 2020-2021. Un acte fondateur de la résistance nécessaire à la corruption institutionnalisée qu’implique la non-divulgation des conflits d’intérêt. Une idée simple à laquelle nul n’a songé ?

Acheter des milliards de doses pour « vacciner » des centaines ou des dizaines de millions de personnes ? Pour en perdre combien in fine par péremption ou absence de débouchés ? Exporter dans le « tiers-monde » les plus douteux d’entre eux, comme l’Astrazeneca, le Pfizer ou le Moderna, d’ailleurs interdits par divers pays ou pour certaines classes d’âge de la population ?

Jeter l’argent par les fenêtres en ne tenant compte ni de la balance bénéfices-risques (qui n’a aucun sens au niveau global d’une population et n’a en réalité de pertinence qu’au niveau individuel dans le cadre du colloque singulier du patient et de son médecin) ni de la balance budgétaire coût-avantage, qui tout d’un coup a disparu des radars alors qu’elle fait la pluie et le beau temps en général et dans les politiques sociales en particulier – et alors qu’elle doit avoir partout sa place à titre régulateur et de bon sens ?

Ne tenir aucun compte du fait que ces thérapies géniques sont inutiles pour la plupart, inefficaces pour tous (selon les communiqués mêmes du ministère des Solidarités et de la santé dignes d’un sketch de Fernand Reynaud [3] : « après un certain temps l’efficacité des vaccins diminue… » ) et nuisibles pour beaucoup ? Sérieux ou criminel ? Acceptable ? Raisonnable ?

Ne pas tenir compte de la troublante corrélation entre les campagnes vaccinales et les regains épidémiques (les fameuses vagues que les JT faisaient régulièrement déferler sur les cerveaux apeurés, même s’il est désormais avéré elles s’appuyaient sur de nombreux faux positifs - et ne tenaient par ailleurs aucun compte de la bénignité de la plupart des cas symptomatiques) ? De la faiblesse de l’épidémie dans les zones géographiques à faible couverture vaccinale ?

Oser, dans la foulée, identifier « vaccination » (du troisième type) et « immunisation » alors que la preuve de l’inefficacité vaccinale se répand et conduit certains États parmi les plus zélés, comme Israël, à suspendre les campagnes de rappel ?

Licencier brutalement le personnel soignant en période dite de crise sanitaire et de pénurie de personnel soignant après l’avoir porté en héros ? En dépit du droit du travail ? Du bon sens ? De l’humanité ?

Voir aussi : "Il y a eu une cassure" : comment vivent les soignants suspendus, quatre mois après ?

Insulter les millions de Français qui préfèrent ne pas se vacciner parce qu’ils n’en ont pas besoin, parce qu’ils se protègent par les moyens basiques du masque et du gel hydro-alcoolique comme on leur enjoint de le faire sous peine d’amende qu’ils soient ou non vaccinés (preuve s’il en est de la reconnaissance officielle de l’inefficacité de la vaccination) ou parce qu’ils se méfient à juste titre de médications improvisées dont les dommages collatéraux sont connus malgré l’omerta médicale et médiatique sur le sujet ? Comme aucun président du pire des régimes totalitaires sur la planète et même le diable Trump, ou Poutine, en personne ? Acceptable, inacceptable ? Emmerder les Français serait « du trumpisme chic » ? Où est le chic ?

Voir aussi : "Emmerder" les non-vaccinés était une formule "affectueuse", selon Emmanuel Macron

Nationaliser les corps ? Devenir le médecin-chef d’une population enrégimentée ?

De telles extrémités et provocations verbales sont-elles raisonnables ? À quelles extrémités le camp de la raison ne donne-t-il pas droit de cité lorsqu’il déraisonne à voix haute à ce point ? Ou lorsqu’il calcule cyniquement ses propos au nom d’une rationalité très personnelle de maintien au pouvoir fondée sur l’orchestration de la peur de la mort et la manipulation des masses par la désinformation ? Car la gestion de la crise sanitaire est au fond une sorte d’expérience de Milgram en grand [4], menée par le concert des gouvernements des « pays libres » (« la liberté, c'est l’esclavage » disait le prophétique Big Brother) engagés dans une folle compétition pour voir jusqu’où la tyrannie pouvait aller sans que la population se révolte autrement qu’à la marge (une belle et durable marge tout de même). Répétition générale pour de futures sorties de rail tout aussi rationnelles ?

Refuser l’accès à l’hôpital public pour consultation aux millions de plus en plus nombreux de citoyens qui n’ont pas ou plus de passe vaccinal valable ?

Voir aussi : "On nous refuse des soins parce qu’on n'est pas vaccinés", Stéphanie, atteinte du cancer

Empêcher un débat libre et contradictoire dans les grands médias entre scientifiques tenants et opposants de cette politique sanitaire « vaccinale » du tout ou rien, qui ne mène d’évidence à rien sinon à d’extravagants profits privés, jumeaux des extravagants déficits publics creusés pour rien qui vont durablement plomber les finances publiques et freiner les investissements publics indispensables ?

Disqualifier comme « complotiste » toute argumentation et tout fait discordant avec les vérités officielles, autre oxymore dans une société de libertés qui fleure bon son odeur de « Pravda » (i.e. « La Vérité ») ? Interdire l’objection, et l’objection de conscience du personnel médical ?

Voir aussi : De l'urgence d'être complotiste

Transformer le journalisme des pays libres en porte-parolat du gouvernement et en inquisition à l’égard de ceux qui osent manifester contre des solutions comminatoires inacceptables et sans fondement scientifique, ne serait-ce que faute de recul (et ne sont pas majoritairement « antivax » selon la caricature accoutumée, une position qui devrait d’ailleurs pouvoir avoir droit de cité et être impartialement discutée dans un pays démocratique) ? Ressasser la même et unique question, du haut de la supériorité de ces « animaux plus égaux que les autres » que sont les personnels des médias : « qui sont ces gens-là ? », au lieu de se poser la seule question respectueuse des citoyens qui prennent la peine de manifester et de se manifester, ce droit fondamental : pourquoi des gens extrêmement divers se retrouvent-ils de manière aussi pacifique et persévérante en plein été pour interpeler le gouvernement ? Au lieu donc de se livrer à des investigations sérieuses et contradictoires, de faire son travail d’information ? De s’interroger sur les raisons de nombreux grands scientifiques indépendants partout dans le monde qui, au détriment de leur carrière et de leur réputation, s’élèvent contre cette « fabrique grossière d’un consentement » à la décision « manifestement déraisonnable » consistant à généraliser à une échelle inconnue jusqu’alors une thérapie expérimentale dont la composition et les contrindications sont ignorées du grand public auquel on l’inocule à grand renfort de doses ?

Tenons-nous-en là, même si l’on pourrait encore multiplier les questions pour apprécier la gestion sanitaire du « camp de la raison », qui n’eut de constance que son insolente arrogance et le dogmatisme dans la proclamation de ses vérités successives. Comptons les croix dans les colonnes, y compris celles de l’enfant de plus de sept ans qui nous sert de preuve par neuf de l’universalité de la raison et de l’objectivité ? Est-il possible, en conscience et en vérité, de cocher une seule case dans la colonne de gauche face à tant de décisions incompréhensibles pour un être ayant atteint l’âge de raison et capable de raisonner par lui-même ?

Dès lors, rationnel, raisonnable, le camp de la raison, ou réellement inquiétant ? Effrayant même pour l’avenir de nos enfants si l’on extrapole les tendances en cours au sein de l’OMS ou si l’on en croit les déclarations d’un Bill Gates devenu par son argent le « parrain » de la Santé mondiale et le grand leader d’un conglomérat « néoploutocratique » sanitaire décomplexé, pour lequel il ne serait pas anormal qu’à partir de 50 ans chaque personne, sauf ceux qui les prescrivent, reçoive une injection tous les six mois (il n’est plus même besoin de dire contre quelle maladie chacun devrait régulièrement recevoir « sa dose », l’important est d’obéir au bon Docteur Jekyll) ?

Puissent les révélations d’une commission d’enquête française sur les investissements boursiers des responsables de la santé publique, en dévoilant les intérêts privés les plus terre à terre cachés derrière les bienfaits publics de « la science » à l’origine du premier grand scandale sanitaire à l’échelle planétaire, porter un coup fatal aux manipulations de masse que préparent, sous couvert de blouses blanches,des classes dirigeantes ayant perdu tout repère, tout bon sens, et toute raison [5].

 

Cédric d’Ajaccio *


* lointain cousin du publiciste du 19ème siècle Frédéric Bastiat, critique en particulier des sophismes de son temps.

[1] Qui peut imaginer qu’une population adulte sera dûment informée des risques d’une maladie si elle ne reçoit pas au moins dix doses d’injection informative quotidienne (pendant deux ans et demi) concernant le détail ce qui est à faire et à ne pas faire ? Se moucher dans le coude, aérer « toutes les deux heures » s’il vous plaît, ne pas s’embrasser surtout. En effet, comme le résume bien le « 11 ème commandement » de la RATP : « protégeons-nous les uns des autres ». Le chiffre de trois Mds € a été avancé au milieu de la « crise ».

[2] Nous n’ignorons pas la différence importante entre rationnel et raisonnable, le premier relevant de la raison raisonnante et calculatrice, dès lors dépendante de l’honnêteté intellectuelle de celui qui la manie et de la sérénité du climat intellectuel dans lequel elle s’exerce, sujette qu’elle est à la sélection des variables mises en avant et à la manipulation statistique (quand le Gouvernement français ose affirmer dans une publicité que « des chiffres on ne discute pas » il fait régresser à son insu la France du principe cartésien de l’évidence au principe d’autorité de la scolastique ou à la « raison du plus fort »). C’est sans doute à cette raison très serviable si on sait la solliciter que Luther pensait lorsqu’il l’appelait la « putain du Diable ». Le raisonnable relève quant à lui d’une raison discursive chargée d’expérience humaine, qui ne peut se réduire à des pondérations grossières ou arbitraires mais tend vers l’objectivité par l’intentionnalité droite de celui qui la manie et par la prise en compte du jugement d’autrui et des multiples points de vue dans le cadre d’un débat contradictoire, non biaisé par le choix des participants. Il est le produit d’un discernement humain éclairé par la discussion, qui permet de comprendre la supériorité de principe d’un régime politique authentiquement démocratique. Mais nous ignorerons ici cette distinction car le plus souvent en fait, dans la gestion de la crise sanitaire, l’irrationnel et le déraisonnable ont largement coïncidé.

[3] https://www.youtube.com/watch?v=IQO2Cb-yVlc : « Le fût du canon ».

[4] Pour en savoir plus de manière simple sur l’expérience de Milgram, voir le film « I… comme Icare » d’Henri Verneuil avec Yves Montand (1979).

[5] Comme Chateaubriand le fait dire au sage indien Natchez Chactas : « la raison des hommes est si faible, qu’elle n’est souvent que la raison de leurs passions », dans Les Natchez, Livre V.

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