Covid-19 : Le Parisien commence enfin le débat !

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Pierre Chaillot, France-Soir
Publié le 19 mai 2023 - 09:30
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Covid Chaillot
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P. C.
"Bonne nouvelle, on parle de plus en plus du fond !"
P. C.

TRIBUNE/ANALYSE - Un nouvel article a été publié dans le journal Le Parisien "Mortalité du Covid-19 : ce best-seller qui joue avec les chiffres".

Cela fait suite aux deux articles : "En tête des ventes et des fakenews, le business des livres classés antivax" et "Effets indésirables, ARN messager…On a vérifié 7 affirmations de deux livres jugés antivax", qui avaient été publiés par ce même journal.

Dans une démarche d’écoute et d’échanges d’arguments pour participer au débat public, et avec l’ami Pierre-Yves Covid, chercheur travaillant sous pseudonyme et contributeur de mon livre, nous y avions répondu dans une vidéo : Covid 19 : le Parisien garde les yeux grand fermés.

Nous y avions au passage découvert l’intéressant travail réalisé par Elsa Mari, qui a publié un travail similaire au nôtre sur le sujet de la chirurgie esthétique : "Génération Bistouri - Enquête sur les ravages de la chirurgie esthétique chez les jeunes".

Nous nous étonnions qu’aucune connexion ne soit faite par la journaliste entre ce sujet pour lequel l’industrie pharmaceutique s’enrichit sur le dos des patients, en utilisant des influenceurs et des médecins grassement payés, et en niant les effets indésirables de cette pratique, avec ce qui s’est passé pendant la crise Covid-19 que je dénonce dans mon livre. 

Aujourd’hui nous nous félicitons qu’un début de débat contradictoire puisse enfin avoir lieu. Chacun doit pouvoir faire part de ses potentiels désaccords sur l’interprétation des données. Dans la lignée du travail précédemment réalisé, nous vous proposons une réponse à ce nouvel article, et bonne nouvelle, on parle de plus en plus du fond ! 

Retour sur la genèse de l’article 

C’est mon éditeur qui m’a appris la sortie d’un nouvel article du Parisien sur mon livre. Vu son titre :  "Mortalité du Covid-19 : ce best-seller qui joue avec les chiffres", j’ai pensé faire face à un nouvel article de propagande sans débat, comme je l’ai vécu trop souvent.

Nicolas Berrod ne m’a pas envoyé de message au moment de la publication de son article, pour que je sois au courant, ou même que je puisse en être un des premiers lecteurs. J’ai été choqué et déçu, car j’ai passé beaucoup de temps à répondre à Nicolas Berrod pour l’écriture de ces articles. J’ai donc publié un tweet faisant part de mon agacement quant à cette pratique. Nicolas Berrod m’a contacté par mail dans la foulée pour me prévenir que son article reprenait bien des éléments d’une discussion que nous avions eu au mois de mars.

En attendant de pouvoir lire son article, j’ai immédiatement supprimé mon tweet et lui ai rappelé que la loi m’autorise à lire tout article qui me concerne. C’est la deuxième fois que les articles de Nicolas Berrod sont diffusés sans m’en envoyer une copie ni même me prévenir de la diffusion. Je m’en suis déjà plaint la dernière fois. Je ne demande même pas un droit de relecture, juste d’être prévenu, sachant que je passe beaucoup de temps à répondre bénévolement. 

Après lecture de l’article, j’ai constaté que Nicolas Berrod a fait son travail de journaliste. Son article se base sur un écrit que lui a envoyé l’Insee qui prétend que mon ouvrage aurait plusieurs "biais, erreurs ou arguments de mauvaise foi". Je n’ai jamais vu cet écrit et ne sais pas qui en est l’auteur. Mais il est vrai qu’au mois de mars, j’avais répondu à différentes questions techniques de Nicolas Berrod.

Je ne savais pas qu’elles venaient de cet écrit. Même si je ne suis pas d’accord avec les conclusions, il a bien lu et tenté de comprendre et de retranscrire les arguments de chaque partie. Il n’a pas le bagage scientifique pour donner raison à l’une ou l’autre partie, et devrait neutraliser un peu plus son propos, mais l’essentiel est là. J’ai donc présenté mes excuses en privé auprès de lui et publiquement sur mon compte Twitter. 

Je trouve un peu dommage son thread qui a suivi sur Twitter qui prend nettement parti contre mes propos alors que son article est plus nuancé que ça. Chacun jugera de qui a finalement le comportement le plus respectueux. 

Jouer avec les chiffres ? 

L’article s’intitule "Mortalité du Covid-19 : ce best-seller qui joue avec les chiffres". Le but de l’expression utilisée est clairement de décrédibiliser le travail fourni. Je tiens à rappeler qu’il ne s’agit pas d’un jeu. En effet, on parle de personnes décédées, c’est donc un sujet sérieux, et que derrière ces données se cachent des vies humaines et potentiellement des familles endeuillées.

Au passage, notons que les décès ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. Un grand nombre de personnes souffrent de conséquences de mesures politico-sanitaire durant la crise Covid, que nous jugeons, raisonnement à l’appui, hasardeuses et contreproductives :  les personnels suspendus évidemment, toutes les personnes qui se sont senties mal du fait des contraintes, les enfants, masqués, confinés, interdits de sortie, les victimes des effets indésirables de la vaccinations etc.

L’objectif de tout ce travail n’est pas de vendre des livres, puisque je n’en touche aucun revenu, et que mes vidéos ne sont pas monétisées, mais que la lumière puisse être faite sur la période que nous avons traversée. L’objectif est que la parole des victimes puisse être libérée et que nous puissions, à l’avenir, ne plus céder à la psychose, revenir ou aller vers un consentement libre et éclairé, pas seulement sur les vaccins Covid, ou les vaccins, mais pour l’ensemble des actes médicaux, opérations de chirurgies esthétiques comprises ! 

Surmortalité ou pas ? 

L’article de Nicolas Berrod me donne raison sur le fait que, lorsque l’on parle de décès, il faut prendre en compte la taille de la population et l’âge des gens. 

  • S’il y a plus de décès chaque année en Allemagne qu’au Liechtenstein, ce n’est pas parce que l’Allemagne c’est dangereux et que le Liechtenstein c’est sûr. C’est parce qu’il y a 2000 fois plus d’habitants en Allemagne qu’au Liechtenstein.

  • S’il y plus de décès chaque année dans un Ehpad de 200 personnes que dans une école maternelle de 200 enfants, ce n’est pas parce que l’Ehpad c’est dangereux et que l’école maternelle c’est sûr. C’est parce que les résidents d’un Ehpad sont très âgés alors que ceux d’une école maternelle sont jeunes. 

Or, si on prend en compte l’âge des gens et la population, on se rend compte que la mortalité de 2020 en France, est la même que celle de 2015. Difficile alors de parler d’hécatombe. Mais Nicolas Berrod reprend l’argument de l’Insee qui dit que la hausse de décès entre 2019 et 2020 est exceptionnelle. L’affirmation de l’Insee est parfaitement juste. Pour apporter l’information complète il faut donc donner les deux aspects. Il faut dire :  "En 2020, la France a connu un record de hausse de mortalité par rapport à 2019, mais l’année 2020 reste l’une des années les moins mortelles de toute l’Histoire". Je souligne donc qu’il manque la moitié de l’information et ce n’est pas neutre.  

Imaginons qu’un enfant batte un record de croissance, en gagnant 10% de sa taille en une année. Si ce record a été battu par un enfant qui faisait 1m et est passé à 1m10, ce n’est pas la même chose que s’il faisait déjà 2m et fait désormais 2m20. Comme l’année 2019 est l’année la moins mortelle de toute l’histoire, il est facile d’avoir un gros taux d’augmentation. Plus on est bas au départ et plus la part d’augmentation peut être grande. Il est facile de doubler sa fortune quand on ne possède qu’un euro. C’est plus dur quand on en a 100 000. 

Ne donner qu’un des aspects des statistiques, ce n’est pas rester neutre et faire avancer le débat public. C’est avoir un parti pris. 

Ensuite Nicolas Berrod rappelle que mon livre critique le modèle retenu par l’Insee pour annoncer 95 000 décès excédentaires. D’abord, l’article relate ma critique du choix de la fenêtre temporelle retenue pour comparer la mortalité. L’institut, qui a retenu 22 mois, indique qu’il n’y a aucun problème de ce côté-là, puisque les durées sont les mêmes. Il manquerait plus que ça que de comparer sur des durées différentes.

Mais je maintiens que c’est un problème, et une limite importante, de comparer la mortalité sur une période qui n’est pas un multiple de 12 et n'inclut pas le début de l’année 2020, donc l’hiver où se concentrent les décès. La mortalité augmente quand il fait très chaud ou très froid. Il suffit qu’une vague de froid se soit produite juste en dehors de la période retenue pour biaiser complètement les résultats. D’ailleurs, l’Insee admet que l’hiver 2019-2020 a été très doux et donc que l’année 2020 a démarré avec très peu de décès. Comme les humains ne sont pas éternels, il est normal d’observer un effet de rattrapage un peu plus tard dans l’année. Tronquer la période d’observation pour maximiser la surmortalité ce n’est pas neutre, c’est un parti-pris. 

Ensuite, Nicolas Berrod relate les explications de l’Insee concernant le modèle qu’ils ont choisi pour calculer une “mortalité attendue en 2020” et ainsi en déduire une surmortalité qui est la différence entre la mortalité attendue par le modèle et la mortalité observée. 

Dans son article, l'Insee prolonge la baisse observée ces dernières années sur 2020. Ce que j’ai appelé “ne pas lever le nez de sa copie”. En effet, en prolongeant les dernières années, le modèle de prévision de l’Insee ne prend pas en compte l’existence des années moissons et donc de fluctuations habituelles de la mortalité. D’ailleurs parmi les différents scénarios, l’Insee choisit celui qui va minimiser la mortalité attendue et donc maximiser la surmortalité. 

 
Mais ce n’est même pas le plus gros problème. En effet, ce que je critique, c’est qu’en prolongeant une tendance de baisse de la mortalité, les calculs de l’Insee prévoient une mortalité de 2020 plus faible que ce qui n’a jamais existé dans l’histoire. Ce n’est pas raisonnable, ni scientifique.

Faire un modèle qui prévoit en 2020, moins de mort que ce qui n’a jamais été observé, pour ensuite pousser des cris d'orfraie lorsqu’on constate que ce n’est pas arrivé, n’est pas raisonnable.

Dans le livre, je prolonge le raisonnement jusqu’à l’absurde en disant que si on continue, on va même trouver des taux de mortalité qui tombent à 0 et en déduire que les humains vont devenir immortels, voire ressusciter à partir de 2068 ! 

Nicolas Berrod reprend alors les arguments de l’institut : “Un tel raisonnement fait tiquer l’Insee. Et pour cause : ce n’est pas ce que font ses statisticiens. 'Si les quotients de mortalité ont baissé en moyenne de 1 % par an à un âge donné entre 2010 et 2019, on suppose qu’ils vont à nouveau baisser de 1 % par an à cet âge de 2020 à 2022', explique l’institut. Avec cette méthode, on se rapproche peu à peu de la valeur 0… mais on ne l’atteint jamais. Pierre Chaillot fait donc dire à l’Insee ce que l’organisme ne dit pas. Il se défend en reprochant 'un oubli méthodologique' dans la publication, voire 'de la mauvaise foi'.” 

À la lecture de ce paragraphe, Nicolas Berrod donne l’impression que j’ai fait une erreur et que je n’ai pas de contre-argument à répondre. C’est faux et ce n’est pas très classe de sa part sachant que je lui ai fait une réponse assez détaillée le 20 mars 2023 que voici : 

Il n'y a aucune référence à un logarithme, ni dans l'étude, ni dans sa méthodologie, ni dans le billet de blog qui l'accompagne. L'étude fait uniquement mention de la projection d'une tendance. Sans plus de détail, cela signifie "linéaire".

C'est donc un oubli méthodologique de la part de l'auteur, ou de la mauvaise foi de la part de la personne qui vous a donné cette information. Quoi qu'il en soit, même si on appliquait une tendance logarithmique, la projection serait toujours parfaitement incohérente puisqu'elle prévoit en 2020 des taux de mortalité plus faibles que ce qui n'a jamais existé dans toute l'histoire. Facile alors de prétendre observer une surmortalité, et c'est bien le reproche que j'adresse à cette méthode.