Chronique N°43 – « Stratégie vaccinale : Faut-il croire au Père Noël ? »
« Vaccin à Noël, Toussaint sous les chrysanthèmes » aurait pu dire notre regretté Pierre Desproges
Margaret Kinan, une irlandaise de 91 ans, a été la toute première vaccinée. Lui a-t-on demandé son consentement éclairé. Lui a-t-on dit que selon le protocole de l’essai publié en même temps que le communiqué de presse de Pfizer / BioNtech, il n’était pas attendu que des patients de 85 ans et plus aient été inclus dans l’essai de Pfizer ? De sorte qu’on ne sait pas si le vaccin serait efficace chez elle ?
Une énorme incohérence relevée dans la synthèse des recommandations de la HAS pour la « priorisation » à privilégier dans la stratégie vaccinale anti-covid19 (ici)
J’avais consacré ma chronique N°40 au vaccin Pfizer / BioNtech (ici)
Alors commençons par commenter le vaccin « qui lave plus blanc que blanc » le coronavirus nouveau, comme aurait pu dire notre regretté Michel Coluche. Je veux parler du vaccin également à ARN messager, développé, produit, déjà acheté vendu, bientôt assurément autorisé, remboursé, mais gratuit, commercialisé et promu par Moderna, mais pas obligatoire (pour l’instant, mais ça peut changer comme Noël et le Jour de l’An, dirait Olivier Véran (ici)).
Examinons l’essentiel des résultats de la deuxième analyse intermédiaire présentés par Moderna le 30 novembre 2020 :
Voici les liens pour retrouver le protocole de l’essai Clinique de phase 3 (ici) et les résultats préliminaires dans le communiqué de presse (ici)
Stéphane Bancel, PDG de Moderna, était interviewé la 17 novembre sur LCI pour présenter les résultats de la 1ère analyse intermédiaire de l’efficacité de son vaccin, prenant en compte les 95 premiers participants infectés :
« Le vaccin a 94 points 5 pour cent d’efficacité contre la maladie, c’est-à-dire que les gens qui ont le vaccin, en fait, sont très rarement malade, par rapport aux gens qui avaient le placebo. Et la chose qui pour moi est la plus importante, c’est que dans les 95 cas de maladie qui ont été analysés par le comité indépendant de l’INSERM américain, le NIH, quant à l’efficacité du vaccin, il y avait onze cas de gens qui avaient un état grave de covid, de la maladie. Et sur ces états graves, sur les onze, en fait, onze étaient sur placebo, et aucun n’avait en fait le vaccin. C’est-à-dire, le vaccin, si vous regardez ces deux données ensemble, si vous avez le vaccin, vous avez 94 % de chance d’avoir aucun symptôme de maladie, et si vous avez des symptômes de maladie, ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que sans doute, ils ne seront pas graves, ils seront légers. Ce qui serait bien sûr un impact énorme, regardez ce qui se passe aujourd’hui sur les hospitalisations, sur le confinement à cause de l’hospitalisation, et pour gérer la capacité dans les hôpitaux. En fait, le vaccin pourrait permettre de protéger ça ».
Stéphane Bancel, PDG de Moderna à l’occasion d’une interview sur France Info le samedi 5 décembre (ici) « On sait que les gens qui prennent notre vaccin ont 94% de chances d'avoir zéro symptôme de la Covid-19 s'ils sont infectés, a-t-il expliqué sur France info. Les 6% qui ont des symptômes de la maladie, ce sont des symptômes légers. Nous avons eu zéro personne qui a eu un cas sévère de la Covid, qui entraîne l'hospitalisation, les soins intensifs et dans les pires cas la mort ».
Dans le communiqué de presse, ci-dessus, on nous dit qu’il y avait eu au moment de la 2ème analyse intermédiaire, 185 cas confirmés covid-19 dans le groupe placebo et 11 dans le groupe vacciné. Et que les 30 cas « covid-19 sévères » étaient tous inclus dans le groupe placebo. Cela fait donc 16% des cas sévères.
Le problème de l’essai clinique de phase 3 testant l’efficacité du vaccin à ARN messager Moderna®, c’est que l’appellation « Cas sévères Covid-19 » désigne ainsi des situations cliniques très différentes. La majorité de ces patients ne sont pas hospitalisés en réanimation, mais dans des services dédiés aux patients covid19, et vont guérir de la maladie. Rappelons pour fixer les idées, que par exemple en France au pic de la reprise épidémique automnale les 15 et 16 novembre, nous avions 33.050 patients covid hospitalisés (tous services confondus) pour 4.903 patients covid en réanimation (moins de 15% des patients hospitalisés donc) et seulement 506 décès à l’hôpital le 16 novembre (voir les 3 premiers graphiques de ma chronique N° 42 : ici). Ce sont bien évidemment ces patients covid hospitalisés en réanimation, intubés et sous ventilation mécanique, et particulièrement ceux qui vont en décéder, chez lesquels il aurait été vraiment intéressant de mesurer l’efficacité du vaccin. Tel n’a pas été le cas.
Pour comprendre, voici ci-dessous, la comparaison des critères définis par Moderna pour qualifier un patient covid-19 sévère, avec les critères présentés dans une étude publiée dans le JAMA en février 2020 (ici), souvent reprise, notamment par l’OMS, pour quantifier les formes bénignes (81%), sévères (14%), critiques (5%) et le taux de létalité de la covid-19, nombre de décès divisé par le nombre de patients infectés (2,3% sur la population totale, 14,8% chez les 80 ans et plus, 8% chez les 70-79 ans, mais 49% chez les « critiques ». On voit bien que ce sont ces derniers qui profiteraient le plus d’un vaccin efficace, mais l’étude Moderna ne permettra pas de l’affirmer…). L’étude de cohorte observationnelle menée en Chine chez 72.314 patients hospitalisés, dont 44.672 cas covid-19 confirmés, est néanmoins « à prendre avec des pincettes ». Notamment, par ce que seulement 3% des patients de cette cohorte avaient 80 ans ou plus. Or, nous avons vu en exploitant les fichiers nominatifs de décès de l’INSEE, selon les graphiques présentés à la fin de ma chronique N°40 (ici) qu’en France, 50% des décès toutes causes pendant les périodes épidémiques à virus respiratoires (syndromes grippaux ou Covid, depuis 2016), se rencontraient dans la tranche des 85 ans et plus !
Je fais une parenthèse, car les résultats de l’étude Pfizer / BioNtech ont enfin été publiés dans le New England Journal of Medicine le 10 décembre en ligne (ici), et leur définition des cas sévères est identique, c’est-à-dire aussi large que celle de l’essai Moderna :
Attendu, que nous ne savons pas quelle est la sévérité des cas covid19 confirmés sévères, 1 cas dans le groupe vacciné, 9 cas dans le groupe placebo, ce résultat n’a pas d’intérêt. Il se pourrait, qu’aucun n’ait été placé en réanimation ou intubé et placé sous ventilation mécanique. Encore une fois, ce qui importe le plus est d’éviter l’intubations et la ventilation mécanique, les passages en réanimation et surtout les décès. Ces informations sont manquantes dans la publication de Pfizer… Accès au protocole publié en annexes de l’article du NEJM (ici) La définition des cas sévères s’y trouve en page 65.
A noter que la moyenne d’âge dans l’essai Pfizer est de 52 ans. Aucune information n’a été publiée sur la répartition par tranches d’âges des participants de plus de 65 ans inclus dans l’essai. La seule information dont nous disposons c’est que le(s) participant(s) le(s) plus âgé(s) du groupe vacciné avai(en)t 89 ans et 91 ans dans le groupe placebo. D’autre part, seulement 20% des participants présentaient au moins une comorbidité entrant dans le score de Charlson.
Quel est donc l’intérêt d’étudier l’efficacité vaccinale chez des participants bien portants qui vont guérir et rentrer chez eux ?
Je n’avais jamais vu cela :
Surlignés en jaune ci-dessous, les auteurs de la publication des résultats de l’essai Pfizer, qui ont des conflits d’intérêts avec la firme américaine. Pratiquement tous sont des salariés de Pfizer détenteurs d’action ou de « stock-options ». Surlignée en orange, une chercheuse qui a bénéficié de subventions de la part de Pfizer. Les déclarations de potentiels conflits d’intérêts des auteurs sont en accès libre (ici)
Je referme la parenthèse Pfizer
C’est là aussi un talon d’Achille de l’essai Moderna® (mais aussi de Pfizer / BioNtech…). Le communiqué de presse et le protocole ne nous disent pas grand-chose sur la « pyramide des âges » des participants inclus dans l’étude. Nous savons seulement que 33 patients sur 196 ayant contracté la covid19 pendant l’essai, avaient 65 ans ou plus, que l’essai devait inclure 7.000 participants de plus de 65 ans sur les 30.000 à inclure à la date du 22 octobre 2020 (mais jusqu’à quel âge ? Quelle est la répartition des âges dans ce sous-groupe ?).
Observons que :
- La significativité des résultats intermédiaires n’a pas été publiée dans le communiqué de presse du 30 novembre.
- La date de la dernière version modifiée du protocole est le 20 août 2020,
- Le suivi total dans l’essai devrait être de 24 mois (au moins pour les tests d’immunogénicité)
- On ignore la date de début de l’essai…
- Nous savons seulement que le suivi post-vaccinal de l’essai COVE, c’est son nom, a dépassé 2 mois et demi (un prérequis imposé par la FDA). Ce chiffre a été cité par le Pr Alain Fischer, le Monsieur Vaccin anti-covid du gouvernement, lors de la conférence de presse du premier Ministre. Ce n’est pas beaucoup. L’autorisation de mise sur le marché sera assurément EXPEDITIVE Ce qui n’est pas pour déplaire à Emmanuel Macron (Voir un de mes articles dont je suis particulièrement fier : ici)
Le Premier Ministre, Jean Castex, abordant enfin, après quelques informations sur la situation sanitaire et l’énoncé des modalités de la 2ème étape du déconfinement, le sujet central de sa conférence de presse « Stratégie vaccinale et lutte contre la covid-19 » du 3 décembre 2020 :
« Cet optimisme est renforcé par le lancement très prochain de la campagne de vaccination contre la covid-19. L’arrivée du vaccin est une étape très importante dans notre combat collectif contre l’épidémie. C’est une arme supplémentaire à notre disposition qui va nous permettre de mieux nous protéger. La mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs français et mondiaux, de la science, et de la recherche médicale, a permis de développer ces premiers vaccins dans des délais rapides. Ce qui nous permettra d’entamer la campagne de vaccination environ un an après l’apparition du virus. Pour autant, ce délai, qui peut sembler bref, au regard de la durée habituelle de développement d’un vaccin, ne signifie en aucun cas que nous nous serions précipités au détriment de la sécurité sanitaire [1] »
[1] Un recul d’à peine 2 mois et demi et obtenu sur seulement quelques milliers de participants, alors que ce sont des milliards de personnes qui sont potentiellement vaccinables, sans que les résultats n’aient encore été publiés (au moment où le Premier Ministre s’exprimait) par une revue à comité de lecture. Que ce soit pour l’efficacité ou la tolérance vaccinale, nous ne disposons que des résultats très partiels dans des communiqués de presse destinés aux investisseurs boursiers. Admettons que cela ne paraisse pas raisonnable.
D’ailleurs, le Pr Éric Caumes, interviewé au micro de Léa Salamé, sur France Info TV, le 10 décembre, bien qu’affirmant que la stratégie vaccinale était cohérente et qu’il fallait vacciner en premier les personnes très âgées, reconnaissait qu’il manquait de recul, répondant à la question de la journaliste vedette.
Léa Salamé « Vous avez confiance dans ces vaccins vous ? Est-ce qu’ils sont suffisamment testés ? Est-ce qu’on manque de recul ? »
Pr EC « Vous me parlez des vaccins à base de matériel génétique, donc, non, la vérité c’est que malheureusement on manque de recul, on n’a toujours pas les publications scientifiques, les dossiers sont à l’agence du médicament américaine et européenne. Mais, nous on n’y a pas accès. Donc, pour l’instant, je peux uniquement vous dire que malheureusement je manque de recul, par ce que je n’ai pas les informations… ».
Jean Castex poursuivait à marche forcée son propos conduisant à vacciner dans les plus brefs délais : « Dans les prochains jours et en toutes hypothèses, avant le 29 décembre prochain, l’agence européenne du médicament se prononcera sur l’autorisation de mise sur le marché (AMM) des deux premiers vaccins, les plus avancés. Le vaccin Pfizer-BioNtech et le vaccin Moderna. Cette autorisation européenne obtenue, c’est une autorité sanitaire française, la Haute Autorité de Santé qui se prononcera. Ces étapes constituent des garanties indispensables pour commencer à nous faire vacciner en France ».
Le Premier Ministre explique qu’une « task force » européenne a été mise en place dès le mois de juin et que 6 contrats d’approvisionnement ont été signés, les prix sont identiques pour tous les pays, les quantités livrées au même moment dans chaque pays ont été fixées au prorata des populations, soit 15% pour la France. Celle-ci bénéficiera d’un potentiel de 200 millions de doses, permettant de vacciner 100 millions de personnes, tenant compte d’un taux de perte. Vaccination gratuite pour tous, le gouvernement ayant budgété à cet effet 1,5 milliards d’euros dans le budget 2021 de la sécurité sociale [2] ».
[2] Le calcul donne 7,50 € la dose. Plutôt étonnant, car des prix de l’ordre de 25 ou 50 € ont circulé… En effet, selon le site Statista, dont les sources sont Reuters, Financial Times, CNBC et le ministère russe de la santé, le prix d’une dose de candidat vaccin s’échelonne de 3 € à 31 €
Jean Castex explique que comme l’a indiqué le HAS, il faut vacciner en premier les personnes chez qui le virus est le plus dangereux, les personnes âgées en établissements (EHPADs) et leurs personnels à risque de développer une forme grave de la maladie, ce qui représente environ un million de personnes, et que cela correspond environ aux quantités de vaccins qui nous seront livrés au cours du premier mois [3].
[3] Pas de chance, il a peut-être parlé trop vite notre Premier Ministre, car, dès le lendemain, nous apprenions que Pfizer rencontrait des difficultés logistiques et ne serait en capacité que de livrer la moitié des quantités prévues (Voir sur France Bleu : ici)
Le 11 décembre, dans un communiqué commun (ici), Sanofi et GSK, annoncent que leur vaccin « adjuvanté [4] à protéine recombinante » ne sera pas disponible avant la fin 2021, car il induit une réponse immunitaire insuffisante chez les personnes âgées !
[4] « Adjuvants » un mot qui fait bondir de nombreux français vaccins sceptiques… « Adjuvants et vaccins » tapés sur le moteur de recherche de Google renvoie 104.000 résultats !
Jean Castex poursuit « Puis, au fur et à mesure des livraisons, nous élargirons le périmètre de la vaccination, en commençant par les près de 14 millions de personnes présentant un facteur de risque lié à l’âge ou à une pathologie chronique et ainsi que par certains professionnels de santé. C’est la phase 2 de notre stratégie qui devrait commencer en février et s’étendra jusqu’au printemps… ».
Un peu plus loin, le Premier Ministre, droit dans ses bottes, affirmera que l’objectif du gouvernement, peut-être le plus important, est que la stratégie vaccinale réponde à 3 impératifs « sécurité, transparence et proximité [5] »
[5] Alors, vous l’aurez compris, tout ça ce ne sont que des mots, des paroles en l’air. La sécurité des vaccins à ce jour n’est évidemment pas démontrée alors que le 3 décembre les résultats n’avaient toujours pas été publiés dans une grande revue médicale à comité de lecture par des pairs. En outre, les études cliniques de phase 3 concernent des petites cohortes au suivi de courte durée, eu égard à l’importance numérique des populations à vacciner. La transparence n’est pas au rendez-vous. Quant à la proximité, en particulier s’agissant du vaccin de Pfizer qui doit être conservé à -80°C selon les propos de Jean Castex, c’est un véritable « casse-tête » logistique…
Le summum de la « langue de bois » est atteint lorsque le Premier Ministre se risque en mettant le pied sur des sables très mouvants :
« La sécurité. Je sais, et j’entends les réticences, voire parfois les craintes exprimées, par certains d’entre vous. Je veux rappeler que si un vaccin est autorisé, c’est au terme d’une procédure rigoureuse d’essais et d’évaluations conduits par des autorités sanitaires indépendantes [6] »
[6] Voilà ce qu’on appelle un « argument d’autorité », un « il y a cas, faut qu’on ». Evidemment que les autorités sanitaires, à commencer par la Haute Autorité de Santé qui sera dans la boucle, ne sont pas indépendantes. C’est un secret de polichinelle. Par exemple, la HAS ne reconnait toujours pas les invitations au restaurant, pas plus que les prises en charges des experts sanitaires dans les congrès médicaux, comme des conflits d’intérêts majeurs. Alors même que son propre comité de déontologie l’en avait prié il y a déjà 6 ans (voir : ici) … Quand on voit le côté expéditif des autorisations de mises sur le marché accordées en aussi peu de temps pour le vaccin de Pfizer, par les autorités de santé du Royaume Uni, du Canada, de Bahreïn, de l’Arabie Saoudite, du Mexique et en moins de 24h, sous la pression de Trump, aux USA (ici), on peut alors juger de la rigueur scientifique de ces agences…
Jean Castex cède alors la parole au Pr Alain Fischer, immunologiste, nommé par le gouvernement « Monsieur Vaccin anti-covid19 », qui très vite au début de son propos, « casse un peu la baraque », comme on dit. Mais, il a effectivement raison d’être prudent.
Alain Fischer « Je voudrais néanmoins, vous indiquer une notion de prudence qu’il faudra, je crois, conserver tout au long de l’élaboration que vous ferez de la politique concernant la stratégie de vaccination. C’est que premièrement, pour l’instant, nous ne disposons que de communiqués de presse de la part des industriels. Nous attendons avec impatience. En tant que scientifique, j’attends avec impatience des publications scientifiques. Evidemment, il y aura les dossiers qui seront adressés aux autorités réglementaires qui seront forcément très complets, qui ont déjà été adressés, probablement. Mais, dont nous n’avons pas connaissance. Deuxièmement, par définition, le recul à ce jour sur l’évaluation de la sécurité et l’efficacité de ces vaccins ne dépasse pas deux à trois mois. Donc, c’est encore bref, même si c’est très significatif. Troisièmement, les données ne sont pas encore complètes non plus pour savoir jusqu’à quel point ces vaccins sont efficaces chez les personnes les plus à risque, donc les personnes âgées [7] et les personnes souffrant de maladies chroniques. Et enfin, dernier point qui est critique, mais qui, dont la solution prendra du temps, c’est de savoir si le vaccin d’une part protège l’individu vacciné contre l’infection et, espérons-le, contre l’infection grave, mais aussi protège contre la transmission ? Ce qui permettrait de briser la chaîne de transmission et plus rapidement arriver à voir la pandémie se résoudre. Et il faudra plusieurs moi pour probablement pour avoir ce dernier type d’informations qui aussi, forcément, aura un impact sur les politiques de vaccination ».
[7] Pour les personnes âgées et le vaccin Pfizer / BioNtech, l’immunologiste aurait pu aller plus loin et préciser que comme aucun participant âgé de 85 ans et plus n’a été inclus dans l’essai clinique de phase 3, son efficacité est inconnue dans cette tranche d’âge la plus vulnérable au virus (50% des décès toutes causes selon l’exploitation des fichiers nominatifs de décès de l’INSEE depuis 2016, pendant les périodes épidémiques d’infection respiratoire à virus (voir les graphiques dans ma chronique N°40 (ici))
L’immunologiste après avoir parlé de l’efficacité à 90% des vaccins à ARN de transfert de Pfizer/BioNtech et de Moderna, aborde celle, un peu moindre, du candidat vaccin d’AstraZeneca
Pr AF « La société Astrazeneca, à partir de travaux de l’université d’Oxford a développé un tel vaccin (à base d’adénovirus modifiés), et a fait état de résultats qui indiquent globalement que sur les personnes vaccinées, environ 10.000, comparés au groupe contrôle, un taux de protection d’environ 70%. Alors, il y a quelques incertitudes autour de ce vaccin qui font qu’il ne sera vraisemblablement pas mis en œuvre tout de suite, non pas apparemment des incertitudes de sécurité, mais l’évaluation de l’efficacité, est un tout petit peu biaisée par des sous-groupes. Je ne vais pas rentrer dans les détails ».
Puis, Jean Castex cède la parole à la Ministre déléguée à l’industrie, Madame Agnès Pannier-Runacher et au Secrétaire d’Etat en charge des affaires européennes, Monsieur Clément Beaune, pour préciser le processus d’acquisition des vaccins au niveau européen
AP-R « En avril dernier, sous l’impulsion du Président de la République, la France a formé une coalition avec l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas pour négocier avec les laboratoires pharmaceutiques. Notre enjeu était d’anticiper l’accès aux vaccins pour les 27 états-membres et de sécuriser nos approvisionnements. En négociant au nom de 450 millions d’européens nous avons pesé davantage face aux laboratoires que chaque pays pris individuellement. En utilisant la force du collectif, … Nous avons garanti un vaccin accessible à tous, au même prix et au même moment, y compris aux pays où la population est moins nombreuse… Depuis juin, nous avons conclu avec l’Union Européenne, 6 contrats de préachat de vaccins correspondant pour la France à un potentiel de 200 millions de doses, plus d’un milliard de doses pour l’UE
CB « C’est un financement européen qui est également prévu dans le cadre de cette initiative commune. Déjà, près de 2 milliards d’euros, sont mobilisés sur le budget européen, pour acquérir les doses de vaccins, plus de 1,5 milliards [8] évoqués par le Premier Ministre et par Agnès Pannier-Runacher ».
[8] Nous avons du mal à suivre. Jean Castex avait annoncé (voir plus haut) que 1,5 milliards d’euros avait été provisionnés sur le budget de l’assurance maladie pour 200 millions de doses en 2021, soit 7,50 € la dose, 15 € la vaccination. Mais, là, on nous dit 2 milliards d’euros pour 1,5 milliards de doses, soient 1,33 € la dose et 2,66 € la vaccination. C’est bientôt Noël, mais quand-même !
Castex appelle alors à la barre le Ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran
OV « Au cours des prochains mois, le vaccin ne changera pas fondamentalement le cours de l’épidémie. Il nous faudra donc ensemble rester vigilants. Par exemple, maintenir les gestes barrières, continuer de se faire tester, procéder au traçage des cas contacts, à la mise à l’abri, lorsque que l’on est cas positif ou cas contact [9] Bref, nous resterons pendant certains mois en prise avec la réalité qui es la nôtre depuis quelques temps déjà ».
[9] Une façon habile de ne pas dire qu’on va isoler strictement les cas positifs et les cas contacts… Une atteinte indéniable aux libertés individuelles
OV « Entre février et mars 2021, selon le calendrier effectif des mises sur le marché et de livraison des vaccins suivants. C’est-à-dire, le Moderna et le Astrazeneca [10], notamment… »
[10] Le Ministre des solidarités et de la Santé, n’a pas bien écouté le Pr Alain Fischer, le « Monsieur Vaccination anticovid19 », au sujet du vaccin d’AZ, qui ne devrait pas être mis en œuvre tout de suite…
Puis le ministre, va complètement dérailler
OV « Les résultats cliniques des candidats vaccins semblent converger pour montrer que la vaccination permet de réduire massivement la mortalité due au virus et à ses formes graves [11] ».
[11] Ce n’est absolument pas ce que disent les résultats des essais cliniques. Olivier Véran est fou ! Il prend ses désirs pour des réalités. Cette affirmation est d’une extrême gravité dans la bouche d’un ministre de la santé. Ce ministre est un politique, ses propos ne sont pas ceux d’un scientifique. Dans l’essai Pfizer / BioNtech, selon les résultats publiés auxquels le Ministre n’avait évidemment pas accès (publication une semaine après la conférence de presse) pas plus que dans le communiqué de presse du 9 novembre qui portait sur la seconde analyse intermédiaire des résultats, et avait enflammé les places boursières, il n’a absolument pas été question du moindre décès attribué au covid-19 parmi les plus de 43.000 participants inclus.
La publication des résultats de l’essai Pfizer dans le NEJM est très claire à ce sujet
Deux participants à l’essai sont décédés, l’un d’athérosclérose, l’autre d’un arrêt cardiaque. Aucun décès n’a été attribué par les investigateurs au vaccin ou au placebo. Aucun décès n’a été imputé à la covid-19
Quant à l’essai Moderna, sur les 30.000 participants, il y a eu un seul décès dû à la covid-19 dans le groupe placebo, mais nous ne pouvons rien en déduire statistiquement.
Par ailleurs, comme expliqué plus haut, la définition des formes sévères de cas confirmés covid + étant beaucoup trop large, elle ne permet pas de distinguer les cas les plus critiques hospitalisés en réanimation et ceux qui ont fait l’objet d’une intubation pour ventilation mécanique.
S’en suit une séance de questions – réponses pendant environ 35 minutes :
- Rôle des médecins, pharmaciens et infirmières dans la campagne vaccinale ?
- Y a-t-il des contre-indications à la vaccination, peut-on se faire vacciner si on a déjà eu le covid ?
- Vaccins et assouplissement des gestes barrières, du port du masque en extérieur ?
- Changements de la stratégie en cas d’arrivée de vaccins plus prometteurs ?
- Indemnisation en cas d’effets indésirables graves ?
- Quelle part de la population vaccinée atteindre ?
- Comment déployer la campagne vaccinale dans les déserts médicaux ?
- La vaccination non obligatoire vaut elle aussi pour le personnel des EHPADs ?
- Calendrier du Conseil Citoyen ?
- L’armée viendra-t-elle en appui logistique ?
- Allez-vous Monsieur le Premier Ministre, et les membres du gouvernement, vous faire vacciner pour montrer l’exemple ?
- Pour quelle raison avez-vous exclu les centres de vaccination qui ont été le choix de l’Allemagne ?
- Pouvez-vous nous en dire plus sur le dispositif de pharmacovigilance renforcée ?
- Est-ce qu’il y aura une sorte de vadémécum adressé aux médecins généralistes pour qu’ils sachent quoi dire à leurs patients qui ne manqueront pas de questions précises ?
Une chose me gêne beaucoup, après plus d’une heure et demie de conférence de presse, il n’a pas été dit ce qu’il se passerait lorsque les vaccins seront disponibles si le virus a disparu ? Pas un seul journaliste courageux pour poser cette question cruciale…
Pourtant, si le Sars-cov2 suit le même chemin que son prédécesseur, le Sars-cov1, qui s’était évaporé après 7 mois, la vaccination deviendra inutile
Pour conclure :
Notre exécutif, n’a pas inventé la poudre. Pour sa séquence « confinement, puis vaccination », il n’a pas suivi les injonctions du Conseil Scientifique, ni celles de son président le Pr Delfraissy, mais les conseils du Pr Shadoko, dans une animation intitulée « Les Shadoks et la maladie mystérieuse », inspirée à partir des personnages de l’œuvre de Jacques Rouxel, une série télé diffusée entre 1968 et 1973, sur la première chaîne de l’ORTF, puis reprise en 2000 par aaa productions et Canal+ »
Regardez cette animation de 3:43. De grande similitudes avec ce que nous vivons depuis le mois de mars 2020. L’histoire ne fait que se répéter… « Pas le temps de la recherche d’un vaccin, il suffisait de placer une cloche sur la tête de chaque Shadok… »
A propos de dessins animés, saviez-vous que Jean Castex a inspiré un célèbre personnage d’un blockbuster de Universal Pictures ?
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