Le temps d’une réflexion

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 13 octobre 2023 - 14:06
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Enfant méditant
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Pixabay
Le temps d'une réflexion...
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EDITO - Paradoxalement, plus le sujet est brûlant, moins il est opportun de réagir à chaud.

En effet, réagir immédiatement, c'est laisser les émotions prendre le dessus sur l'analyse objective, réfléchie, neutre. Mais il faut aussi prendre en compte la Charte de Munich qui oblige à “respecter la vérité” (article 1), et surtout “ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste” (article 9).

S'il est bien un sujet explosif dans l'actualité de cette semaine, c'est le conflit entre Israël et le Hamas, ce conflit du Moyen-Orient, région qui n'a jamais connu la paix depuis 75 ans. 

Voilà pourquoi, avant de vous en parler, j'ai pris le temps de la réflexion, indispensable pour essayer d'en appréhender tous les tenants et les aboutissants, et qui s'est principalement fondée sur trois éléments :

1) Mes devoirs de journaliste ;

2) Le discours essentiel du 14 février 2003 de Dominique de Villepin, ancien Premier ministre qui s’est prononcé au nom de la France, ce “vieux pays”,contre l’intervention en Irak ;

3) Le principe de laïcité et l'analyse pertinente sur la guerre en général tiré d’une vidéo qui m’a semblé très pertinente.

L’unique objectif pour un média, c'est de rapporter les faits. Et le plus important pour une population, c'est la paix.

Bien sûr, le terrorisme sous toutes ses formes doit être condamné. Parce que c’est une horreur, contraire au principe de fraternité. Mais n'est-il pas temps de remettre la laïcité au cœur des préoccupations fondamentales de l'humanité, ce principe qui permet aux populations de vivre pacifiquement leur culte comme elles le désirent, dans la sphère privée ?

“Le droit à la légitime défense n'est pas un droit à une vengeance indiscriminée”, a déclaré Dominique de Villepin à l’antenne de France Inter le jeudi 12 octobre, argument qui justifie le temps de la réflexion. L’ancien Premier ministre a ensuite ajouté : “Je le dis avec une peine infinie : je ne suis pas surpris par cette haine qui s'est exprimée, quand on se souvient de ce que nous avons tous dit de cette prison à ciel ouvert qu'est la bande de Gaza.”

On ne répond pas à un acte barbare par un autre acte barbare. En France, dès qu’une violence commise peut potentiellement être assimilée à une communauté, la plupart des journalistes et politiques déclarent à l’unisson qu’il ne faut pas faire d’amalgame. Et pourquoi pas dans le cas qui nous occupe ? Le Hamas n’est pas le représentant du peuple palestinien. 

La laïcité ne doit pas être l'apanage d'un groupe ou d'un autre. Les croyances de chacun ne devraient pas supplanter les valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et de fraternité.

Un de nos plus grands échecs depuis des décennies est de ne pas avoir réussi à mettre en place les conditions d’une paix pérenne au Moyen-Orient.

À moins que cette paix ne desserve certains intérêts , comme par exemple,des ressources en matières premières ? Dès que l’on a été proche de l’atteindre, le conflit est reparti de plus belle. Jean Jaurès l’avait pourtant déjà dit en son temps : “On ne fait pas la guerre pour sa patrie, on fait la guerre pour des industriels.”

Ce point de vue a été prolongé dans une vidéo d’un certain Blackbond, dont les propos traduisent sans doute la pensée de beaucoup de gens :

“La guerre n'est pas un choix du peuple mais des élites mondiales qui jouent avec nos vies. La guerre ne rend pas les pays plus libres, au contraire : la guerre nous oblige à renoncer à des droits et des libertés. La guerre ne change pas les idéologies, elle rend les gens plus extrêmes. La guerre ne sauve pas les nations, elle les asservit. Les gens n'en bénéficient pas, mais les riches deviennent de plus en plus riches. C'est la nature de la guerre. Nos impôts contribuent à la mort d’innocents. Et personne ne profite de ce chaos, sauf les dirigeants qui appellent à plus de destruction. La véritable guerre, ce n'est pas l'utilisation de l'armée, mais le contrôle des esprits, des perceptions, des récits. »

Enfant, et adolescent, j’ai été exposé à ce conflit du Moyen-Orient, au contact d’Israéliens, de Palestiniens, de Syriens ou de Libanais. Il exacerbait déjà les passions au-delà de la raison. J’entendais des adultes s’invectiver, en venir aux mains, jusqu’à ce que l’on ne puisse plus inviter en même temps toutes ces personnes à la maison. Cela s’étendait même aux enfants lorsqu’ils voulaient jouer ensemble. C’est aussi cela la guerre.

C’est de cette expérience que se fonde ma défense inconditionnelle du droit pour chacun d’exercer son culte comme bon lui semble, sans que cela prenne le pas sur le respect des valeurs fondamentales pour séparer les croyances du réel.

"Vieux pays” de diplomatie, à l’origine de la déclaration des droits de l'homme, la France se doit, en respect du sang versé pour cela, de se tenir à une position condamnant sans équivoque le terrorisme, mais qui doit, dans le même temps, œuvrer à la paix et demeurer d’une grande fermeté quant au principe de laïcité.

 

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