L'hécatombe
Comme dans la chanson de Georges Brassens dont j'ai repris ci-dessus le titre, ce sont pareillement des gendarmes français (des « pandores ») qui sont les malheureuses victimes de « L'hécatombe » dont je vais vous parler aujourd'hui. Celle qui a eu lieu le 7 novembre 2024 au Moyen-Orient, heureusement sans mort. Pour le reste, les similitudes s'arrêtent là.
Enfin... presque.
Je m'explique.
Les faits n'ont pas eu lieu « Au marché de Brive-la-Gaillarde », comme dans la version originale, mais à Jérusalem-Est. Toutefois, comme dans le récit musclé raconté par « le Pornographe » (1), c'est sur le territoire français que « l'échauffourée » en question est intervenue. À « l'éléona », précisément, une des quatre enclaves religieuses que la France a dans ce quartier-ci de la ville sainte, un quartier palestinien, mais occupé par Israël depuis 1967.
Ensuite, ce ne sont pas « des mégères gendarmicides » qui s'en sont pris à « ces braves pandores », et ce n'est pas « à propos de bottes d'oignons » qu'est intervenu ce que côté israélien, on considère comme « un regrettable incident », simplement, mais que, à l'inverse, côté français, on estime être « une situation inacceptable. » Limite même un acte de violence à caractère antisémite, alors qu'il s'agirait plutôt, en réalité, d'un pogrom inversé.
Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, venu spécialement de Paris pour ça, devait visiter l'Eléona. Protocole de sécurité oblige, il fut précédé par ses « escortes boys », à savoir deux membres actifs de la gendarmerie nationale. Comme dans la chanson de Georges Brassens « Les cognes » en question, venus « À pied, à cheval, en voiture » ? (cela je ne saurais vous le dire), « les gendarmes » en question, effectivement, furent très « mal inspirés ».
En effet, lorsque la police israélienne est entrée « armée » et « sans autorisation » dans ce domaine géré par la France (je cite le communiqué de presse officiel du Quai d'Orsay), nos militaires n'ont rien trouvé de mieux à faire, que de se laisser vilipender, menacer, molester, rudoyer, plaquer au sol et finalement arrêter sans opposer la moindre difficulté. Hormis un « Ne me touche pas ! » répété en cinq-cinq par trois fois par l'un d'eux à leurs quatre agresseurs, avec une voix que certains ont qualifiée de « crécelle rétive ». Un véritable scandale, oui : je ne vous le fais pas dire.
Diable !
Quand, « Ces furies, perdant toute mesure, se ruèrent sur les guignols », ce ne furent pas elles (comme dans la chanson de Brassens) mais nos deux gendarmes qui « donnèrent, je vous l'assure, un spectacle assez croquignole. » Pire ! Un spectacle plus que croquignolesque. À savoir, au-delà de « à la limite du ridicule » (2) : totalement accablant, grotesque, honteux. Un outrage fait à l'image de vaillance face au danger (« Que je trépasse si je faiblis ! ») qu'on prête à l'international à la marée chaussée française, grâce aux exploits de son groupe d'intervention (le G.I.G.N.), et surtout à ceux de l'adjudant Gerber et du Maréchal des logis-chef Cruchot, alias Michel Galabru et Louis de Funès dans « Le Gendarme à New-York », l'œuvre majeure du cinéma d'action à la française s'il en est, après bien sûr « Mon curé chez les nudistes » et « Moi y'en a vouloir des sous. »
Pourquoi dis-je cela ? Parce que c'est « armées » et « sans autorisation », que ces forces de police israéliennes étaient entrées dans ce domaine géré par la France (« l'éléona »), et à ce titre un lieu qui fait pleinement partie, d'un territoire français à l'intégrité duquel ces « mégères gendarmicides » ont ainsi porté atteinte. En conséquence, le respect du devoir qui normalement habite le gendarme en toutes circonstances, nous assure-t-on au ministère des Armées, ce respect exigeait de nos deux militaires de faire tout ce qui leur était possible afin de contenir et de repousser l'envahisseur. S'employer corps et âme à bouter l'ennemi hors de France. Repousser ces féroces soldats qui donc viennent jusque dans nos églises, s’asseoir sur le droit international sans donner le moins du monde le sentiment de se soucier des conséquences diplomatiques. Les repousser quoi qu'il eût bien pu leur en coûter, y compris plus grave encore que « le sacrifice ultime » : l'offrande faite de leurs vies « à la patrie », cumulativement exempte de la prime en numéraire versée par l'État à la famille du défunt en cette funeste occurrence (en plus de la médaille reçue à titre posthume qui normalement va avec), et agrémentée d'un hommage national rendu par un chef des armées qui n'a jamais été militaire, exempt qu'il fut du service du même nom. C'est-à-dire histoire de ne pas risquer de priver la France (« Allons enfants de la Patrie », le jour de « Magloire » est arrivé) d'un président de la République viril au possible (en attestent, uniquement auprès de ceux qui n'ont pas vu la supercherie, les photos grossièrement retouchées de sa mise en scène pathétique en boxeur), un chef d'État guerrier qui a magnifiquement non tenu l'engagement solennel qu'il a pris, en 2017, le soir de son élection, de redonner à la fonction, le prestige et le sérieux dont c'est vrai François Hollande et Nicolas Sarkozy l'avaient quelque peu dépouillée. Au même titre qu’il n'a pas respecté l’engagement de transparence sur son état de santé. Un engagement (qui manque) à l’appel puisque ce n'est aucun bulletin de santé, zéro, que le médecin chef de l’Élysée, Jean-Christophe Perrochon, a rendu public depuis 2020. Quatre ans ont donc passé sans que celui qui détient les clés de l’arme nucléaire ne soit dûment assisté, sinon par le médecin chargé de remplir cet engagement de transparence, du moins par un psychiatre notamment quand il déclare à un journaliste Bouhafsi être passé à travers « une très grave dépression ». Comme quoi, dans l’armée, les engagements ne sont plus ce qu’ils étaient du temps, par exemple, du général de Gaulle. À moins qu'il ne s'agisse en fait de la version jupitérienne de « la grande muette » (3).
Or, qu'ont fait nos deux militaires, en lieu et place d'assumer ce devoir qui était le leur de repousser l'ennemi hors de France, quoi qu'il eût pu leur en coûter ? Ils ont rendu les armes.
Si ! À se battre fiers et dignes, au besoin jusqu'à la mort, ils ont préféré exécuter l'ordre à eux donné par l'envahisseur de se coucher par terre, et offrir en guise de résistance, à deux reprises un « Ne me touche pas ! », tel un réfractaire on ne sait pas pourquoi au progrès wokisme, s'insurgeant de manière orale contre une fouille approfondie. Une mesure de sécurité à laquelle toutefois ils auraient finalement échappé, si j'en crois la personne présente sur les lieux du drame qui m'a rapporté cela.
En outre, ce n'étaient pas « quelques douzaines de gaillardes » qui leur « crêpaient le chignon » de la sorte, mais seulement quatre. Et bien que certes, la détermination à molester (s'il l'eût fallu) nos deux gendarmes, que ces quatre belliqueux policiers israéliens (pléonasme ?) ont affichée alors, a confirmé l'affirmation chantée par Georges Brassens que « sous tous les cieux sans vergogne, c'est un usage bien établi, dès qu'il s'agit d'rosser les cognes, tout l'monde se réconcilie », qu'importe. Le minimum exigé par la décence eût été qu'au lieu de geindre comme susdit, nos deux gendarmes reprissent en chœur et à « tue-tête » (et en toute logique jusqu'à « tressaillir »), le refrain de « On se retrouvera », « Le passage » (4) obligé pour voir la lumière. Donc, puisqu'ils ont failli, mettons de côté le « repos » du guerrier, et, « Garde-à-vous ! », chantons tous ensemble haut et fort ce refrain sublime, buste droit et menton relevé :
« Pense à moi, comme je t'ai-meuh, et tu me délivreras-ah !
Tu briseras, l'anathè-meuh, qui me tient, loin, de tes bras-ah !
Pense à moi, comme je t'ai-meuh, rien ne nous séparera-ah !
Même pas, les chrysanthè-meuh, tu verras : on se retrouvera. »
Eux, non.
Comme Jordan Bardella, Marine Le Pen et Cie, cette droite, extrême droite, qui bizarrement n'a pas réagi à cette attaque anti-française opérée sur le territoire national (5) ; nos gendarmes sont restés cois.
Si au moins ils avaient réitéré aux policiers israéliens, avec une ferveur au moins égale à celle mise par Jacques Chirac à cette occasion mythique (une télévisée séance culte), les propos qu'il tint, « Black Jack », à des fâcheux de ce même « Maccabi » (6), le 22 octobre 1996, en des circonstances similaires. Le fameux « What do you want ? Me to go back to my plane et go back to France ? Then let them go. Let them do. This is not a method. This is a provocation. »
Et dire que ce sont de mêmes gendarmes, qui, en France, ont fait montre d'une violence extrême parfaitement injustifiée, contre des manifestants pacifiques que furent les Gilets Jaunes, les antivax, les opposants à la réforme des retraites, les infirmières et les pompiers (pour ne citer que ceux-là).
C'est la raison pour laquelle, en mémoire à tous ceux qui, en plus d'avoir été matraqués et gazés, ont perdu une main, un œil ou carrément la vie, je terminerai cet édito sur ce couplet-ci de « Hécatombe », celui que Georges Brassens leur a dédié « par anticipation », dirais-je, visionnaire génial qu'il demeurera à jamais, « Le génie de Sète », à l'instar de Coluche, sa traditionnelle guitare en plus et quelques kilos en moins :
« En voyant ces braves pandores, être à deux doigts de succomber,
Moi j' bichais car je les adore, sous la forme de macchabées
De la mansarde où je réside, j'excitais les farouches bras,
Des mégères gendarmicides, en criant « Hip, hip, hip, hourra ! » »
Et France-Soir né Défense de la France avait 4 jours le 11 novembre 1944
1) « Le pornographe », titre d'une autre chanson célèbre de « Le divin moustachu », est également un des nombreux surnoms de Monsieur (!) Georges Brassens.
2) définition de « croquignolesque. »
3) appellation donnée à l'armée française au regard du fait que la tradition veut qu'on ne dise mot aux civils de ce qui s'y passe, afin que son « linge sale » soit lavé en famille. À savoir les infractions pénales (crimes et délits) qui sont commises par des soldats français durant leur service, entre eux ou à l'encontre d'autres personnes ou entités.
4) « On se retrouvera » est la chanson principale de la bande annonce du film « Le passage. »
5) le Rassemblement National leurs alliés (ainsi que « Reconquête », et comme l'est également la droite dite « classique »), leurs leaders ont-ils préféré se tapir à l'intérieur d'un rassemblement silencieux par un adoubement au sionisme ? Un silence coupable, qui s'apparente nettement à de l'intelligence avec l'ennemi plutôt que de défendre fièrement les valeurs de la Républiques dans le respect de la loi, c’est-à-dire l’absence de discrimination et la séparation du pouvoir et de la religion. On n’est pas loin d’une forme de collaboration qui ferait écho à celle des populistes français de jadis, avec les dirigeants « occupants officiels » de naguère. Des eugénistes expansionnistes revendiqués eux aussi, et qui ont pareillement eu recours à la déportation, en nombre, d'êtres humains qu'ils appelaient éhontément « des animaux. » ça ne vous rappelle rien ?
6) « Maccabi » pour « acabit », en référence au fait désormais clairement établi, que les soi-disant « supporters » du Maccabi Tel-Aviv qui se sont fait « agresser » à Amsterdam, étaient en nombre des membres des services secrets israéliens. Des agents du Mossad venus là provoquer, en retour, des actes de violence légitimes que les médias mainstream ont immédiatement taxés à l'unisson d'être antisémites. Une dénomination fallacieuse qu'ils continuent de relayer une semaine plus tard, malgré une démonstration pleinement rapportée du caractère fallacieux de cette affirmation.
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