"I have a dream"

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 19 septembre 2023 - 16:40
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Martin Luther King
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Bernd 📷 Dittrich sur unsplash.com
Martin Luther King, pasteur baptiste Afro-Américain, a défendu la non-violence, fervent militant des droits civiques, luttant pour la paix et contre la pauvreté.
Bernd 📷 Dittrich sur unsplash.com

ÉDITO - Le 28 août dernier, on a fêté le 60e anniversaire du plus célèbre des discours de Martin Luther King : "I have a dream". 

À l'initiative de Pap Ndiaye, alors ministre, l’Éducation nationale avait décidé de commémorer, elle aussi, cet événement en publiant une vidéo. Mais attention, pas n'importe quelle vidéo ! Non. Une vidéo "valorisant un travail pédagogique autour de l'engagement".

Cette vidéo a été réalisée le 30 juin à l'occasion de la cérémonie de remise de prix d'un concours annuel national encourageant "la pratique créative de l’anglais au collège" : "The More I Say". La parole a été donnée aux lauréats, sous la forme d’une profession de foi pour un monde meilleur, délivrée par chacun d'eux et qui débute par l'anaphore "I have a dream."

Une fois n'est pas coutume, l’initiative prise par Pap Ndiaye apparaît éminemment louable. Comme une forme d'adieu pour celui qui restera sans doute longtemps le ministre de l'Éducation nationale le plus controversé de la République.

La vidéo promotionnée par l'Education nationale ne mettait en scène aucune personne vantant le mérite du changement de sexe en classe de maternelle. Ou un humain ayant subitement décidé de se prendre pour une casserole, un clou de girofle ou un poisson-chat, avec injonction pour la société, non pas de considérer tout cela comme de la dégénérescence (à mort les réfractaires au progrès !), mais de s'adapter à ces merveilleux changements. Comment ? En créant autant de structures adaptées à chacun de ces positionnements personnels et indispensables à l'équilibre psychologique et l'épanouissement de ces individus.

Pourquoi, Gabriel Attal, successeur de Pap Ndiaye à la tête de l'Éducation nationale, s'est-il senti obligé de retirer cette vidéo ? Le communiqué officiel de son ministère nous l'explique :

"Face au trouble suscité par cette vidéo et à la violence de certains commentaires à l'égard des élèves qui s'étaient investis avec enthousiasme dans ce projet, le service communication du ministère a décidé de retirer cette vidéo de ses réseaux sociaux."

Ah ? Mais pourquoi un tel émoi ? Pourquoi tant de violence ? Et surtout de qui émane-t-elle ?

Des associations antiracistes, et parce que - morbleu ! - dans cette vidéo, les adolescents étaient tous blancs. "Plus blancs que blanc".

Un dû clin d'œil à Coluche. Un clin d'œil double, d'ailleurs, car à cette tirade extraite du sketch "La publicité", il convient d'ajouter cette autre tirade, extraite elle d'un autre sketch de Michel Colucci, "L’Apartheid", dans lequel celui-ci explique que pour mettre un terme aux conflits raciaux, il suffit juste de ne plus utiliser les termes noirs et blancs, et de nommer "Bleus" tous les Sud-Africains. Immédiatement après, il conclut donc ainsi :

"Allez : les Bleus clairs devant et les Bleus foncés derrière."

Cette tirade me permet ainsi d’enchaîner comme suit :

"Dans une France multicolore où, dès lors, tous les citoyens devraient voir la vie en rose, des Noirs voient tout en noir parce qu'il n'y a que des Blancs, et en sont rouges de colère. D'autres citoyens, en revanche, qu'ils soient ou non d'origine asiatique, rient jaune."

Et il y a pire ! Si, si.

"Un Américain du Nord à Paris", Mathieu Bock-Côté, s'est exprimé sur le sujet le 30 août 2023 sur l'antenne de Cnews. Interrogé par l'animatrice de l'émission, Christine Kelly ("Les enfants sont tous blancs, et ça pose problème. Racontez-nous ce qui s'est passé. Pourquoi cette indignation ?"), le sieur Bock-Côté est allé droit au but avec un discours que certains n'ont pas manqué de juger... tortueux.

Et pour cause !

Voici, reproduite presque mot pour mot, la diatribe que celui que l’on pourrait erronément apparenter à un descendant des exterminateurs des Indiens d'Amérique, s’il n’était québécois, a déclaré :

"Point de départ, vous me permettrez de mentionner que je suis fasciné de voir à quel point les Français ont l'habitude de s'approprier l'histoire américaine pour s'y dissoudre. Martin Luther King est un personnage immense de l'histoire américaine. Il est ancré dans l'histoire américaine.  Et quand on décide de l'imposer à la jeune génération française, comme si la France avait elle-même le passé de discrimination, de ségrégation raciale qu'ont connues les États-Unis, et plus encore le Sud des États-Unis, on appelle cela une américanisation mentale. Ou vous pouvez appeler ça aussi la colonisation mentale à l'américaine portée par le ministère de l'éducation nationale. De la fraude intellectuelle et mentale." 

 

Désolé Matthieu Bock-Côté, mais je m'inscris en faux contre cette affirmation. Dans toute affaire d'un préjudice prétendument porté à une personne par une autre, ce qu'il importe de faire avant toute autre chose, pour que la vérité tant juridique que factuelle se manifeste sans nulle équivoque possible, c'est d'abord répondre à cette simple question : "Qui a commencé ?"

Commençons donc par le commencement. 

D'abord qui est Martin Luther King ? Et a-t-il véritablement existé ?

Hé oui ! Dans un monde où les politiciens, médias, et autres experts nous délivrent en permanence des vérités questionnables, tout peut être légitimement remis en cause par les citoyens à un moment ou un autre. Dans ce monde qui, hélas, est désormais le nôtre, on est en droit de se les poser, ces deux questions.

Et ceci d'autant plus que c'est un Américain qui nous parle "d'appropriation de l'histoire américaine", à nous Français, et cela, alors que l'Américain visé dans son accusation s'appelle Martin Luther King.

Premièrement, si j'en crois son casier judiciaire, ce Martin Luther King a beau être noir, il n'est pas tout blanc.

Deuxièmement, avec le premier de ses deux prénoms, Martin, ce Monsieur King s'est approprié un patronyme français par excellence. N’est-ce pas le prénom français le plus présent dans l'Hexagone ?

Troisièmement : avec son second prénom, Luther, il a fait montre de sa volonté de s'afficher tout le temps en protestant. Or, excusez-moi mais, est-ce ma foi très catholique ?

Et quatrièmement, attaquer la France de front et sur ses valeurs, ce pays où pour instaurer la République, le roi a perdu sa tête, et faire cela quand on s'appelle "King", c'est indubitablement vouloir nous prendre la tête ! Et pour rien en plus. On ne lui a rien fait, nous, à ce King là !

Blague à part, ce qui me gêne chez Mathieu Bock-Côté, c'est qu'il a parfaitement raison sur un point. Trois même, plus exactement.

Premier point : fichtre oui, quel tollé aurait-on affronté de la part des médias et des légions antiracistes, si plutôt que d'avoir une équipe de France de football composée des meilleurs joueurs français (internationaux qui sont tous noirs actuellement ou presque), c'est-à-dire au mérite, nous jouions avec une équipe bâtie en fonction de la proportion des Blancs, Noirs, Arabes, Latinos, Asiatiques ou des Inuits, dans la population française, c'est-à-dire selon les quotas. Quel scandale ils feraient, ces pourfendeurs perpétuels !

Pourtant, une composition selon les quotas, c'est ce que les associations antiracistes, les médias et le gouvernement tentent d'imposer dans tous les domaines, et en l'occurrence dans cette affaire Martin Luther King.

Deuxième point : la vidéo ayant été retirée parce que, au goût des légions antiracistes, faire uniquement parler des adolescents blancs était inapproprié, sinon une insulte faite à Martin Luther King et son œuvre, ce ne sont pas les antiracistes qui ont gagné, mais les racistes.

Et troisième point, étant donné ce que Martin Luther King a déclaré dans son discours "I have a dream", à propos du rêve qu’il affirme avoir fait, lui le symbole et leader officiel éternel de la lutte contre le racisme anti-Noirs opéré par les Blancs ("Je souhaite un monde où nous nous définirions au-delà justement de toute forme d'appartenance raciale"), le fait que, par application de la règle du mérite en lieu et place de la règle des quotas, des adolescents blancs aient été choisis pour commémorer le 60ème anniversaire de son discours est "presque" le plus bel hommage qui pouvait lui être rendu.

"Presque" entre guillemets parce que, pour être sans contestation objective possible, il aurait fallu procéder en choisissant expressément et uniquement des adolescents blancs.

Oui, pas au mérite : exprès ! Exprès et avec la justification suivante : quoi de plus pleinement et parfaitement symbolique, pour rendre hommage, non seulement à Martin Luther King l'homme, mais aussi et surtout à son œuvre, que la lutte contre le racisme anti-Noirs opéré par des Blancs ?

Rien.

Rien n'eût pu être mieux. Rien excepté bien sûr que les leaders officiels du Ku-Klux-Klan revêtus de leur costume blanc s'y fussent collés, qu'ils eussent tous retirés leurs coiffes, et que, cela fait, chacun d'eux eût repris tour à tour les propos de Martin Luther King lors de ce fameux discours, sous cette formulation à peine modifiée en deux endroits, adaptée de façon à lui accorder la victoire et se soumettre à sa juste et noble volonté de justice entre les races :

"Je valide ce monde où nous nous définissons au-delà de toute forme d'appartenance raciale."

Valider à la place de souhaiter, et le verbe définir conjugué à l'indicatif ("définissons"), et non pas au conditionnel ("définirions"), pour faire état d'un élément de fait patent, d'une vérité effective.

Oui, en tant qu'antiraciste viscéral, c'est exactement ceci que j'aurais ajouté après les mots "I have a dream", si j'avais été convié à participer à cette vidéo commémorative : "Un monde où nous nous définissons au-delà de toute forme d'appartenance raciale."

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