"Chat" alors ! Avec le sénateur Joël Guerriau, on aura tout vu...

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Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 19 novembre 2023 - 14:50
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Joël Guerriau
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Extrait Vidéo Sénat
« Chat » alors !?!, avec le sénateur Joël Guerriau on aura tout vu
Extrait Vidéo Sénat

EDITO - Joël Guerriau, sénateur du Groupe Les indépendants, est accusé d'avoir drogué une collègue députée, dans le but de pouvoir la violer. Il soutient, lui, que c'est un malentendu. Que c'est à l'insu de son plein gré à lui (s'il est cité en tant que témoin, Richard Virenque pourra peut-être en attester), que c'est un verre de champagne contenant de l’ecstasy qu'il a proposé à cette dame venue dans sa chambre à lui, à une heure suffisamment tardive de la nuit, ce qui aurait donc pu permettre à M. Guerriau de l'accuser d'incitation à la débauche. Néanmoins il s'est abstenu, sa devise étant : "Toujours rester gentleman !" Roman Polanski confirme...

Cet ecstasy "en poudre" (cela aussi, il faudra qu'il nous explique), c'était pour lui. Elle avait été mise, cette poudre, dans ce verre, en vue de la mélanger avec du champagne : le champagne qu'il comptait boire tout seul, au départ. Boire pour oublier que... Non. Je vous garde ça pour un peu plus tard : c'est tellement hallucinant que vous n'allez pas me croire...

L'abus d'alcool étant dangereux pour la santé, il s'est finalement abstenu : Monsieur Guerriau a rangé le verre dans un placard, à côté d'autres flûtes à champagne.

Et là, justement, bing... "Flûte !" Quand, le lendemain soir, à la députée venue le rejoindre dans sa chambre, il a proposé de boire du champagne, il a versé celui-ci dans deux flûtes prises dans le placard où il range ses flûtes à champagne (OK, on veut bien le croire).

Seulement, pas de bol : l'une de ces deux flûtes était celle où il avait versé l'ecstasy "en poudre", la veille (détail que, bien entendu, il avait oublié), et c'est cette flûte qu'il réservait à la députée. Et ce n'est pas du pipeau.

Heureusement, il y a eu de l'eau dans le gaz entre eux pile à ce moment-là, et cette dispute soudaine a fait que la dame en question n'a pas bu le verre de champagne. Elle l'a pris avec elle, car sentant le "plan foireux" (pas folle, la guêpe !) elle a piqué une crise : elle a apporté le verre au commissariat de police, et... patatras ! La sanction est tombée : dedans, il y avait de l'ecstasy.

"Je porte plainte !", a-t-elle déclaré, et, ma foi, on peut difficilement lui en tenir grief.

Bon, évidemment, présomption d'innocence à géométrie variable et à ajustements constants habituels, et sénateur en exercice qu'il est, Monsieur Guerriau n'a, dans un premier temps, nullement été suspendu, ni mis en examen, ni encore moins placé en détention. Non. Faut pas déconner. On est en France, tout de même. Il a même reçu le soutien d'Edouard Philippe ! 

Pourquoi pas non plus tant qu'on y est, exiger du ministre de la justice qu'il démissionne, au prétexte qu'une peine d'un an de prison a été requise contre lui par la Cour de justice de la République, pour prise illégale d'intérêts commis dans l'exercice de ses fonctions ?

Faut pas exagérer !

"Laissons à la justice le temps de faire son travail."

Or, actuellement, l'affaire en est uniquement au stade de l'enquête "préliminaire" ; une antinomie en matière de viol diront certains.

Toutefois, le secret de l'instruction étant systématiquement violé (là, il y a une certaine logique), dans ce genre d'affaires, des éléments d'information intervenus lors de la garde à vue de Joël Guerriau, ont transpiré au moins autant que ce monsieur lui-même.

Testé positif à plusieurs drogues dans le cadre de cette enquête (cocaïne, héroïne, ecstasy, MDMA et amphétamines), Monsieur Guerriau a invoqué pour se justifier – attention : tenez-vous bien ! – létat de santé de son chat !

Le matou ayant fait usage de son droit à garder le silence ("Miaou !"), on n'en sait pas plus, hélas, pour l'instant, sur ce point essentiel du dossier.

Mais attendez, ce n'est pas tout.

Interrogé sur la provenance de l'ecstasy (drogue dont il a reconnu faire la consommation), M. Guerriau a déclaré que cette drogue lui a été fournie "par un membre du Sénat".

Lequel, bon sang ? On veut savoir.

Je dis savoir, c'est parce que s'il y a bien un truc qu'on ne peut pas reprocher à Monsieur Guerriau, c'est qu'en matière de drogue, il sait de quoi il parle.

En effet, voici ce qu'il a déclaré à la tribune du Sénat à ce sujet (la vidéo est disponible sur X) : 

« La seule consommation des drogues a causé la mort de 585 mille personnes en 2017, d'après un rapport fait en 2019 par les Nations Unies. Si les produits stupéfiants sont dangereux pour la santé de ceux qui les consomment, leurs trafics sont aussi plus généralement néfastes pour l'ensemble de la société.

Ces produits, en l'effet, font l'objet d'un commerce lucratif, dont les fonds viennent alimenter d'autres activités criminelles, au premier rang desquelles le terrorisme.

Les liens entre la culture afghane du pavot et le financement des Talibans ne se sont plus à démontrer. Pas plus d'ailleurs que ceux qui unissent les productions du Triangle d'Or, aux mafias guérillas de ces régions.

Parce que le trafic de drogue ne connaît pas de frontières.

Parce qu'il participe au financement d'actions de déstabilisation contre les états, ces derniers ont intérêt à unir leurs moyens dans leur combat contre la drogue, comme vous l'avez rappelé, Monsieur le ministre. »

Diable !

C'est donc en pleine et entière, en parfaite connaissance de cause, que, "alimenteur" qu'il est, Joël, du trafic de drogue, en tant que consommateur, il contribuerait au financement du  terrorisme.

C'est grave, ça, oh !

Du coup, j'espère que le parquet anti-terrorisme va se saisir de cette affaire.

Hé ! On connaissait déjà les sénateurs "questeurs", à savoir, en vertu de la loi qu'ils se sont votés qui les y autorise, ceux qui récoltent et distribuent les pots-de-vin officiels de certaines industries (Big Pharma a défrayé l'actualité ces derniers temps). Mais, il y aurait également des sénateurs "drogueurs", à savoir, en vertu cette fois d'une pratique que la loi votée par les sénateurs dit "constitutive du crime de trafic de stupéfiants par personnes dépositaires de l'autorité publique agissant avec les facilités que procurent l'exercice de leurs fonctions", les sénateurs qui récoltent et distribuent de la drogue aux sénateurs. Et aux membres de la représentation nationale !

Décidément, plus rien ne m'étonne en macronie.

Pas une semaine ne passe sans qu'un membre de l'équipe au pouvoir se retrouve au centre d'une affaire, une affaire pénale qui a pour objet principal un sujet sur lequel il dit combattre.  

Tous ces "honorables" citoyens, payés avec nos impôts, donneurs de leçons, donnent aussi tristement raison, dans leurs "loisirs", à ce proverbe en deux alexandrins dont je vous ai déjà fait état dans un édito précédent :

« Les pires criminels, croyez-moi, souvent sont / les récriminateurs, les donneurs de leçons. »

NDLR : article modifié le 20 novembre 2023 à 11 heures.

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