Taxation internationale des super-riches : divergences au grand jour au G20

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AFP
Publié le 26 juillet 2024 - 10:35
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Fernando Haddad premier ministre brésilien lors de son allocution au G20
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Pablo Porciuncula AFP
Le premier Ministre brésilien Fernando Haddad lors de de son allocution au G20
Pablo Porciuncula AFP

Les divergences sur l'idée d'instaurer une taxation internationale des super-riches ont éclaté jeudi lors d'une réunion du G20 à Rio de Janeiro : les États-Unis écartent une telle option, mais ses défenseurs estiment qu'un processus de longue haleine est lancé. 

Poussée par le chef d'État brésilien Lula qui préside cette année le groupe rassemblant la plupart des principales économies mondiales ainsi que l'Union européenne et l'Union africaine, cette question était sur la table au cours d'une réunion dans l'après-midi. 

Avant même cette rencontre, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a refroidi l'ambiance en affirmant que son pays ne voyait "pas le besoin" de négocier à l'échelle internationale une telle taxation. 

Tout en soulignant que "les États-Unis sont très favorables à une taxation progressive", elle a appelé "chaque État à s'assurer que son système fiscal" soit "juste et progressif". "La politique fiscale est très difficile à coordonner", a-t-elle expliqué en conférence de presse pour justifier sa fin de non-recevoir. 

Cependant, à l'issue des travaux, le ministre brésilien de l'Économie Fernando Haddad a affiché sa confiance, assurant que la « déclaration » finale qui sera publiée vendredi marquera un "premier pas". 

Ce texte reprendra la "proposition brésilienne de commencer à se pencher sur la taxation internationale, non seulement du point de vue des entreprises, mais aussi du point de vue des individus appelés super-riches", a-t-il ajouté, évoquant une "conquête de nature morale". 

- Explosion des inégalités - 

"Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour créer une imposition mondiale sur le capital des multimillionnaires", a résumé auprès de l'AFP un autre participant aux réunions, jugeant avant tout que "l'idée est d'avoir le thème à l'agenda et les premières étapes discutées". 

"Quand on commence des discussions sur les sujets de taxation dans un cadre international, c'est toujours extrêmement compliqué", a-t-il ajouté, tout en disant s'attendre à voir une mention sur de grands principes de coopération fiscale dans le texte final. 

Outre Washington, le ministère allemand des Finances a, avant ce rendez-vous du G20, jugé "peu pertinente" l'idée d'un impôt minimal sur la fortune, tandis que plusieurs États, dont la France, l'Espagne et l'Afrique du Sud, soutiennent le principe. 

Les inégalités n'ont cessé de se creuser ces dernières années, d'après une étude de l'ONG Oxfam publiée jeudi : les 1% les plus riches du monde ont gagné en dix ans plus de 40.000 milliards de dollars en plus, mais leur imposition est "historiquement" basse. 

L'économiste français Gabriel Zucman évalue le taux d'imposition des milliardaires à 0,3% de leur patrimoine. Dans un récent rapport commandé par le Brésil, il propose de créer un impôt de 2% sur la fortune des quelque 3.000 milliardaires dans le monde. 

Outre la fiscalité et la situation économique internationale, cette dernière réunion des grands argentiers du G20 avant le sommet des chefs d'État et de gouvernement, les 18 et 19 novembre à Rio, doit évoquer vendredi le financement de la transition climatique et la dette. 

- Communiqué commun - 

Alors que le G20 est entravé par les divisions entre pays occidentaux et Russie - également membre du groupe - depuis le début de la guerre en Ukraine, la rédaction d'un communiqué commun demeure un défi. Lors de leur dernière réunion en février à Sao Paulo, les ministres des Finances du G20 n'y étaient pas parvenus. 

La solution imaginée par le Brésil est d'aboutir d'ici vendredi soir à trois textes : la "déclaration" spécifique sur la "coopération internationale en matière fiscale", accompagnée d'un communiqué final plus large et enfin un document publié séparément par la présidence brésilienne, qui elle seule évoquerait les crises géopolitiques. 

"La question géopolitique n'a pas été évacuée", affirme le participant anonyme aux réunions cité plus haut, selon qui "on cherche la bonne façon de maintenir un esprit de consensus". 

Certains pays voient dans le G20 une enceinte pertinente pour évoquer ces questions, quand d'autres sont d'un avis opposé. 

Fondé en 1999, le G20 rassemble la plupart des grandes économies du monde. Sa vocation était dans un premier temps surtout économique, mais il s'est de plus en plus saisi des sujets brûlants de l'actualité mondiale. 

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