Macron a reçu Pompeo en regardant déjà vers Biden

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Par Francesco FONTEMAGGI - Paris (AFP)
Publié le 16 novembre 2020 - 05:00
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Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo (c, 2e rang) le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel lors d'un sommet su
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© Odd ANDERSEN / AFP/Archives
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo (c, 2e rang) le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel
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Emmanuel Macron s'est livré à un exercice insolite lundi en recevant le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, alors que Donald Trump n'a toujours pas reconnu sa défaite, tout en invitant le président élu Joe Biden à inventer une "nouvelle donne" transalantique.

Le président français a rencontré le secrétaire d'Etat en fin de matinée à l'Elysée à l'abri des caméras et des micros. Il a alors rejoint M. Pompeo et son homologue français Jean-Yves Le Drian, qui s'étaient préalablement entretenus 45 minutes, selon une source diplomatique française.

L'exécutif a souligné avoir reçu Mike Pompeo à sa propre demande, "en toute transparence" avec l'équipe de Joe Biden, le jour même où Paris et Berlin appelaient conjointement à une refondation de la relation transatlanique à l'occasion du changement d'administration américaine.

"Visite de courtoisie" pour l'Elysée, "de travail" pour le Quai d'Orsay. Au final, la communication est restée plus que sobre, même si en coulisse des diplomates français concédaient avoir vécu une journée "pas tout à fait comme les autres".

Aucune information n'a filtré sur d'éventuels échanges concernant la situation politique aux Etats-Unis, alors que le président Macron a été parmi les premiers à féliciter le démocrate Joe Biden pour son élection.

Mike Pompeo, qui avant de s'envoler pour une tournée en Europe et au Moyen-Orient dont Paris était la première étape avait refusé de reconnaître la victoire de Joe Biden, s'est montré catégorique lors de son passage en France.

- Transition "en douceur" -

"Le processus de transition fonctionnera et honorera nos obligations intérieures comme extérieures", a-t-il assuré dans une interview au quotidien français Le Figaro en notant que les recours légaux lancés par Donald Trump ne feraient que "renforcer" les "institutions" américaines et qu'il était important de montrer que le décompte des votes avait été "correctement mené".

Avant d'entamer sa tournée, il avait promis une "transition en douceur vers une seconde administration Trump" et critiqué les dirigeants étrangers qui avaient déjà pris contact avec le démocrate Joe Biden.

Au-delà de ces deux réalités parallèles qui parasitent la diplomatie américaine, les sujets de friction n'ont pas manqué. Mais Paris et Washington ont affiché la même fermeté face à la Turquie.

"Le président Macron et moi avons passé beaucoup de temps à discuter les actions récentes de la Turquie et nous sommes tombés d'accord pour dire qu'elles étaient très agressives", a déclaré le ministre américain au Figaro, appelant "Europe et Etats-Unis à travailler ensemble à convaincre (le président Recep Tayyep) Erdogan que de telles actions ne sont pas dans l'intérêt de son peuple".

Mike Pompeo a aussi insisté, tout comme ses interlocuteurs, sur la nécessaire "unité" transatlantique, souvent malmenée pendant l'ère Trump, avant une réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'Otan début décembre.

Au même moment, La France et l'Allemagne invitaient Joe Biden à renforcer cette même unité transatlantique, y compris sur le nucléaire iranien et face à la Turquie, elle-même membre de l'Otan.

- Hommage aux victimes du terrorisme -

"L’Europe et l’Amérique doivent inventer ensemble une nouvelle donne transatlantique", ont relevé les chefs de la diplomatie allemande Heiko Maas et française Jean-Yves Le Drian dans une tribune commune aux quotidiens français Le Monde, américain Washington Post et à l'hebdomadaire allemand Die Zeit.

Jean-Yves Le Drian a fait part par ailleurs de ses réserves à son homologue américain quant à une éventuelle accélération du retrait des troupes américaines d'Afghanistan et d'Irak, envisagée par Donald Trump avant la fin officielle de son mandat, le 20 janvier.

Le dossier iranien qui, avec le climat et le commerce, a contribué à une certaine rupture entre Washington et le Vieux Continent depuis quatre ans, a été une dernière fois sur la table, ne serait-ce que pour constater de nouveau les désaccords.

Donald Trump a claqué la porte en 2018 de l'accord international signé trois ans plus tôt avec l'Iran pour l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire, en le jugeant insuffisant, et a rétabli puis durci les sanctions contre Téhéran. Les Européens tentent de sauver cet accord, au moins jusqu'à l'entrée en fonctions de Joe Biden, qui devrait renouer avec la diplomatie.

Or l'administration Trump a promis de renforcer encore les mesures punitives -- une stratégie vue par certains observateurs comme la volonté de bâtir un tel "mur de sanctions" qu'il sera difficile au démocrate de revenir en arrière.

Après avoir passé le week-end en privé avec son épouse Susan à Paris, lors de ce qui ressemble fort à une tournée d'adieux qui ne dit pas son nom, Mike Pompeo a rendu lundi matin un hommage aux victimes des récents attentats perpétrés en France en déposant une gerbe de fleurs devant une statue dédiée dans les jardins de l'Hôtel national des Invalides.

Le secrétaire d'Etat a ensuite rejoint la Turquie, où il ne doit toutefois pas rencontrer de responsables politiques, avant de poursuivre sa tournée en Géorgie, à Jérusalem puis dans le Golfe.

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