Prendre l'avion pour aller nulle part, nouvelle mode touristique en Asie et en Océanie

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FranceSoir
Publié le 24 septembre 2020 - 13:08
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Un avion de la Singapour Airlines
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Roslan RAHMAN / AFP
Un avion de la Singapour Airlines photographié sur le tarmac en juin 2020
Roslan RAHMAN / AFP

Pour faire face à la crise sans précédent que traverse l’aviation mondiale, certaines compagnies aériennes d'Asie et d'Océanie ont inventé les vols « pour nulle part ». Le concept a de quoi laisser pantois, mais il séduit de nombreux voyageurs puisque les billets s’écoulent à vitesse grand V.

Monter à bord d'un avion en classe affaire uniquement pour admirer la vue le temps d'une boucle dans le ciel et revenir à son point de départ : c'est l'expérience que s'arrachent des centaines de voyageurs en mal d'air pressurisé depuis le début de la crise sanitaire. Une idée saugrenues a priori mais qui fait des émules. La Royal Brunei Airlines, compagnie nationale du sultanat de Brunei, petit Etat situé dans le nord de l'île de Bornéo, a par exemple récemment proposé un circuit touristique "Dine & Fly" de 85 minutes : les 99 places disponibles se sont écoulées en 48 heures et l'opération a donc été reconduite ! Selon le magazine Vice qui a interrogé l’un des passagers, tous les billets de classe affaire du vol prévu le 20 septembre avaient déjà été vendus en août.


Pour séduire les clients, les compagnies essaient de proposer de véritables expériences : à Taïwan, Eva Air a affrété l’un de ses jets aux couleurs de Hello Kitty et proposait un vol de 2h45 à une altitude de 20 000 à 25 000 pieds au-dessus de Taïwan et de l’archipel japonais des Ryukyu.

Le 10 octobre, un vol doit décoller de Sydney et survoler plusieurs joyaux d’Océanie, tels que la Grande barrière de corail ou le rocher sacré d’Uluru. Sept heures plus tard, il rejoindra le tarmac de Sydney.

 

Faire voler les aviosn et les pilotes en attendant la reprise
Pour les compagnies, c’est bien sûr une manière de faire rentrer quelques dollars dans les caisses. Mais aussi, justifie l’une d’elle, une occasion de faire voler les avions cloués au sol depuis parfois 6 mois et de s’assurer que les pilotes ne perdent pas la main.

L’idée ne suffira pas à sauver le secteur de l’aviation de la plus grande crise qu'il n'ait jamais traversé. Le nombre de vols réguliers à travers le monde a chuté de 48% pour la semaine du 21 septembre par rapport à la même période de 2019. A Singapour, où il n'y a pas de vols intérieurs, la principale compagnie a vu ses vols chuter de 98,2%... En juin, les pertes du secteur étaient estimées, pour 2020, à plus de 84 milliards de dollars par l’Association internationale du transport aérien. Et le retour à une situation normale n'est pas prévu avant 2024.

Si de nombreuses compagnies européennes ont reçu des aides gouvernementales pour éviter la catastrophe économique et sociale, d’autres ont déjà déposé le bilan. C’est notamment le cas de Virgin Atlantic  et de Thai Airways.

Bien sûr, ces vols pour nulle part font bondir les associations écologistes, notamment à Singapour. Bien conscientes, cependant, de l’incontournable besoin pour les compagnies aériennes de trouver des solutions, certaines ont lancé un appel à contributions citoyennes afin de faire émerger des contre-propositions qui permettront aux entreprises de générer des revenus sans pour autant brûler du kérosène par des avions sans destination.

A lire aussi : Les aéroports en difficulté : à Paris, vers une baisse de 10% des effectifs ?

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