A Rennes, un atelier pour apprendre à "se réparer" espère essaimer dans le monde

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Par AFP
Publié le 06 avril 2017 - 14:21
Mis à jour le 07 avril 2017 - 11:25
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Nicolas Huchet (g) porte un prototype de main "bionique" alors qu'il serre la main de son collègue Y
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Nicolas Huchet (g) porte un prototype de main "bionique" alors qu'il serre la main de son collègue Yohann Veron, le 22 février 2017 à Rennes
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Des imprimantes 3D, un poste de soudure, des kits d'électronique et des mains dignes de Terminator, le tout combiné à une dose de logiciel libre... A Rennes, le "Humanlab" permet à toute personne souffrant d'un handicap d'apprendre à "se réparer soi-même".

Amputé en 2002 de l'avant-bras droit suite à un accident du travail, Nicolas Huchet, 33 ans, est à l'origine de ce "laboratoire humain" ouvert il y a trois mois sur le modèle des fablabs (laboratoires de fabrication numérique ouverts au public, NDLR).

"Bionico", son surnom, est d'abord célèbre pour son prototype de main "bionique" bon marché, une prothèse commandée par des capteurs musculaires qu'il a conçue en collaboration avec un sculpteur et le fablab de Rennes. L'initiative lui a valu en 2015 d'être reconnu meilleur jeune "innovateur social de l'année" par le MIT (Institut de technologie du Massachusetts).

Après avoir porté pendant dix ans la même prothèse "qui n'évoluait pas", ne pouvant bouger que le pouce, ce Rennais d'adoption se lance dans la fabrication d'une prothèse "maison" grâce à l'impression 3D, déjà en plein essor en chirurgie. "Il y avait bien des modèles commerciaux, mais à 40.000 euros, une barrière financière énorme", raconte-t-il à l'AFP.

En 2012, Nicolas Huchet voit pour la première fois une imprimante 3D à Rennes: c'est le déclic. "Avec le fablab, on a discuté de la possibilité d'imprimer une main. Sur un site d'impression 3D, on a trouvé une main robot commandée par ordinateur, puis on a fait en sorte que je puisse la commander", résume-t-il.

"C'est un mélange de récup et de high-tech, avec des bouts de ferraille, du fil de pêche et une boîte de chocolat en poudre d'un côté, et des composants imprimés en 3D à partir de plans en +open source+ de l'autre (employant des technologies libres de droits, ndlr)", rapporte-t-il. Le tout à moins de 1.000 euros.

- 'S'auto-réparer' -

Mais pas question d'en rester là. En 2014, l'association My Human Kit (MHK) voit le jour pour faire aboutir ce projet. L'année suivante, Nicolas lève près d'un million d'euros. Puis vient le "Humanlab", cet atelier de fabrication numérique dédié à la santé, qui, outre cinq projets clés, dont celui d'un fauteuil roulant électrique réplicable, veut permettre aux personnes souffrant d'un handicap de "s'auto-réparer".

"On s'est dit que si un mec pouvait apprendre à se réparer en fédérant des gens autour de lui, ce serait génial", assure le jeune homme.

Nicolas Kraszewski, 38 ans, a perdu sa jambe et son bras gauches dans un accident. Depuis un an et demi, il travaille à la conception d'une prothèse de bras, très rare dans le commerce. Après avoir créé l'ossature métallique, il cherche un accompagnement pour la partie électronique. "Je veux créer un appareillage pour moi et les autres, qui soit accessible en +open-source+", explique-t-il.

Mathilde Fuchs, en fauteuil roulant, travaille elle à un projet d'appui-tête qui permette de tourner la tête.

Inventer des solutions nouvelles pour les mettre à disposition de tous, répliquer des solutions déjà existantes en les adaptant... A terme, l'équipe du Humanlab aimerait essaimer "pour qu'une personne en Inde, au Burkina, puisse se fabriquer sa prothèse grâce au réseau des fablabs".

En France comme à l'étranger, des initiatives voient le jour, et les ONG se disent intéressées. "Très peu de patients ont accès à la prothèse, souligne Clara Nordon, de la fondation MSF. C'est intéressant de voir comment on peut passer de solutions lourdes et coûteuses à une réponse alternative."

Handicap International a ainsi un projet de fablab en Bolivie qui vise à fabriquer des objets de la vie quotidienne pour les handicapés. "Les fablabs montent en puissance, y compris dans les pays en développement, explique Isabelle Urseau, de Handicap International.

L'impression 3D est une nouvelle façon de travailler, elle propose quelque chose d'utilisable à plus grande échelle pour beaucoup de personnes". L'ONG teste aussi la fabrication à distance, avec des orthopédistes, de prothèses en 3D pour la Syrie.

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