Les personnes déprimées verraient moins bien les couleurs
"Voir la vie en rose", "broyer du noir"… Ces expressions galvaudées auraient-elles une explication scientifique? Selon une étude américaine parue dans la revue Psycological Science, "notre humeur et nos émotions peuvent affecter la façon dont nous voyons le monde autour de nous", les personnes déprimées étant moins sensibles aux couleurs que les autres.
Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de l'Université de Rochester ont sélectionné 127 participants, d'âge, de sexe, et de milieux sociaux différents. Tour à tour, ces derniers ont dû regarder une scène de film censée engendrer des sentiments tristes (extraite du dessin-animé Disney Le Roi lion) et une vidéo de divertissement censée engendrer des sentiments heureux.
Les chercheurs ont alors réalisé que les participants sous le coup d'une émotion négative étaient moins précis dans l'identification des couleurs que les autres. Ils avaient notamment du mal à distinguer les couleurs situées sur l'axe bleu-jaune.
"Ces résultats ne sont pas liés à des différences au niveau de l'effort, de l'attention ou de l'engagement des participants à accomplir cette tâche", précisent les chercheurs." Nos travaux suggèrent donc que la tristesse est spécifiquement responsable de différences dans la perception des couleurs".
Quel mécanisme cérébral provoque donc cet étrange phénomène? "Des travaux antérieurs ont mis en évidence le fait que la perception des nuances de bleu et de jaune est liée à la sécrétion d'un neurotransmetteur, la dopamine", poursuivent les chercheurs. Surnommée l'hormone du bien-être, la dopamine est donc davantage sécrétée quand une personne est heureuse que quand elle est triste. "La tristesse affecte ainsi spécifiquement des processus visuels cérébraux qui sont impliqués dans la perception de certaines couleur", expliquent-ils encore.
"Notre humeur et nos émotions peuvent affecter la façon dont nous voyons le monde autour de nous", ajoute le Dr. Christopher Thorstenson, psychologue et principal auteur de l'étude, dans un communiqué, rappelant que d'autres travaux menés dans le passé avaient d'ailleurs démontré que l'état d'esprit d'une personne pouvait modifier sa perception de l'espace et des formes.
Concernant ces nouveaux travaux sur les couleurs, il espère qu'ils "pourront peut-être permettre, à terme, une meilleure prise en charge des personnes atteintes de dépression". Toutefois, "c'est nouveau et nous devons prendre du temps pour déterminer la fiabilité et la généralisation de ce phénomène avant d'aller plus loin", nuance-t-il.
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